Le comte de VergennesUn esprit audacieux.

« 1 / 2 Le comte de Vergennes Un esprit audacieux 1719-1787 Issu d'une famille de magistrats, Char­ les Gravier, comte de Vergennes, né à Dijon le 28 décembre 1719, débute dans la diplomatie et devient successivement ambassadeur à Constantinople (1755- 1768) et à Stockholm (1771-1774), où il appuie un coup d'Etat de Gustave III contre la noblesse.

En 1774, à l'avène­ ment de Louis XVI, Vergennes, placé aux Affaires étrangères, fait partie de la remarquable équipe constituée par Maurepas avec Turgot, Miromesnil, Saint-Germain, Sartine.

Dès lors, il va poursuivre un grand dessein: la lutte contre l'Angleterre, qui l'opposera à Turgot, convaincu qu'un conflit serait fatal aux finances.

De fait, après la chute de Turgot, à laquelle il a fortement contribué, Ver­ gennes, utilisant l'extraordinaire engoue­ ment de l'opinion en faveur des Insur­ gents, réussit à convaincre Louis XVI de la nécessité d'un traité d'alliance et de commerce avec les colonies d'Améri­ que, suivi d'un accord avec l'Espagne qui débouche sur la guerre ouverte avec la Grande-Bretagne en 1778.

Dans l'es­ prit du ministre, il ne s'agit pas unique­ ment de soutenir les Américains, encore moins de chercher la ruine de la Grande- Bretagne.

En réalité, le but essentiel est économi­ que.

Esprit moderne, ouvert aux idées de Quesnay, Vergennes est convaincu que la richesse d'un Etat ne dépend pas de son encaisse métallique, mais du dé­ veloppement de sa production et de son commerce.

L'objectif essentiel est d'ar­ racher le marché américain à l' Angleter- re: «L'extension du commerce national et la réduction de celui de l'Angleterre ont été l'objet du traité avec les Améri­ cains et de la guerre qui en est la suite.

La paix ne sera donc utile et honorable qu'autant que ces deux conditions seront remplies.» Même si la guerre d'Indépendance ne débouche pas sur un conflit européen, grâce à l'habileté de Vergennes, la paix de Versailles n'en est pas moins un échec retentissant pour sa politique.

Tout en reconnaissant l'indé­ pendance des Etats-Unis, la Grande­ Bretagne garde l'intégralité de ses liens commerciaux avec ses anciennes colo­ nies.

Décidé à poursuivre son objectif d'ex­ pansion économique, Vergennes signera alors, en 1786, un traité de commerce avec l'Angleterre marqué par un abais­ sement réciproque des droits de douane.

Ce geste sera très mal accueilli par les industriels français.

Le traité de 1786 sera cependant stimulant pour l'écono­ mie française.

n n'en reste pas moins qu'en avance sur son temps par ses idées Vergennes a contribué à hâter la Révolution en déclenchant une guerre désastreuse sur le plan fmancier.

Il mou­ rut à Versailles le 13 février 1787. 2 / 2. »