L'affaire du courrier de LyonUne tragique erreur judiciaire.

« 1 / 2 L'affaire du courrier de Lyon Une tragique e"eur judiciaire 1796 L'affaire du courrier de Lyon commen­ ce le 27 avrill796; dans la nuit, la malle qui transporte des fonds de Paris à Lyon est arrêtée sur la route de Melun par des bandits qui assassinent le postil­ lon, tandis qu'un voyageur complice tue le courrier Excoffon.

Un certain Guénot est arrêté, mais il peut se disculper.

Il retourne à la gen­ darmerie le lendemain pour chercher ses papiers et se fait accompagner par un ami, Lesurques.

Or, voici que Lesurques est formellement reconnu par six té­ moins comme étant un des cavaliers suspects aperçus dans la journée du 27 avril sur la route de Melun.

Lesurques, né à Douai en 1763, fortuné et de famil­ le honorable, proteste de son innocence et fait connaître son emploi du temps le jour du crime: il se trouvait chez l'orfèvre Legrand; après vérification du livre de ce dernier, on constate que la date du jour où Lesurques est venu chercher de l'argenterie a été surchar­ gée, ce qui accable un peu plus le préve­ nu.

Lors du procès, tous les accusés, y compris Guénot, sont acquittés.

Seuls Lesurques et Courniol sont condamnés à mort par un tribunal dont le président, persuadé de la culpabilité de Lesurques, interroge avec mauvaise volonté les nombreux témoins à décharge.

Le pourvoi en cassation de Lesurques est rejeté, mais les preuves formelles de sa culpabilité font défaut; le Conseil des Cinq-Cents lui accorde donc un sursis qui est annulé par la commission com­ pétente.

Lesurques, tout en clamant son innocence, meurt courageusement sur l'échafaud en même temps que Courniol qui s'écrie: «Je suis coupable, mais Lesurques est innocent!» TI semble en effet que Lesurques ait été confondu avec un certain Dubosc, arrê­ té en 1798, auquel il ressemble d'une manière stupéfiante.

Dubosc sera recon­ nu formellement par les témoins mêmes qui avaient accusé Lesurques et il sera exécuté en 180 1, après une évasion.

L'affaire du courrier de Lyon aura des suites tragiques: l'épouse de Lesurques deviendra folle, ainsi que deux de ses m­ Ies.

Pendant tout le XIX• siècle, la famille tentera non seulement d'obtenir la restitution de ses biens - ce qui sera fait -, mais également la réhabilitation du condamné; elle s'y essaiera en 1804, 1821,1851,1866et 1869,maisenvain! En effet, selon le Code pénal, seul l'accusé peut apporter la preuve de son innocence, ce qui, dans le cas de Lesur­ ques, est bien entendu impossible.

L'affaire du courrier de Lyon produit en France une émotion considérable et les dramaturges romantiques, comme les chansonniers, vont s'emparer de ce sujet pour dénoncer les faiblesses de la jus­ tice. 2 / 2. »