Le cardinal de Fleury

« Le cardinal de Fleury (1653-1743) Un père pour Louis XV.

André-Hercule de Fleury, né à Lodève (Hérault), fils d'un petit fonctionnaire des impôts,élève des jésuites, protégé du cardinal Bonzi, devient l'aumônier de la reine Marie-Thérèse en 1677, puis du roi en1683.

Abbé de Tournus, évêque de Fréjus, «le plus maigre des diocèses», il est choisi par Louis XIV, qui apprécie saprobité et sa modestie, comme précepteur de son arrière-petit-fils.

Fleury va servir de père à l'orphelin Louis XV.Ayant su gagner l'affection et la confiance de son élève, il reste son conseiller et son guide respectueusement suivi.Déjà membre, en 1723, du Conseil d'Etat et du conseil de Conscience, académicien depuis 1717, Fleury est nommécardinal et principal ministre en 1726.

Louis XV a 16 ans; il est majeur, mais il laisse cependant le pouvoir à sonancien précepteur.

Celui-ci l'exerce pendant dix-sept ans.Souple, insinuant, doux, modéré, le cardinal de Fleury est cependant très ferme et jaloux de son autorité; il saitchoisir des collaborateurs remarquables: Orry pour les Finances, Chauvelin aux Affaires étrangères et, comme gardedes Sceaux, l'intelligent chancelier d'Aguesseau...

Désirant réaliser l'équilibre budgétaire — ce qui ne s'est pas faitdepuis longtemps —, Fleury n'hésite pas à prendre des mesures impopulaires: réduction du taux de la rente malgréles plaintes des petits porteurs, sévères économies; à quoi il ajoute la stabilisation de la monnaie; en 1727, il fixe letaux de métal précieux contenu dans les pièces d'or et d'argent; celui-ci est resté lemême jusqu'à la Révolution.

La marine, l'industrie, les échanges, notamment avec les colonies des Antilles, sontencouragés.

L'essor économique ainsi favorisé, le début du siècle de Louis XV a été prospère.Grâce à son jeu diplomatique personnel auprès de son homologue anglais Walpole, l'habile Fleury préserve la paixaussi longtemps qu'il le peut.

Obligé de soutenir le beau-père du roi, Stanislas Leszczynski, il est néanmoins entraînédans la guerre de la Succession de Pologne, qu'il termine brillamment en 1738.

Au traité de Vienne, l'Autricheconcède en usufruit à Stanislas les duchés de Bar et de Lorraine qui, à sa mort, doivent revenir à la France.

Demême, en 1740, presque nonagénaire, Fleury ne peut empêcher le succès du parti belliciste: il se voit obligé d'entrerdans la guerre de la Succession d'Autriche.

A l'intérieur, le cardinal doit apaiser les querelles religieuses réveillées parl'affaire des billets de confession.

Pour en finir avec la turbulence du clergé janséniste, il donne l'ordre auxparlements d'enregistrer, comme loi d'Eglise et d'Etat, la bulle Unigenitus condamnant le jansénisme.Malgré ses réussites, le cardinal de Fleury est critiqué par ses contemporains: ils lui reprochent sa pusillanimité etson manque de prestige.. »