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Le merveilleux dans Le Chevalier à La Charrette de Chrétien de Troyes

Publié le 15/05/2020

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« Le merveilleux dans Le Chevalier à La Charrette de Chrétien de T royes Comme souvent chez C hrétien de Troyes, une certaine ambiguïté plane sur le Chevalier de la Charrette : il est d'emblée apparent que le roman est tout rempli de « merveilleux », mais il est difficile en même temps de mettre le doigt sur des éléments spécifiquement surnaturels. I - LES LÉGENDES CELTIQUESLa « matière de Bretagne » est en prise directe sur le fonds de motifs mythologiques hérités des C eltes : elle repose sur la conception d'un univers double, où le monde des mortels est en communication constante avec le monde surnaturel, celui des créatures « faées », c'est-à-dire féeriques.

Parmi celles-ci ne figurent pas seulement les fées, sirènes et autres ondins que l'on rencontre auprès des fontaines et qui s'unissent aux chevaliers aventureux ou auxdemoiselles imprudentes, mais aussi les êtres en marge de l'humanité normale, nains toujours perçus comme maléfiques, et dotés d'un savoir qui leur vientd'on ne sait où, géants descendants des premiers habitants de la Grande-Bretagne, ou simplement « grands chevaliers » comme Méléagant qui gardentsous une forme atténuée ce stigmate de gigantisme.

Et il faut ajouter à cela les animaux, cerfs, sangliers ou simples chiens de chasse, blancs, ou dotésd'oreilles écarlates, ou encore multicolores...Le merveilleux est présent à chaque pas dans La Charrette : cimetière enchanté où les tombes portent les noms de ceux qui viendront un jour y reposer, anneau magique qui permet à celui qui le porte de détecter la présence de tous les enchantements, lions illusoires qui disparaissent après que le héros afranchi un pont, chevalier à l'origine obscure, qui a été élevé par une fée aquatique, ponts presque infranchissables qui ne correspondent pas aux critèresreconnus en la matière.

Mais tous ces éléments qui constituent la trame du récit sont traités paradoxalement de façon à en minimiser l'importance et à ne pas attirer l'attention.II - UNE CAUSALITÉ MAGIQUEEn effet, bien que les romans de C hrétien de Troyes ne soient pas directement des « contes de fées », ils sont tout imprégnés de cette atmosphère magiqueet surnaturelle : on y rencontre des personnages de l'A utre Monde, on y circule d'un univers à l'autre, le système aristotélicien des causes et conséquencesest corrigé ou remplacé par un système non logique, le tout avec la plus grande discrétion, et comme si cela allait de soi.

Il n'y a jamais chez C hrétiend'effets spectaculaires : le surnaturel a droit de cité, mais il est présenté comme parfaitement naturel.

Ainsi, la manière dont l'information est transmise en dehors des voies rationnelles n'apparaît jamais comme quelque chose d'étonnant ou d'anormal.Le lecteur se trouve transporté dans un monde où la causalité fonctionne différemment: le héros surgit de nulle part, sur un cheval épuisé, pour se lancer à la poursuite de la reine, comme s'il était suscité par la parole « magique » de celle-ci au moment de son enlèvement.

P lus loin, la rencontre avec la charretted'infamie conduite par un nain peu courtois fournit au chevalier l'occasion de retrouver la trace de sa dame, sans que l'on explique jamais comment etpourquoi le nain est au courant de l'aventure.

De manière analogue, la reine prétend avoir d'abord mal accueilli son libérateur parce qu'il a hésité, au méprisdu code courtois, avant de monter sur la charrette : mais rien n'est dit sur la façon dont elle a appris ce détail, alors qu'elle se trouvait à des lieues de là,sous la garde de Méléagant.De nombreux personnages apparaissent et disparaissent aux carrefours de la fiction, pour dispenser conseils et renseignements, ou pour réclamer un « donen blanc » (c'est-à-dire qu'ils exigent un « don » sans en préciser la nature, et ceux qui leur accordent cette faveur sont tenus de s'exécuter, même au prixde leur vie et de leur honneur ; on appelle aussi ce principe « don contraignant ») ou un péage.

