??Le Fleuve ? Les Cloches ? Si loin qu'il se
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
……
Le Fleuve … Les Cloches … Si loin qu'il se souvienne, - dans les
lointains du temps, à quelque heure de sa vie que ce soit, -
toujours leurs voix profondes et familières chantent …
La nuit - à demi endormi … Une pâle lueur blanchit la vitre … Le
fleuve gronde.
Dans le silence, sa voix monte toute-puissante ;
elle règne sur les êtres.
Tantôt elle caresse leur sommeil et semble
près de s'assoupir elle-même, au bruissement de ses flots.
Tantôt
elle s'irrite, elle hurle, comme une bête enragée qui veut mordre.
La vocifération s'apaise : c'est maintenant un murmure d'une
infinie douceur, des timbres argentins, de claires clochettes, des
rires d'enfants, de tendres voix qui chantent, une musique qui
danse.
Grande voix maternelle, qui ne s'endort jamais ! Elle berce
l'enfant, ainsi qu'elle berça pendant des siècles, de la naissance à
la mort, les générations qui furent avant lui ; elle pénètre sa
pensée, elle imprègne ses rêves, elle l'entoure du manteau de ses
fluides harmonies, qui l'envelopperont encore, quand il sera
couché dans le petit cimetière qui dort au bord de l'eau et que
baigne le Rhin…
Les cloches … Voici l'aube ! Elles se répondent, dolentes, un peu
tristes, amicales, tranquilles.
Au son de leurs voix lentes, montent
des essaims de rêves, rêves du passé, désirs, espoirs, regrets des
êtres disparus, que l'enfant ne connut point, et que pourtant il fut,
puisqu'il fut en eux, puisqu'ils revivent en lui.
Des siècles de
souvenirs vibrent dans cette musique.
Tant de deuils, tant de fêtes
! - Et, du fond de la la chambre, il semble, en les entendant, qu'on
voie passer les belles ondes sonores qui coulent dans l'air léger,
les libres oiseaux, et le tiède souffle du vent.
Un coin de ciel bleu
sourit à la fenêtre.
Un rayon de soleil se glisse sur le lit, à travers
les rideaux.
Le petit monde familier aux regards de l'enfant, tout
ce qu'il aperçoit de son lit, chaque matin, en s'éveillant, tout ce
qu'il commence, au prix de tant d'efforts, à reconnaître et à
nommer, afin de s'en faire le maître, - son royaume s'illumine.
Voici la table où l'on mange, le placard où il se cache pour jouer,
le carrelage en losanges sur lequel il se traîne, et le papier du mur,
dont les grimaces lui content des histoires burlesques ou.
»
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