Les ennemis de Boileau : Cotin, Boursault, Pradon, etc., lui ont violemment reproché d'avoir choisi le plus misérable des métiers, celui de satirique. Boileau s'est justifié dans la satire IX, A son esprit, où il démontre qu'il a toujours épargné les personnes, la vie privée; mais que c'est son droit et même son devoir, puisque c'est son tempérament, de dénoncer les méchants écrivains. Que pensez-vous de cette justification ?
Publié le 09/12/2021
                            
                        
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                                                                    Boileau s'est justifié dans la satire IX, A son esprit, où il démontre qu'il a toujoursépargné les personnes, la vie privée; mais que c'est son droit et même son devoir, puisque c'est son tempérament,de dénoncer les méchants écrivains.
                                                            
                                                                                
                                                                    Que pensez-vous de cette justification?
Le sujet peut être conçu soit comme un « sujet général » : quels sont les droits de la critique littéraire? soit commeune étude limitée ,i Boileau : la justification convient-elle à Boileau? Nous nous en tiendrons ,i la discussion limitée,qui, dans tous les cas, devrait précéder la discussion générale ou y intervenir.Dissertation polémique où la meilleure méthode sera d'envisager successivement ce qui est favorable à Boileau et cequi peut lui être défavorable.
                                                            
                                                                                
                                                                    Attaques personnelles, touchant à la vie privée : Boileau n'a effectivement dit aucunmal, à cet égard, de Chapelain, de Cotin, de Quinault, de Pradon, à qui d'ailleurs on ne pouvait rien reprocher sanscalomnie; ni de Scudéry ou de Boursault dont les ridicules et les défauts personnels étaient notoires, connus detous.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais il a fait allusion à la vie de bohème, souvent miséreuse, de Saint-Amant; il nous a montré Colletet «crottéjusqu'à l'échiné — allant chercher son pain de cuisine en cuisine »; Colletet était fort pauvre, mais n'avait pas étéun parasite; sa misère était peu discrète, mais il était d'autant plus indiscret d'en parler que Boileau avait fréquentéla maison de Colletet.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il a fait ironiquement rimer Faret avec cabaret; ironie calomnieuse, car Faret n'avait rien d'univrogne.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il a traité le pâtissier Mignot d'empoisonneur; calomnie gratuite et qui n'a rien à voir avec la littérature.Attaques contre les œuvres  littéraires.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette critique  littéraire,  pour être justifiée,  doit, en principe  : 1°  êtredésintéressée, ne pas servir des intérêts et rancunes personnels; 2° avoir un certain degré de justesse, ne pasmépriser des œuvres de valeur, louer des médiocres; 3° avoir une certaine tenue, éviter les excès de langage.
                                                            
                                                                        
                                                                    Onpeut dire que, dans l'ensemble, la critique de Boileau a bien ces caractères.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'il raille Chapelain, Cotin, Scudéry,Quinault,  Pradon, c'est sincèrement,  parce qu'il juge  leurs  œuvres médiocres  et leur  influence  néfaste.
                                                            
                                                                                
                                                                    Presquetoujours il  a fait un discernement  extraordinairement sûr entre les  écrivains de génie et les écrivains médiocres.Presque toujours ses jugements ont été ratifiés par la postérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il admire, comme nous, Corneille, Molière, Racine.On ne lit plus ceux qu'il condamnait : Chapelain, Cotin, Scudéry, Quinault, Pradon.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les termes dans lesquels il railleles écrivains  qu'il n'aime  pas sont  certes  vifs, sarcastiques  ; sa  critique  n'est jamais  courtoise,  enveloppée  deprécautions aimables; mais il ne tombe jamais dans la critique brutale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il y a pourtant quelques réserves à faire : il aeu une admiration que nous trouvons exagérée pour Voiture et pour Racan (« Racan pourrait chanter à défaut d'unHomère »).
                                                            
                                                                                
                                                                    Il n'a rien dit de La Fontaine; et quelques raisons qu'on donne, cet oubli est étrange.
                                                            
                                                                                
                                                                    Surtout sa critiquen'est pas toujours rigoureusement désintéressée.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans les éditions successives de ses œuvres, certains noms depoètes dont il se moque, d'ailleurs en passant, sont changés (par exemple ceux de Mauroy ou de Boursault), et l'onpeut prouver que le changement est dû à des raisons personnelles.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il a avoué qu'il avait cité tel nom, tel ouvrage,sur le titre, sans l'avoir lu.Il sera intéressant de tenter une explication ou justification.
                                                            
                                                                                
                                                                    Assurément Boileau est un homme, avec des défautsd'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il n'est pas d'humeur aimable et conciliante; il a des préventions et des rancunes ; il prend plaisir à semoquer pour se moquer, à être craint.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais son excuse et son mérite, c'est que, même avec ses excès, sa satireest non seulement infiniment plus clairvoyante, mais infiniment plus mesurée, plus discrète que celle de la plupart deses contemporains.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'injure, la calomnie personnelle, souvent haineuses, sont le ton habituel de Scudéry, de Cotin,de Boursault, de Visé, etc..
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