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Lecture linéaire du prologue de Juste la fin du monde - pistes d'analyses

Publié le 26/03/2024

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« Lecture analytique n°1 Juste la fin du monde – Prologue Éléments d'introduction – Présence du prologue – rappelle la structure des tragédies grecques – Louis annonce seul en scène dans un monologue son objectif : retourner dans sa famille après une longue absence et lui annoncer qu'il va mourir – Mise en page du monologue – constitué d'une seule phrase, étalée sur plusieurs vers morcelés, éclatés, comme pour figurer la difficulté de l'entreprise que Louis va mener Problématique : En quoi ce prologue original exprime la difficulté de l'entreprise de Louis ? Tout d'abord, nous verrons en quoi ce prologue constitue une exposition narrative et introspective.

Puis nous analyserons comment Lagarce formule la raison du retour de Louis dans sa famille.

Enfin, l'on terminera par un commentaire de la remise en question finale de Louis sur son projet. I.

Un exposition narrative et introspective (l.1 « Plus tard » à l.18 « sans espoir jamais de survivre) ➢ Le texte s’ouvre par deux indications temporelles marquées par les compléments circonstanciels de temps : « plus tard, l’année d’après ». ➢ Indications floues puisque rien ne nous indique ce à quoi renvoie l’année d’après. ➢ L.2 « j'allais mourir à mon tour » = information donnée en incise - l’évocation de la mort prochaine du personnage principal, Louis, situe la pièce dans le genre de la tragédie ➢ Deux autres informations suivent : « j’ai près de 34 ans », « c’est à cet âge que je mourrai » (l.3-4).

- futur simple annonce l'impossibilité de Louis d'échapper à son destin = statut de personnage tragique, en proie à la fatalité ➢ Il subit cette situation : « de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire » (l.6), « de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini » (l.8) = Louis dit attendre la mort, ce qui nous laisse penser qu’il souffre d’une maladie et qu’il se sait condamner ➢ « je mourrai à mon tour » - suggère que sa mort succède celle d'un autre personnage – fait s'interroger le spectateur ➢ Énigmatique indication temporelle, « l’année d’après » répétée deux fois via anaphore (l.

5, et 9) sans que l’on sache ce qu’elle recouvre précisément : est-ce l’année après la mort du personnage ? = expression d’une voix d’outre-tombe ? Est-ce l’année d’après l’annonce à la famille ? ➢ Piste possible = Louis, dans ce prologue, reviendrait sur le récit d’événements qui ont déjà eu lieu – se référer à la pièce Le Pays lointain, la dernière de l’auteur, parue en 1995, pour trouver une explication à cette « année d’après » : il s’agirait de l’année après la mort de l’amant de Louis. ➢ Raison de la mort pas explicitement nommée – écho biographique – maladie dont souffrait l’auteur, le Sida – mais jamais mentionnée dans la pièce ➢ Présence de tout un système de répétitions pour essayer d’être le plus précis possible, d’affiner l’idée que souhaite exprimer Louis – urgence du poids du temps pèse sur le personnage confronté à la mort qui approche, à l’urgence de la vie ➢ Urgence d’autant plus pressante que le personnage s’accable avec une accumulation de verbes connotés négativement « ne rien faire », « tricher », « ne plus savoir » (l.5).

L’emploi du verbe « tricher », notamment, est essentiel dans ce prologue : on reprochera en effet à Louis durant toute cette pièce de « tricher ». ➢ L’emploi familier de la forme verbale « en avoir fini » est également très dur pour le personnage - expression familière assez violente et douloureuse qui évoque la mort. ➢ À la ligne 8, l’emploi du pronom « on » (l.8) et de « vous » (l.14) pour évoquer le « danger extrême », ainsi que le verbe « détruire » montrent que Louis sort de l’expérience personnelle pour passer à un cas général = essayer de bien faire comprendre l’ampleur de la tâche qui l’attend. ➢ Comparaison avec le « danger extrême » (l.12) confirme cette idée de mission fatidique ➢ Champ lexical de la précision, voire de la délicatesse avec « à peine », adverbe « imperceptiblement », « sans faire de bruit » en antithèse avec la violence du « danger extrême » et du « geste trop violent ». = Nécessité d’agir mais de manière calme, = éviter la catastrophe qui serait de « réveiller l’ennemi ». ➢ Question - l’identité de l’ennemi est à éclaircir : s’agit-il de la maladie, que des émotions trop vives pourraient réveiller ? Est-ce la famille au-devant de laquelle Louis a peur d’aller ? ➢ Louis est obligé de faire cela, de « prendre ce risque » – véritable exploit de héros tragique = « malgré tout » (l.16) et répété l.19 synthétise cette obligation + « la peur » (l.17) + aucune issue, aucune échappatoire soulignée par la ligne 18 « sans espoir jamais de survivre » - emploi du verbe « survivre » la préposition « sans » et de l'adverbe « jamais » renforce cette fatalité, mais aussi la violence que redoute Louis Après l'annonce au spectateur de sa mort prochaine, via une voix qui semble surgir d'outre tombe, Louis expose ensuite son projet dans le second mouvement du texte. II.

L’annonce d’un projet personnel et la raison du retour (l.19 « plus tard » à l.32 « unique messager ») ➢ Répétition de « malgré tout » et de « l'année d'après » = insiste encore sur le caractère inévitable de la mission de Louis ➢ On apprend qu'à la ligne 21 quel est son objectif - « je décidai de retourner les voir » - Expression d’une volonté « je décidai » en lien logique avec les.... »

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