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Le malade imaginaire, acte III scène 12 (Molière)

Publié le 17/05/2020

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« Le malade imaginaire, acte III scène 12 Nous allons étudier un extrait de la scène 12 de l’acte III.Dans la scène précédente, Toinette a joué le faux médecin et de cette manière a réussi à faire douter Argan quant aux pratiques de la médecine celui-ci trouvantdéraisonnable de devenir borgne et manchot pour se soigner.

Après cette première victoire sur la lubie d'Argan, Toinette et Béralde décident de s'attaquer à sadeuxième obsession à savoir son « entêtement » pour sa femme Béline.

Sous prétexte de prouver à Béralde que Béline aime éperdument son mari, Toinette réussit àconvaincre son maître de se faire passer pour mort et ainsi d'observer la réaction de Béline.Durant notre extrait, Béralde est caché et Argan joue le mort ; Béline se croit donc seule avec Toinette.

Mais le public acquiert une place importante dans cette scène,en effet le public est omniscient ; il sait tout depuis le début de la pièce.

Il sait entre autre que Toinette est du côté d'Angélique depuis le début et qu'elle lutte pourempêcher le mariage forcé avec Thomas Diafoirus.

Mais le public sait aussi que Toinette fait croire à Béline qu'elle est de son côté et durant la scène 11 la servantefarceuse obtient une place privilégiée auprès de son maître, Argan en effet celui-ci lui fait confiance puisque sur ses conseils il décide de jouer le mort.

Tous cesentremêlements d'affinités réelles ou feintes nous renseignent dès lors sur le caractère de Toinette, c'est une servante farceuse qui incarne la joie de vivre comme nousl'avons vu lors de la scène 10 de l'acte III mais c'est aussi un personnage avec un fort pouvoir de manipulation et de persuasion.

Comme dans les scènes précédenteselle prend le rôle d’un metteur en scène qui gère et contrôle tous les évènements de la scène même ceux paraissant impromptus ; la fausse mort d’Argan et sarésurrection.

On observe dans cette scène 12 la chute de Béline car son plan machiavélique est découvert au grand jour ; on remarque de ce fait un glissement del’ironie dramatique d’Argan à Béline.

Argan quant à lui est délivré de sa deuxième obsession, sa femme et par la même occasion de sa peur de la mort puisqu’il« ressuscite » et il le fera une deuxième fois lors de la scène suivante.

La scène 12 est construite sur la réécriture inversée du mythe de Pyrame et Thisbé, ce qui, encréant un horizon d’attente déçu, participe au comique de la scène. Nous pouvons nous demander dès lors comment Molière, en guérissant Argan de son entêtement pour Béline, réussit le tour de force de questionner le statut duspectateur dans l’extrait. Notre passage peut se diviser en trois mouvements ; le premier mouvement de la ligne 1 à 7 qui concerne l'annonce de la mort d’Argan et son attente déçue ; ledeuxième mouvement de la ligne 8 à 24 où Béline tombe son masque et enfin le dernier mouvement de la ligne 25 à 32 qui correspond à la résurrection d'Argan. Le premier mouvement de la ligne 1 à 7 concerne l’annonce de la mort d’Argan et son attente déçue, en effet nous remarquons que cette scène est construite sur leprincipe d’ironie dramatique ; il y a ironie dramatique quand le spectateur sait quelque chose que l’un des personnage ignore.

Ici comme nous l’avons vu dansl’introduction du passage Argan est le seul à croire naïvement à l’amour de Béline ; Toinette, Béralde et le public connaissent les sentiments de Béline envers Argan.De ce fait le personnage d’Argan est isolé dans ce mouvement par son déficit d’information et le comique naît du fait qu’Argan est dans l’attente d’une réelledéclaration d’amour.

Ici l’ironie dramatique fait rire avant même la réaction excessive et immorale de Béline.Nous remarquons que le dialogue est ralentit pour donner une impression de suspens ; d’abord il y a un comique de répétition « Votre mari est mort.

Mon mari estmort? » puisque Béline répète les paroles de Toinette.Le lexique extrêmement simple qu’utilise Toinette sert à mimer sa feinte surprise ; quant à Béline, elle est réellement surprise mais pas dans le sens que souhaiteraitArgan, on observe ici une double énonciation car Argan la croit horrifiée à l’annonce de sa mort alors qu’elle est tellement heureuse de cette annonce qu’elle n’encroit pas ses yeux et qu’elle demande confirmation deux fois « Mon mari est mort ? / Assurément ? »A la ligne 3, on voit que Toinette qui joue un rôle ne peut s’empêcher d’exagérer, tout d’abord avec l’exclamation « Hélas ! » et ensuite avec le pléonasme « Lepauvre défunt est trépassé ».Il y a comme un premier indice pour Argan de l’ingratitude de sa femme à la ligne 4, en effet pour demander confirmation une deuxième fois de la mort d’Argan,Béline utilise un adverbe de sens positif « Assurément ? » et non pas négatif donc elle ne cherche pas à nier sa mort ce qui est sans doute la réaction la plus flagrantede la tristesse.La réplique de Toinette de la ligne 5 à 7 est saturée de la marque de la première personne « je me suis trouvée » « toute seule » « entre mes bras ».

De plus lamultiplication des déictiques « cet accident-là » « ici » « tenez, le voilà » « cette chaise » actualisent la scène.

