Le pacte qui liait l'homme à la nature a-t-il été brisé ?

« Jean Dorst nous montre comment l'homme a, de tout temps, détruit la nature.

Mais aujourd'hui, cette destructionest sans commune mesure avec ce qu'elle était autrefois, à tel point que c'est la survie même de l'humanité qui estenjeu.

Comment en sommes-nous arrivés là ? L'auteur donne une explication : «Le vieux pacte qui unissait l'hommeà la nature a été brisé car l'homme croit maintenant posséder suffisamment de puissance pour s'affranchir du vastecomplexe biologique qui fut le sien depuis qu'il est sur la terre».

De quel pacte s'agit-il ? Comment -et pourquoi a-t-ilété brisé ?Un pacte est un accord, un contrat passé entre deux partenaires.

Ces partenaires sont ici l'homme et la nature.L'auteur parle de «vieux» pacte.

Il s'agit donc du passé.

Avant l'industrialisation, un équilibre s'opérait dans lesrapports entre l'homme et la nature.

L'homme se servait de la nature pour ses besoins fondamentaux.

Il utilisait lesanimaux et les végétaux pour se nourrir, de même que la terre, le bois et la pierre pour son habitat et ses outils.

Ladestruction était limitée.

Les ressources naturelles immédiates suffisaient aux besoins.

Une sorte de «modusvivendi» s'était établi entre l'homme et la nature.Si l'un des partenaires venait à rompre le pacte, ce ne pouvait être que la nature ; l'homme n'en avait pas lapossibilité.

Les inondations, les sécheresses, les tremblements de terre et autres cataclysmes naturels produisaientdes destructions chez tes hommes qui ne pouvaient pas résister à ces fléaux.Mais aujourd'hui, c'est l'inverse.

C'est l'homme qui rompt le pacte.

Il gaspille les ressources naturelles.

Il épuise peuà peu les ressources non renouvelables : charbon, gaz, métaux, pétrole.

Il dilapide également les ressourcesrenouvelables par une utilisation intensive : les sols s'épuisent par un abus d'engrais.

La pêche et la chassepratiquées d'une manière inconsidérée contribuent à l'extermination des animaux.

Des espèces animalesdisparaissent.

Les incendies, l'urbanisation croissante, les infrastructures empiètent sur les terres.Par la mécanisation mécanisation, l'homme a rompu sa dépendance vis-à-vis de la nature il dompte les fleuves,cultive les déserts, assèche les marais, prend dos terrains sur la mer.

Il trouve également K moyen de vaincre leslois de la nature en volant dans les airs, m se rendant dans l'espace ou sous les mers, en dissociant la sexualité dela procréation, en opérant des manipulations génétiques.

Enfin, il se sépare de la nature en créant des produitsartificiels (plastiques, tissus synthétiques, médicaments, etc.), qui remplacent de plus en plus les produits naturels.Ainsi l'homme, nouvel apprenti sorcier, espère-t-il désormais se passer de la nature.

Il se croit suffisamment puissantpour rompre sa dépendance et vivre par ses propres moyens.

Réaction d'orgueil et d'ingratitude.Mais, s'il se sépare de la nature, il reste lié à elle.

Ces produits artificiels qu'il élabore, ces médicaments «contrenature» sont encore naturels : ils utilisent des corps de la nature et même lorsque l'homme arrive à vaincre lanature, c'est encore enUtilisant ses lois.

«L'homme commande à la nature en lui obéissant», disait Francis Bacon. D'ailleurs, ce «pacte» est-il vraiment rompu ? L'homme aujourd'hui est encore tributaire de la nature.

Il en dépendpour sa subsistance.

Et il est souvent pris au dépourvu devant des cataclysmes comme des inondations ou destremblements de terre que la science ne parvient pas toujours à prévoir.

S'il sait guérir des maladies, certaines luidemeurent mystérieuses et, s'il peut parfois prolonger la vieillesse, il n'a pas encore trouvé le moyen de supprimer lamort.Ce qui est inquiétant, plus que ces nouvelles techniques, ce sont ces destructions massives de la nature quel'homme opère.

Certes une «salutaire réaction» se manifeste.

Mais est-elle suffisante et n'est-il pas trop tard ?Certains le pensent déjà.. »