Ils détiennent en général un savoir supérieur à celui dulecteur, qui leur permet de guider le héros, ou de lui faire obstacle.

Le récit se développe à partir d'annonces qui se réalisent dans la suite, de séquences à valeur symbolique qui reposent sur une connaissance des enjeux dont sont exclus aussi bien le personnage principal que le lecteur. III - MERVEILLEUX ET ALLÉGORIE : LE ROYAUME DE GORRELe Chevalier à la charrette repose tout entier sur un substrat mythique qui ne se fond que partiellement dans l'argument apparent, celui qui est fondé sur la problématique courtoise et l'histoire du couple adultère formé par Lancelot et la reine.

Derrière la quête amoureuse et l'aventure individuelle se dessine un schéma messianique, selon lequel un héros élu libère tous les prisonniers du « Pays dont on ne revient jamais ».

Il est clair que le royaume de Gorre, sur lequel règnent les deux figures complémentaires de Baudemagu, le roi juste, et de M éléagant, le guerrier cruel et impitoyable, n'est autre que le royaume dela mort.

Entre Logres et Gorre coule une rivière qui ressemble étrangement au Styx.

En effet, ce ne sont pas seulement les modèles celtiques qui informentle récit de Chrétien de Troyes, mais aussi des réminiscences classiques. .../...POINT DE CULTURE: Chevalier ou pas, Lancelot est quand même l'homme qui a cocufié le roi A rthur ! Certes, il est valeureux, courageux, mais ce sans-peur n'est pas sans reproche.

Fidèle serviteur à la cour, mandé par son souverain pour secourir la reine Guenièvre enlevée par des affreux, il finit par être infidèleà ses engagements.

Car au terme de sa quête, retrouvant la belle, il ne trouve rien de mieux que de tomber amoureux d'elle.

C ertes, la jeune femme mariéene semble guère être encombrée par les scrupules et fait tout pour que son sauveur partage sa couche.

Séduit, dompté, Lancelot paraît même hypnotisé parGuenièvre et, sous ses ordres, agit un peu comme un pantin, quitte à se ridiculiser en tournoi.

Bref ce cœur pur, après avoir fait allégeance au mari, estsoumis au bon vouloir de l'épouse. Si l'on peut imputer cette attitude subordonnée à la passion, reste que, d'un autre point de vue, on peut aussi y déceler une forme de faiblesse...

D'ailleurs,dans une autre version de la légende, celle de lord Alfred Tennyson, Lancelot éprouve une telle culpabilité de sa tromperie et peut-être une telle honte deses agissements, qu'il perd de sa superbe, et faillit dans sa mission de chevalier de la Table ronde. Peut-être trop romantique, Lancelot est déchiré entre son sens du devoir et son amour interdit, une dualité qui, à la fin de sa vie, ne lui procure quesouffrances, l'empêchant de trouver un bonheur total dans cette existence. Morale de l'histoire : pour rester un vrai héros, mieux vaut éviter de mêler vie professionnelle et amours personnelles....../...La quête de Lancelot est passible d'une triple lecture : c'est d'abord le récit littéral, et fantastique, d'un voyage dans l'Autre Monde, signalé comme tel par toute sorte de petits détails indiquant la qualité surnaturelle de l'aventure ; ensuite, l'interprétation courtoise, qui fait de ce voyage l'illustration du pouvoir de l'amour.

Et parallèlement, une seconde interprétation fait de Lancelot une figure christique, qui descend aux Enfers pour libérer non seulement la reine, symbole peut-être de l'âme humaine, mais encore tous les prisonniers du royaume de Gorre, c'est-à-dire tous les hommes tombés entre les griffes du diableincanté par Méléagant. Conclusion : Ainsi, La Charrette réussit à concilier non seulement le goût du XIP siècle pour le merveilleux et son intérêt propre pour le réalisme et la « rationalisation », mais encore à faire coexister de façon éclairante le surnaturel celtique et les modèles mythiques antiques ou chrétiens.. »

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