Les phrases sont courtes ou segmentées par des virgulesce qui ajoute au ton saccadé et froid de Toinette ; tous ces éléments tendent à montrer que c’est une stratégie de la part de Toinette, elle joue un rôle et elle veut par làinfluencer Béline en lui suggérant que la situation est propice à extorquer de l’argent à son défunt mari « personne », « toute seule » « il vient de ».Le principe d’ironie dramatique couplé à la double énonciation qui court tout au long de l’extrait tendent à « enrôler » le spectateur dans l’intrigue, Molière n’imposepas son histoire en laissant le spectateur à l’écart mais au contraire il le fait participer et peut-être même aussi se poser des questions. Le deuxième mouvement de la ligne 8 à la ligne 24 correspond au moment où Argan découvre les vrais sentiments de Béline à son égard.

On observe dans ce secondmouvement un glissement de l’ironie dramatique d’Argan à Béline, ainsi, comme Argan au mouvement précédent, c’est désormais Béline qui est isolée (elle est laseule à ne pas savoir qu’Argan « joue » le mort).

Le spectateur rit désormais du statut de Béline et non plus de la naïveté d’Argan ce qui est une première dansl’œuvre.

Béline est désormais seule contre tous ce qui est renforcé par ses propos immoraux.

A la ligne 8 à 9 le lexique religieux qu’utilise Béline est complètementparadoxal d’abord avec la situation et puis avec le personnage même de Béline qui est perfide et manipulateur.

Elle utilise des termes de prisonnière « délivrée » et unvocabulaire du supplice « fardeau » renforcé par l’adjectif qualificatif « grand ».

Le mot « fardeau » est le deuxième qualificatif (après « mari ») pour désigner Argan; son prénom n’a jamais été prononcé ce qui ajoute au caractère perfide de Béline ; pour elle c’est une affaire classée, Argan est mort et elle ne veut même plusprononcer son nom.

Le spectateur peut dès lors se rendre compte du caractère blasphématoire du personnage de Béline.Toinette, qui joue toujours un rôle auprès de Béline, fait la naïve en utilisant un subjonctif imparfait « Je pensais, Madame, qu’il fallût pleurer ! » ; le signe desoumission « Madame » et cette déclaration tendent à cacher le vrai statut du personnage de Toinette qui gère tout le déroulement de la scène en bon metteur enscène.La longue réplique de Béline de la ligne 11 à 16 est une longue énumération qui décrit son mari ; les deux questions rhétoriques « Quelle perte est-ce la sienne ? Et dequoi servait-il sur la terre ? » ajoutent au caractère solennel de cette réplique, tout porte à croire que Béline décrit un monstre.

En ce qui concerne l’énumération ellesemble désordonnée dans son rythme, on remarque une alternance entre les adjectifs et les groupes nominaux, on a une redondance des formes progressives« dégoûtant » « mouchant » « toussant » « crachant » « fatiguant » « grondant », tout ceci mime les journées d’Argan voire synthétise les actions d’Argan au cœur dela pièce du malade imaginaire.

Cela donne quand même l’impression qu’Argan était un malade très actif donc peut-être pas si malade que ça.

Le spectateur n’est pasdéstabilisé par cette description puisqu’il a eu l’occasion de constater et de rire de l’attitude d’Argan tout au long de la pièce mais ici ce qui fait rire c’est que Bélinesoit en train de dire cela devant Argan qui n’est pas mort.

Mais cela amène une autre question, en effet le public s’accorde à rire des mêmes choses que Béline(l’attitude d’Argan) mais le public vient de se rendre compte aussi du caractère complètement immoral du personnage de Béline, cela fait-il de lui un public immoral? Si Molière au cœur de sa pièce fait s’interroger les personnages quant à l’être et au paraître, il pose certainement les mêmes questions aux spectateurs, le« méchant » n’est peut-être pas celui qu’on croyait.A la ligne 17 Toinette a retrouvé toute sa verve de servante farceuse puisque son plan fonctionne à merveille, c’est une réplique très comique renforcée par ledéictique « voilà » qui est certainement adressé aux personnages dissimulés de la scène (Argan et Béralde).L’autre longue réplique de Béline de la ligne 19 à 24 correspond à la mise en place de son plan machiavélique.

Tout d’abord elle exige la collaboration de Toinetteavec l’ordre « Il faut » mais elle lui promet de l’argent comme récompense puisque c’est une femme d’argent et qu’elle ne peut pas obtenir d’aide sans payer car c’estun personnage peu sympathique.

« il n’est pas juste que j’aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années » cette phrase montre la réelle rancune qu’à Bélineà propos de son mari, les « fruits » peuvent être assimilés à des enfants en effet elle n’a pas d’enfants naturels mais on peut penser s’agissant du personnage de Bélinequ’elle utilise le terme fruit dans le sens de récompense ; elle n’a pas eu tout l’argent de son mari.Tous ces éléments du deuxième mouvement font du personnage de Béline un être immoral et malhonnête qu’il faut arrêter à tout prix au contraire le personnaged’Argan est réévalué ; c’est un innocent qui s’est fait berné.

Le spectateur est sans nul doute sensible à ce changement de cible et doit nécessairement rectifier sonjugement du début de la pièce. Le troisième mouvement de la ligne 25 à 32 correspond à la résurrection d’Argan.

Grâce à la comédie Argan a pu découvrir le vrai visage de sa femme, de ce fait il aen quelque sorte évolué et nous découvrons un nouvel Argan dans le troisième et dernier mouvement.

Tout d’abord la première réplique d’Argan à la ligne 25. »

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