Lecture linéaire « Une dispute en exposition », extrait du Misanthrope de Molière
Publié le 06/06/2025
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«
Lecture linéaire « Une dispute en exposition »
Extrait du Misanthrope de Molière
Introduction
Le titre de la pièce de Molière Le Misanthrope, jouée en 1666, désigne le héros de l’oeuvre nommé Alceste.
Il représente le
personnage-type, comme le suggère l’emploi de l’article défini, de l’homme haïssant l’humanité.
La comédie classique a pour but
de divertir, mais aussi de dénoncer les vices humains, comme le primat accordé au paraitre dans la société.
Cette scène d’exposition
permet de présenter le caractère d’Alceste par le biais d’une dispute avec son ami Philinte, auquel il reproche son hypocrisie
sociale.
Nous verrons en quoi cette dispute enclenche une intrigue qui dénonce les faux-semblants de la société.
Dans le premier
mouvement, nous étudierons l’émergence du conflit, puis nous analyserons la remise en question de l’amitié, ce qui nous permettra
d’étudier deux visions opposées des relations sociales.
Premier mouvement : L’émergence du conflit
La scène débute in medias res, c’est-à-dire directement.
En effet, le dialogue s’ouvre sur les questions de Philinte enquêtant sur
l’attitude de son ami, comme si le spectateur surprenait leur conversation en cours : « Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ? »
constituant le premier hémistiche du vers.
Le caractère indéterminé de l’objet du questionnement suscite la curiosité du spectateur.
Cependant, la réaction d’Alceste n’apporte pas de réponse, puisqu’il cherche uniquement à repousser son ami comme le montre
l’impératif : « Laissez-moi, je vous prie ».
Ce rejet révèle le caractère solitaire d’Alceste.
Philinte réitère sa demande malgré le refus d’Alceste ce qui met en place une première forme de rupture marquée par la conjonction
de coordination et les points de suspension « Mais » : « mais, encor, dites-moi quelle bizarrerie… ».
Les stichomythies soulignent
la vivacité de l’échange, mais aussi l’affrontement naissant entre les deux personnages.
En effet, Alceste répète la même formule : «
Laissez-moi » en accentuant la rupture par les indications spatiales évoquant la prise de distance avec l’adverbe « là » et le verbe de
mouvement au présent d’énonciation « courez vous cacher ».
• Les répliques mettent donc progressivement en place la querelle théâtrale révélant l’opposition entre les deux personnages sur
laquelle repose le comique de la scène.
Philinte, calme et mesuré, cherche à comprendre Alceste qui reste buté sur son refus de
s’expliquer.
Le chiasme des vers 4 et 5 « Mais on entend les gens, sans se fâcher.
/ Moi, je veux me fâcher, et ne veut point
entendre » illustre cette opposition entre les deux caractères : Philinte rappelle au présent de vérité générale le bon sens et prône
l’apaisement, alors qu’Alceste avec l’anaphore du verbe de volonté révèle son caractère dominateur et querelleur.
On remarquera le
contraste entre le pronom « on » plus inclusif et l’isolement volontaire d’Alceste rendu par le pronom « moi » confirmé par
l’emploi de la négation des propos de Philinte.
Bilan/transition : ce premier mouvement constitue la mise en place du conflit entre Philinte et Alceste et laisse apparaitre leur
caractère à travers l’enchainement des répliques.
Deuxième mouvement :
La remise en question de l’amitié
Face à l’obstination d’Alceste représentée par l’adjectif « brusques », Philinte montre son impuissance comme le révèle la négation
du vers 6 : « Dans vos brusques chagrins, je ne puis vous comprendre ».
La concessive marquée par la conjonction de subordination
« quoique » vise à rappeler le lien qui les lie, mais suggère aussi un malaise comme le montre l’interruption par Alceste de cette
déclaration.
La réplique d’Alceste remet en question cette relation : « moi, votre ami ? » ce qui est accentué par l’impératif « Rayez cela de vos
papiers ».
Le rythme fragmenté du vers souligne le trouble d’Alceste.
Il concède : « j’ai fait jusques ici, profession de l’être », mais
l’emploi du passé composé montre que ce temps est révolu.
L’explication demandée par Philinte dans les premières répliques ne trouve sa manifestation que plusieurs vers plus tard.
C’est un
évènement antérieur, comme le montre la locution conjonctive et la périphrase : « après ce qu’en vous je viens de voir paraitre ».
L’emploi de l’adversatif « mais » signale que cette attitude est réprouvée par Alceste ce qui est confirmée par la rupture qu’il
formule.
Le lexique de la vue avec les verbes « vois » et « paraitre » suggère la raison du conflit.
C’est le comportement de Philinte
qui est à l’origine de la dispute.
La parole prend un tour performatif en verbalisant la rupture par la négation « Je vous déclare net,
que je ne le suis plus » en précisant que cette distance est fondée sur un jugement moral, comme le montre l’adjectif « corrompus »
désignant les « coeurs » dont celui de Philinte fait partie.
Bilan/transition : si Philinte légitime son inquiétude par son amitié, cet argument va déclencher la rupture avec Alceste qui a été le
témoin du comportement hypocrite de son ami.
Troisième mouvement :
Deux visions opposées des relations sociales
L’interrogation de Philinte exprime sa surprise à la remise en question de leur amitié, entrainant par conséquent, comme le montre
l’emploi de la conjonction « donc »....
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