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LE DEVOIR La notion de devoir

Publié le 20/04/2024

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« LE DEVOIR La notion de devoir évoque l'idée de contrainte et, par suite, presque logiquement, pourrait-on dire, le renoncement à la liberté.

Un tel glissement ne repose pourtant que sur une suite de confusions qu'il est assez facile de dissiper. Le devoir se distingue tout d'abord, contrairement à ce que suggère l'usage courant, de la nécessité qui s'impose à tous et ne laisse aucune alternative : ainsi, l'on doit manger pour vivre, qu'on le veuille ou non.

L'obligation, au contraire, implique la volonté et la liberté de choix.

Par exemple : « Je dois dire la vérité », implique que j'envisage de ne pas le faire.

Le devoir tend donc à se confondre avec l'obligation ; encore faut-il préciser que toute obligation n'est pas un devoir : les devoirs liés à une fonction ou même à un engagement ne sont pas encore le devoir moral.

Car le véritable devoir est à la fois distinct de tout mobile sensible, faire mon devoir ne me rapporte rien, et indépendant de tout contexte ou condition particuliers. La notion de devoir nous rappelle que l'exigence morale se présente à la conscience sous la forme d'une obligation.

Je me sens en effet tenu de faire mon devoir, même s'il est contraire à mon intérêt, à mes sentiments naturels, à mes passions, à ma nature.

Il s'agit d'un ordre moral qu'on ne discute pas : « tu dois ».

Mais si la conscience se reconnaît soumise à un principe extérieur et supérieur à elle-même, transcendant, d'où vient alors ce principe ? Quelle est la cause de son autorité ? Une réponse peut être donnée par la morale sociologique de Durkheim.

Pour lui, si le devoir nous dépasse, s'impose à nous d'en-haut, c'est parce qu'il émane de la société elle-même qui dépasse l'individu et pèse sur lui.

Les caractères du devoir moral sont des caractères éminemment sociaux : le devoir est collectif, puisqu'il s'impose généralement à tous les membres d'un groupe, il est coercitif, cad contraignant.

C'est parce que la morale du devoir a un caractère avant tout social, parce qu'elle est l'expression d'une conscience collective et pas seulement individuelle qu'elle se manifeste par un ensemble de règles.

Selon Durkheim, la morale serait une réalité du même ordre que le rituel de la politesse.

Il s'agit de règles qui prennent leurs sources ailleurs que dans les humeurs mobiles des individus. Seulement, si le principe du devoir vient de la société, s'il est extérieur, étranger, à ma volonté personnelle, quelle raison ai-je de me soumettre ? Lui obéir, c'est me faire esclave d'une autorité étrangère, c'est introduire l'aliénation au cœur de l'éthique.

N'arrive-t-il pas souvent d'ailleurs qu'au nom d'une morale personnelle ou individuelle, on rejette une exigence de la société ? La morale de Kant évite les difficultés liées à l'idée d'un devoir extérieur au sujet. Pour lui, il n'est pas question de céder à sa sensibilité, aux inclinations du moi, à ses penchants naturels, ni même d'écouter ses sentiments, puisque chacun se doit d'obéir à une loi morale, raisonnable et universelle, mais cette loi morale sous la forme du devoir, se trouve en chacun, elle n'est plus un principe extérieur à la conscience du sujet.

La morale kantienne exclut l'hétéronomie, l’obéissance à une loi n’émanant pas de la volonté, et fait appel à l'autonomie du sujet, fondée sur l'obéissance à sa propre raison.

C'est au nom de la raison qui fait de l'homme un être raisonnable, que celui-ci se doit de suivre des règles universelles, c'est-à-dire valable pour tous sans exception.

Il en donne 3 formulations : 1.

« Agis toujours d'après une maxime telle que tu puisses vouloir qu'elle devienne en même temps loi universelle.

» (Fondements de la métaphysique des mœurs) Il s'agit de suivre des règles telles que tous les Hommes, sans exception, puissent les adopter sans contradiction ni absurdité.

Par exemple, proposer de mentir n'est pas raisonnable, ni universalisable car le menteur espère bien qu'on ne lui mentira pas. 2.

« Agis de telle sorte que tu traites l'humanité dans ta personne et dans celle d'autrui, toujours en même temps, jamais simplement comme un moyen.

» (Fondements de la métaphysique des mœurs) Il s'agit de respecter la raison en la personne raisonnable elle-même. 3.

« Agis de telle sorte que la volonté puisse se considérer elle-même, comme constituant en même temps par sa maxime, une législation universelle.

» Il s'agit de se considérer soit même comme l'auteur des lois morales universelles.

(c'est le principe d'autonomie). En vertu de ce principe d'autonomie, (principal chez Kant) Kant maintient l'idée de devoir sous sa forme la plus rigoureuse et la plus pure.

Il ne suffit pas d'agir par simple conformité extérieure à la loi morale.

Encore faut-il agir par pur respect pour la loi morale.

Deux commerçants font à la clientèle le juste poids. Le premier par peur des contrôles, le second par pur respect pour le devoir.

C'est ce dernier seul qui est un être moral selon Kant.

C'est pourquoi le devoir se présente comme un impératif catégorique, c'est à dire un impératif absolu, sans condition, le contraire d'un impératif hypothétique / conditionnel : "Ne voles pas si tu ne veux pas aller en prison." Voilà un impératif hypothétique soumis a une condition empirique et qui par la même n'est pas un impératif moral.

Quand je dis : "Fais ton devoir si..." je suis en dehors de la moralité (selon Kant). C'est donc dans la disposition intérieure du vouloir, dans l'intention qui préside à l'action du sujet,.... »

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