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L'oeuvre de Ungaretti

Publié le 23/05/2020

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UNGARETTI Giuseppe. Poète italien. Né à Alexandrie (Egypte) le 10 février 1888, mort à Milan le 3 juin 1970. Issu d’une famille toscane émigrée, il sera partiellement francophone dans ses premières études, et c’est tout naturellement qu’à l’occasion de son accession aux études universitaires, il s’installe dès 1910 à Paris, y suivant les cours de Lanson à la Sorbonne, de Bédier et de Bergson au Collège de France, tout en fréquentant la jeunesse intellectuelle de l’époque. Ces deux initiations tiendront un grand rôle dans sa démarche poétique, dès ses débuts et, comme il aura l’occasion de le préciser en 1919, « je connaissais Baudelaire aussi bien que Mallarmé et Rimbaud, Laforgue et bien d’autres au moment où il n’y avait qu'ignorance à leur propos en Italie, il y a plus de quinze ans ». Au reste, mobilisé en 1915, il fait la guerre en Italie mais aussi en France même (sur le front de Champagne), il reviendra à Paris après la guerre et conservera par la suite, après son retour définitif à Rome, des liens étroits avec ses amis français, notamment Paulhan et Crémieux, collaborant à la Nouvelle Revue Française et à Commerce, puis, pendant les années 30, faisant partie du comité de direction de Mesures. Dès ses débuts, c’est donc, par les poèmes du Port enseveli (imprimé à 60 exemplaires dans la « zone des opérations »), une voix neuve qui se fait entendre, étrangère à la problématique de la poésie italienne, qui dépasse toutes les tentatives de réaction contre le « dannunzianisme » régnant, qu’il s’agisse d’un futurisme à bout de souffle ou du « crépuscularisme » dans la lancée de Pascoli. La concision et la ferveur mallarméennes d’Ungaretti imposent aussitôt son nom (notons que la première réimpression des poèmes du Port enseveli, en 1923, paraît avec une préface de Mussolini), et pendant plus d’une décennie, il est le héraut d’une renaissance poétique qui sera animée par le grand quatuor de l’entre-deux-guerres (Montale, puis Saba et Quasimodo venant s’ajouter à Ungaretti). Son œuvre, exemplaire, s’articule pour l’essentiel dans Les Cinq Livres, réunis en 1953 — deux ans auparavant déjà, Jean Chuzeville avait rassemblé ses remarquables traductions françaises sous le titre de La Vie d’un homme — : à savoir, L’Allégresse [1914-1919, comprenant donc, entre autres, Le Port enseveli], Le Sentiment du temps (1919-1937), La Douleur (1937-1940), La Terre promise (1947-1950), enfin Un cri et des paysages (1950-1954). Il importe, dans cette œuvre peu copieuse mais d’une densité extrême — où l’auteur vit dans une confrontation constante avec ce qu’il nomme «l’essentiel», un absolu qu’il invoque ouvertement — d’insister sur le fait dramatique qui la bouleverse : la mort de son fils, en 1937 qui commence par lui inspirer la plainte déchirante, « d’une lecture presque insoutenable » dit Jean Lescure, du poème Tu as crié j’étouffe [1951], et qui formera le tissu de La Douleur. Pour compléter la description générale de la vie et de l’œuvre d’Ungaretti, ajoutons qu’il est nommé en 1936 professeur de littérature italienne à l’Université de Sâo Paulo (Brésil), nouvelle émigration qui se prolongera jusqu’en 1943, et qu’à son retour en Italie, il est nommé professeur à l’Université de Rome. C’est aussi le temps où il entreprend une œuvre importante de traducteur (sonnets de Shakespeare, œuvres de Gongora, Racine, Blake, Mallarmé et même d’Essenine). Longtemps dédaignée par lui, la prose sera davantage pratiquée dans ses dernières années, avec des études sur la peinture, notamment sur Fautrier, ainsi que dans Le Pauvre dans la ville [1949], et Le Calepin du vieillard [Il Taccuino del vecchio, 1960], et d’autre part, avec les souvenirs et reportages iourna-listiques de A partir du désert (1901). Considéré pendant la première décennie de sa production rare, comme le rénovateur de la poésie italienne, confiné dans un « splendide isolement » dominé par « un sens aigu de la pause et du silence » (F. Momigliano), la leçon de Mallarmé reste pour lui constamment et délibérément présente, dans la quête de quelque absolu. Rien ne l’éclaire mieux que son fameux et si bref poème : « M’illumino/d’immenso », devenu finalement populaire, distyque d’une plénitude musicale et idéale que la traduction restitue mal : « Je m’illumine/ d’immensité... » Ungaretti reste marqué dans son projet par sa double qualité d’émigré (Egypte, France), qui fait de lui tout d’abord, curieusement, un exilé dans son propre pays. Si bien que lorsque d’autres poètes ayant surgi pendant la décennie suivante, on cherche à définir l’orientation de la poésie nouvelle par le terme d’hermétisme, il prend aussitôt figure de précurseur. Qu’était-ce donc que ce fabuleux « hermétisme » ? D’après L. Anceschi, l’un des critiques qui ont essayé d’en cerner le concept, c’est « l’expression d’un certain climat et de certaines motivations du temps moral... de quelque « clôture des formes » et de quelque « clôture de l’homme », dans une réalité rugueuse et brisée qui ne parvient pas à trouver sa signification ». En fait, exprimé en termes moins graves, c’est tout bonnement une manière d'être hermétique, un vague ésotérisme poétique qui rassemble des poètes extrêmement différents, chacun apportant, comme dans la célèbre auberge espagnole, sa propre singularité. Pour Ungaretti, dans sa condition, naturelle, d’exilé sur la terre et, acquise, d’exilé dans sa patrie, c’est le dessein de rompre tant avec les outrances verbales régnantes (d’Annunzio, futurisme) qu’avec l’appauvrissement délibéré de l’inspiration et de l'expression (de Pascoli aux « crépusculaires »). De là, un projet formel rigoureux, le même que celui où (dans un tout autre contexte et bien plus tard), on verra s’engager un René Char. Ungaretti lui-même a écrit à propos de la peinture, les lignes révélatrices suivantes : « J’ai toujours pensé que l’on devait dire grands peintres ceux qui savent se servir du blanc : c’est une couleur qui a toutes les voix; une touche de blanc fait hurler le tableau, une autre le fait rire comme une demoiselle de la Cour. Quand, dans un tableau, ou dans un poème, le blanc parvient à éclairer le sens profond des paroles, que l’on soit peintre ou poète, on n’a plus rien à apprendre. » De ce processus (qui peut aisément se muer en procédé...), l’œuvre poétique d’Ungaretti offre des exemples nombreux et éclatants, qui vont à l’occasion jusqu’à l’éclipse radicale du haïku, avec, en filigrane, le pessimisme héroïque qui marque « l’allégresse des naufragés » : « La mort/ s’escompte/en vivant... » et qui, brisant tout « hermétisme » au moment poignant de la « douleur », va donner à la voix du poète sa pureté finale : « Toute autre voix comme un écho s’efface/depuis qu’il en est une qui m’appelle/du haut des immortelles cimes. »

« L' œ uvre de Ungaretti. »

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