L'Afrique Noire: D'énormes problèmes économiques et sociaux ?

« I.

— L'explosion démographique • Après des siècles de stagnation, due aux guerres intestines, aux maladies, à l'esclavage, l'Afrique noire explose :425 millions d'habitants en 1975, 500 en 1983, 850 prévus en l'an 2000.

Les taux de natalité sont fréquemment del'ordre du maximum physiologique : 50 à 55 %o. • les perspectives ne sont pas encourageantes : alors que l'Algérie, comme l'Amérique latine et la Chine, a amorcé une baisse de son taux de natalité, ce n'est le cas nulle part en Afrique noire.

Cette explosion (3 % de croissanceannuelle) compromet les efforts de développement. II.

— L'explosion urbaine 1.

Les chiffres En 1940, 5 villes comptaient plus de 100 000 habitants ; elles sont plus de 60 en 1985.

Kinshasa au Zaïre a 4 millions d'habitants en 1987 (325 000 en 1955), et Lagos au Nigeria en a 8 millions. 2.

Les problèmes • L 'afflux de ruraux gonfle d'énormes bidonvilles, où les équipements en eau, électricité, égouts, transports, n'existent pas.

A Lagos, 83 % de la population vit en logement insalubre. • La ville vide la campagne, bien plus brutalement qu'elle ne l'a fait en Europe au moment de la révolution industrielle ; et elle offre peu ou pas d'emplois industriels mais surtout du chômage, mis à part des petits emploisdans le commerce ou dans la fonction publique, pléthorique. • La société rurale se délite, et ses valeurs (place des anciens, solidarité de clan) subissent en ville, sans vraiment disparaître, la concurrence des valeurs individualistes d'une société de consommation dont les quartierscentraux, de type européen, sont les vitrines. III.

— Sécheresse, famine, misère 1.

Les drames de l'Afrique sahélienne • Deux terribles sécheresses ont touché en 1970-75 et en 1984-85 une vingtaine de pays tropicaux : une bande Sénégal-Ethiopie au Nord, et une bande Botswana-Mozambique au Sud.

D'où avancée du désert, recul des forêts(pour un arbre planté, 30 sont coupés et arrachés), exodes, famines, morts. • Selon la Banque Mondiale, 20 % de la population d'Afrique noire (100 millions de personnes) est en état de sous-alimentation chronique. 2.

Recul de l'agriculture A cause de la sécheresse, de l'exode rural, de mauvais choix (bas prix d'achat des denrées vivrières, quidécouragent les paysans), la production alimentaire est en baisse dans presque toute l'Afrique noire, moins 10 % entre 1970 et 1980 selon la FAO.

Le Zimbabwe, grenier traditionnel de l'Afrique, a dû importer des céréales en 1983.

La pauvreté est massive : sur 35 pays dans le monde ayant moins de 500 $ de PNB par habitant et par an, 23sont africains. IV.

— Aide, dettes : dépendance 1.

L'aide internationale • Elle vient des États riches (France : 1 milliard de $ en 1983) ; des organismes internationaux (Unicef, FAO,OMS...) ; des ONG, très actives (voir p, 90).

L'Afrique apparaît ainsi comme un continent sous perfusion. • Cette aide est ambiguë : à la fois absolument nécessaire, parfois coûteuse, parfois nuisible (le riz américain donné au Cameroun s'y est vendu en 1983 dix fois moins cher que le riz local, du coup délaissé). 2.

Les dettes La dette extérieure gonfle rapidement (134 milliards de $ fin 1988, 19 fois plus qu'en 1970), et son service est lourd (15 milliards de dollars en 1986, alors que l'aide publique des pays du Nord a été de 16 milliards).

Comme en Amérique latine, le FMI invite les pays les plus endettés à une politique de rigueur.

Le Nigeria par exemple a suivi ceconseil : il importe moins et investit moins. V.

— De vraies potentialités A côté d'États d'une faiblesse poignante il existe une Afrique forte, ou qui peut l'être : hormis l'« Hercule » sud- africain, on peut citer le grand Nigeria, avec son pétrole (60 millions de tonnes), ses bonnes terres, sa pluviosité suffisante, ses élites compétentes.

A des degrés divers, la Côte-d'Ivoire, le Cameroun, le Gabon, le Kenya ont aussides chances de décoller.. »