Lecture linéaire-De La cour – Livre 8 – Les Caractères - La Bruyère 1688

« Lecture linéaire-De La cour – Livre 8 – Les Caractères - La Bruyère 1688 L’on parle d’une région où les vieillards sont galants, polis et civils ; les jeunes gens au contraire, durs, féroces, sans mœurs ni politesse : ils se trouvent affranchis de la passion des femmes dans un âge où l’on commence ailleurs à la sentir ; ils leur préfèrent des repas, des viandes, et des amours ridicules.

Celui-là chez eux est sobre et modéré, qui ne s’enivre que de vin : l’usage trop fréquent qu’ils en ont fait le leur a rendu insipide ; ils cherchent à réveiller leur goût déjà éteint par des eaux-de-vie, et par toutes les liqueurs les plus violentes ; il ne manque à leur débauche que de boire de l’eau-forte.

Les femmes du pays précipitent le déclin de leur beauté par des artifices qu’elles croient servir à les rendre belles : leur coutume est de peindre leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules, qu’elles étalent avec leur gorge, leurs bras et leurs oreilles, comme si elles craignaient de cacher l’endroit par où elles pourraient plaire, ou de ne pas se montrer assez. Ceux qui habitent cette contrée ont une physionomie qui n’est pas nette, mais confuse, embarrassée dans une épaisseur de cheveux étrangers, qu’ils préfèrent aux naturels et dont ils font un long tissu pour couvrir leur tête : il descend à la moitié du corps, change les traits, et empêche qu’on ne connaisse les hommes à leur visage.

Ces peuples d’ailleurs ont leur Dieu et leur roi : les grands de la nation s’assemblent tous les jours, à une certaine heure, dans un temple qu’ils nomment église ; il y a au fond de ce temple un autel consacré à leur Dieu, où un prêtre célèbre des mystères qu’ils appellent saints, sacrés et redoutables ; les grands forment un vaste cercle au pied de cet autel, et paraissent debout, le dos tourné directement au prêtre et aux saints mystères, et les faces élevées vers leur roi, que l’on voit à genoux sur une tribune, et à qui ils semblent avoir tout l’esprit et tout le cœur appliqués.

On ne laisse pas de voir dans cet usage une espèce de subordination ; car ce peuple paraît adorer le prince, et le prince adorer Dieu.

Les gens du pays le nomment *** ; il est à quelque quarante-huit degrés d’élévation du pôle, et à plus d’onze cents lieues de mer des Iroquois et des Hurons. ① Introduction : - Extrait du livre Les Caractères, Ecrit en 1688, par La bruyère, moraliste du 17è siècle Inspirée du philosophe grec Théophraste Au travers des caractères, LB dépeint, sous forme de maximes, de portraits, de remarques, la Comédie sociale de la société et notamment de la cour du roi Louis 14.

Il donne une analyse grinçante des mœurs de la cours et des relations sociales à cette époque. Dans cette remarque 74, LB porte plus précisément un regard sur les courtisans. ③ Problématique : Comment, au travers d’un regard étranger, LB propose une satire des courtisans ④ Plan : L’extrait se décompose en 3 mouvements : - Les hommes et leurs mœurs dissolus Les artifices de la mode pour paraitre ou cacher Ambiguïté envers la religion Mouvement 1 : -Les hommes et leurs mœurs dissolus Intro Citations Figures de style Commentaire LB parle des hommes et en premier des vieillards les vieillards sont galants, polis et civils énumération d’adjectifs exprimant des qualités : galants, polis, civils LB semble opposer les jeunes et les vieux avec 2 visions très distinctes : en 3 temps : mode ternaire Puis il présente les jeunes les jeunes gens au contraire, durs, féroces, sans mœurs ni politesse énumération d’adjectifs exprimant des défauts : durs, Les vieux ont une bonne éducation Alors que les jeunes représentent la débauche, n’ont pas d’éducation. féroces, sans mœurs ni politesse : hyperbole Puis il continue en soulignant leurs vices Ils leur préfèrent des repas, des viandes, et des amours ridicules.

Celui-là chez eux est sobre et modéré, qui ne s’enivre que de vin : l’usage trop fréquent qu’ils en ont fait le leur a rendu insipide Champ lexical sur la bonne l’alcool, l’ivresse Répétition du pronom Ils LB propose une satire de la jeunesse et met l’accent sur la débauche et l’alcoolisme. Des mœurs faites d’excès Mouvement 2 : les artifices de la mode pour paraitre ou cacher LB poursuit sur le portrait des femmes mais s’attache seulement au physique Les femmes du pays précipitent le déclin de leur beauté par des artifices qu’elles croient servir à les rendre belles Champ lexical négatif : déclin sur le physique : beauté Les femmes sont donc obligées à recourir à des artifices, des fauxsemblants pour paraitre ce qu’elles ne sont plus ou n’ont jamais été. Il continue par une énumération de parties de leur physique peindre leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules, qu’elles étalent avec leur gorge, leurs bras et leurs oreilles Champ lexical sur les descriptions physiques Il focalise la description sur les parties maquillées du corps des femmes. Il termine par la critique.... »