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"L'obéissance au devoir est une résistance à soi- même." Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion. Commentez cette citation.

Publié le 16/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : "L'obéissance au devoir est une résistance à soi- même." Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion. Commentez cette citation. Ce document contient 2692 mots soit 6 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Citation.

« Analyse du sujet - Les inventeurs du régime républicain, les grecs, eurent à défendre leurs cités contre une invasion par l'Empireperse.

De cette guerre, la bataille des Thermopyles est demeurées célèbre : trois cents spartiates, pour n'avoir pasfui, périrent en tentant de stopper pendant deux jours l'avancée de dizaines de milliers de soldats ennemis.

Sur lelieu de leur mort, leur épitaphe était : « Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts d'obéir à ses lois.

»- Ils ont montré ainsi que le sens du devoir peut-être plus fort que la volonté de vivre ; on peut célébrer leurgloire et leur amour de la liberté, mais on peut déplorer qu'un prétendu devoir les ait envoyés à une mort certaine.S'ils avaient eu le choix, peut-on penser, ils auraient probablement préféré vivre ; le devoir a eu raison de leur bonsens, et de leur libre choix.

L'obéissance au devoir est-elle toujours synonyme de résistance à soi, c'est-à-dire derésistance contre sa volonté propre, a fortiori contre sa propre liberté. Problématique Peut-on, en droit, opposer le vouloir individuel (qui témoigne d'une singularité propre à soi), à la nécessité socialed'obéir ? Tout se passe comme si le sens commun considérait que, là il y a obéissance, il ne peut y avoir expressionde son libre-arbitre, ni, a fortiori, expression de son individualité propre : or c'est précisément cette exclusionspontanée qui doit être ici mise à la question ? Plan I.

Comment comprendre que l'obéissance au devoir est une résistance à soi-même • Bergson remarque que la plupart des obligations et devoirs moraux s'enracinent dans une exigence de la vie ensociété.

La plupart des commandements et des interdictions dans la sphère morale (ou religieuse) sont issus de lasociété.

Bergson s'autorise une analogie (non identité) entre l'être-ensemble des individus dans une société liée,cimentée, unie par des obligations morales, et l'être-ensemble des cellules dans un organisme.

Les individusmoralisés d'une société seraient semblables aux parties d'un organisme vivant.

Cette analogie introduit une identitéde rapports entre l'individu et la société d'une part, les cellules et l'organisme, d'autre part, et non une identitétermes à termes, entre individu et cellule, entre société et organisme.

En philosophie morale, on peut comparer lasociété des individus humains "à un organisme, dont les cellules, unies par d'invisibles liens, se subordonnent lesunes aux autres dans une hiérarchie savante et se plient naturellement, pour le plus grand bien du tout, à unediscipline qui pourra exiger le sacrifice de la partie.

Ce ne sera d'ailleurs là qu'une comparaison, car autre chose estun organisme soumis à des lois nécessaires, autre chose une société constituée par des volontés libres.• L'obligation morale est donc une contrainte ou pression qui s'exerce presque naturellement (par analogie avecles lois naurelles) sur l'homme, dès lors que celui-ci vit en société.

Elle a une puissance en généralincommensurablement supérieure à toute autre force, y compris les forces individuelles.

Mais selon Bergson, pour ledire en termes kantiens, la tendance sociable (force centripète) l'emporte en général dans l'individu sur lestendances insociables, égoïstes-individualistes (force centrifuge, qui à la limite arracherait l'individu à toutecommunauté humaine).

L'appartenance au tout social, que renforce le langage (dont Bergson souligne la puissanceuniversalisante), avant Sartre).• Grâce aux obligations morales qu'engendre la société, la société se conserve elle-même et nourrit la forcecentripète d'agréagtion-association entre les individus, faisant contrepoids aux forces de dissolution du lien social etd'individualisme radical (anarchisme).

« Le collectif vient ainsi renforcer le singulier »: la société assure la survie del'individu et sa propre survie (sociabilité) grâce aux obligations morales et religieuses qu'elle produit.

Le plus souventles exigences morales sociales (de sociabilité) sont immanentes à chaque individu singulier, de sorte que toutindividu en ressent la pression sur ses actes.

La vie sociale impose ainsi un ordre qui, quoique librement voulu par leshommes, est semblable à l'organisation cellulaire d'un organisme soumis à la loi de causalité nécessaire de la naturephysique.

L'individu se conforme aux lois morales et sociales comme la cellule se conforme aux lois de la nature, saufque dans le premier cas l'obéissance est librement consentie, alors qu'elle est subie passivement dans le secondcas.

Il en résulte qu'une infraction à l'ordre moral social est ressentie comme un événement exceptionnel et anti-naturel.• L'ordre social auquel obéit l'individu serait ainsi une imitation de l'ordre naturel.

L'individu qui appartient à unesociété peut briser temporairement le lien qui le rattache à la société, par exemple en commettant un crime, mais cecas demeure très exceptionnel.

Presque naturellement et mécaniquement, il finira par réinstaurer d'une manière oud'une autre le lien social, car se couper de toute société humaine possible, c'est se couper de soi-même, car en unsens la société, c'est l'individu et inversement.

L'individu ne peut vivre sans la société (même thèse chez Sartre etArendt).

L'individu qui s'arrache de lui-même (par son crime par exemple) ou qui est arraché de force (comme parexemple dans le totalitarisme politique décrit par Arendt) à la société ne peut guère se maintenir longtemps.L'individu sans le tissu social organique auquel il appartient meurt.• L'individu peut briser ou infléchir ponctuellement la loi sociale des obligations morales (commettre un crime, unvol, un inceste) ; il est en général presque immédiatement rattrapé par la loi sociale, comme une celluledéfectueuse, s'isolant de l'organisme, serait rattrapée par la loi naturelle et combattue.

L'individu comporte en luiune part sociale aussi importante, voire plus importante, que sa part d'individualité singulière. II.

Le moi social est l'aiguillon du moi individuel • C'est dans ce contexte que Bergson opère sa célèbre distinction entre moi individuel profond et moi social. »

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