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L'écrivain Michel Leiris, dans la préface de son autobiographie L'Âge d'homme, écrit qu'il essaie de trouver dans le lecteur « moins un juge qu'un complice».Pensez-vous que Rousseau cherche à établir, dans les quatre premiers livres des Confessions, le même type de relation avec son lecteur ?

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : L'écrivain Michel Leiris, dans la préface de son autobiographie L'Âge d'homme, écrit qu'il essaie de trouver dans le lecteur « moins un juge qu'un complice».Pensez-vous que Rousseau cherche à établir, dans les quatre premiers livres des Confessions, le même type de relation avec son lecteur ? Ce document contient 1572 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« [Introduction] Rousseau veut montrer, dans les Confessions, « un homme dans toute la vérité de la nature ».

Il va tracer le parcours de sa vie, en essayant d'être le plus précis possible, le plus près possible de la vérité, jusqu'au moindre détail.

Qui alors le connaîtra mieux que son lecteur, spectateur privilégié de sa vie? Une complicité, un lien particulierva donc se créer entre l'auteur et son lecteur.

Pourtant, ce lien demeurera ambigu, car l'objectif de l'oeuvre estdouble : il faut se peindre, certes mais, surtout, en se « confessant », l'auteur attend le verdict : il a besoin qu'onle juge, et, avant tout, qu'on lui pardonne. Michel Leiris, écrivain et auteur d'une oeuvre autobiographique, L'Âge d'homme, analyse le rapport qui se crée, dans ce cadre, entre lecteur et auteur, et écrit qu'il cherche à nouer des relations de complicité, et non trouver un jugeen la personne du lecteur.

Pourrait-on appliquer ce souhait à Rousseau? Les Confessions présentent en effet des aspirations contradictoires.

Mais, entre lecteur et écrivain, une forme de complicité s'établit, même si ce dernier ressent cependant fortement le besoin d'être jugé. [Des aspirations contradictoires] L'auteur des Confessions est avant tout partagé entre la nécessité qu'il y a pour lui de se livrer tel qu'il est, sans rien dissimuler au lecteur, et la difficulté de cette entreprise. La première exigence de l'écrivain est d'abord une exigence de transparence: il ne faut rien omettre, riendissimuler, tout doit être connu du lecteur.

Rousseau, en s'adressant à celui qu'il appelle le « souverain juge»(nous y reviendrons ensuite), insiste sur cette transparence : « Voilà ce que j'ai fait [explique-t-il], ce que j'aipensé, ce que je fus.

J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise.

Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté debon [...] ».

Il confirme au lecteur cette volonté en lui rappelant qu'il lui a « promis de [se] peindre tel qu' [ilest] », et il affirme : « je voudrais pouvoir en quelque sorte rendre mon âme transparente aux yeux du lecteur,et pour cela je cherche à la lui montrer sous tous les points de vue, à l'éclairer par tous les jours, à faire ensorte qu'il ne s'y passe pas un mouvement qu'il n'aperçoive, afin qu'il puisse juger par lui-même du principe quiles produit ».

On retrouve ce terme de « juger», ici, à prendre au sens de « considérer », mais qui revientsouvent dans l'oeuvre, avec son sens de « porter une opinion sur ».

Ici, Rousseau veut seulement rappeler aulecteur qu'il ne suffit pas de considérer l'effet, mais l'intention qui se trouve à l'origine de l'action.

Ainsi, unemauvaise action part peut-être d'une bonne intention, ce qui la rend excusable ou, en tout cas, permet à sonauteur d'être compris.

De toutes façons, il se veut totalement honnête envers le lecteur.

Cependant, il seheurte à la difficulté de ce projet : comme il n'est pas possible de tout raconter, des oublis surviennent sans doute.

De fait, le livre IV se clôt sur la seule crainte exprimée par l'auteur au sujet de la réussite de ce projet :il n'a pas peur « de trop dire ou de dire des mensonges, mais c'est de ne pas tout dire ou de taire des vérités».

Rousseau craint donc d'éventuels oublis.

Pour quelle raison cherche-t-il à se peindre le plus honnêtementpossible dans son oeuvre? Comme il se confesse, il va vouloir, au bout du compte, être absous.

Pour cela, ilfaudra ranger le lecteur à sa cause, et s'en faire un complice. [Un lecteur complice] Le sens du mot « complicité » peut varier, selon qu'on envisage le fait que Rousseau se pose en victime pours'attirer la sympathie, la caution, donc la complicité du lecteur; ou le fait que la complicité auteur-lecteur vientde la connaissance parfaite qu'ils ont l'un de l'autre.

Dans tous les cas, le lecteur est finalement déjà complice,dans la mesure où les défauts, les faiblesses que dénonce Rousseau sont celles de tout un chacun. Il paraît évident que Rousseau veuille s'attirer la sympathie du lecteur, et donc instaurer une forme decomplicité entre eux, en se présentant comme une victime, même et surtout lorsqu'il clame sa culpabilité.

C'est par ce procédé qu'il excuse le vol desasperges, lorsqu'il était apprenti : c'est son naturel aimable qui l'a poussé au vice, et il a finalement étémanipulé parce qu'il était trop innocent.

De fait, il annonce au début de ce récit, pour mettre le lecteur dansde bonnes dispositions au départ (il cherche à capter sa bienveillance) : « Ce sont presque toujours de bonssentiments mal dirigés qui font faire aux enfants le premier pas vers le mal.

» Les termes « bons sentiments »,« enfants » donnent une connotation positive à la phrase, pour que le lecteur éprouve un sentimentd'innocence et de pureté, renforcé par l'expression « mal dirigés » : la jeunesse est influençable et desindividus qui ont de mauvaises intentions en profitent.

C'est également d'un bon sentiment que part lemensonge dont il accable Marion en l'accusant à sa place : il voulait offrir le ruban à la jeune fille et « jamais laméchanceté ne fut plus loin de (lui] que dans ce cruel moment ».

De plus, le remords qui le ronge tout le restede sa vie assure l'expiation ' du « crime » en lui ôtant « la plus douce consolation des innocents persécutés».

Il va finalement se trouver de bonnes excuses : cela n'était « que faiblesse ».

Le lecteur, en lui reconnaissantdes excuses, devient son complice. À force de voir agir et penser Jean-Jacques, le lecteur le comprend peu à peu et s'habitue à ses moindresréactions.

C'est aussi en ce sens que l'on peut prendre le terme de « complicité », à l'image de celle quis'établit entre deux vieux amis qui se connaissent, se comprennent, prévoient les réactions de l'autre.

C'est en. »

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