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La prolifération de l'image due au progrès technique vous semble-t-elle nuire à la contemplation des oeuvres d'art ?

Publié le 09/12/2021

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Regarder un tableau, une sculpture, un monument suppose une certaine forme de recueillement propice à la méditation. Cette contemplation requiert également un certain temps que l'image, trop fugace, ne préserve pas toujours. Enfin, elle demande un effort de pensée et déjà une culture, c'est-à-dire un ensemble maîtrisé de connaissances qui permet d'accéder non seulement à la vision mais aussi à la compréhension des signes de l'oeuvre d'art. Or la prolifération des images aboutit souvent à la négation de leur dimension symbolique et esthétique. Doit-on pour autant considérer que, en toutes circonstances, l'image tue la vision? Ne peut-elle au contraire l'éveiller, la transformer? Il faut se garder des évaluations sommaires : pour qui sait voir, l'image peut être un extraordinaire révélateur du monde sensible. Le règne actuel des images semble nous écarter de l'art mais peut-être n'assistons-nous qu'à un changement des modes par lesquels on accède à l'art. La contemplation de l'oeuvre d'art, prise jadis essentiellement au sens intellectuel, est réinvestie aujourd'hui d'une signification différente : elle devient, par le canal des images, une approche sensible de la création. C'est ce que René Huyghe, dans Dialogue avec le visible, répond à ceux qui condamnent la « civilisation de l'image » parce qu'ils « méconnaissent les possibilités qu'elle offre en contrepartie de ses dangers » : « Rien n'empêchera la civilisation moderne de se plier aux exigences croissantes de la vitesse et de la machine ; rien n'empêchera le primat de la sensation, mieux adaptée aux conditions actuelles, de succéder à celui de l'idée, qui lui-même succédait à celui des forces sensibles.

« II apparaît de plus en plus clairement aujourd'hui que la culture de l'écrit et la conception de l'art sur lesquelles areposé notre civilisation pendant des millénaires sont actuellement mises en cause par la civilisation de l'image.Celle-ci a développé ses moyens propres au rythme des innovations technologiques qui caractérisent l'èreindustrielle.

Les apparitions successives de la photographie (début du xixe s.), du cinéma (fin du xixe s.) et de latélévision (milieu du xxe s.) ont jalonné cette évolution qui se perpétue de nos jours avec l'apparition de nouvellesimages créées par l'électronique.

Le bouleversement engendré par cette mutation culturelle suscite depuis plus d'unsiècle, et particulièrement chez les intellectuels, un vif débat d'idées.

Pour certains, les images sont en voie des'assurer une dangereuse emprise sur notre civilisation : elles nuisent à la contemplation des œuvres d'art enplaçant entre celles-ci et le public l'écran de leur kaléidoscope confus.

Elles ne permettent ni le recueillement, ni laréflexion que suppose l'approche d'un univers esthétique.

On ne saurait négliger ces critiques et il serait innocent decroire l'image sans dangers.

Elle comporte indéniablement un pouvoir d'illusion qui s'accorde mal avec une visionsereine de la création artistique.

Pourtant, l'image n'est pas étrangère à cette création.

Est-ce que créer, ce n'estpas d'abord voir et donner à voir? On pourrait, dès lors, souligner les virtualités esthétiques des arts de l'image etproposer une maîtrise de sa prolifération, un apprentissage de son langage, comme moyen d'accès au monde visible,au monde sensible, au monde des idées et de la beauté.

L'image pourrait ainsi nous inviter à une autre relation avecl'art vivant.On a très tôt reproché à l'image son immédiateté et son caractère mécanique : en faisant irruption dans laconscience avec rapidité, elle ne permettrait aucun délai de réflexion, aucune distance par rapport à son objet.

Lapensée réflexive, supposant un retour en arrière sur les sujets qu'elle veut embrasser, ne pourrait ainsi pluss'exercer, prise dans le vertigineux déferlement des images.

De surcroît, le caractère mécanique de leur productionsignifierait la fin de toute création puisque l'homme déléguerait en quelque sorte à la « machine enregistreused'images » (caméra, appareil photographique, etc.) son propre pouvoir, son propre regard, ses propres facultésimaginatives.

Il en résulterait un dangereux appauvrissement culturel, d'autant plus redoutable que cinéma ettélévision savent capter aujourd'hui l'attention du spectateur par tout un jeu de séduction.

Séduction de la facilité,tout d'abord : la consommation des images ne suppose pas, a priori, un grand effort.

D'autant que les conditionsmatérielles des spectacles audio-visuels, le rassemblement de foules dans des salles obscures et confortables,l'amplification de sensations et la continuité du flux d'images ne peuvent que favoriser la passivité du «consommateur », peu à peu privé de tout sens critique, glissant dans une torpeur seulement troublée par desscènes violentes dont l'effet même finit à la longue par s'émousser.À cette séduction de la facilité s'ajoute celle du plaisir.

Un plaisir élémentaire qui exclut toute dimensionintellectuelle mais qui satisfait l'affectivité en en comblant les vides.

D'où la fascination pour les vedettes de l'écran: phénomène d'identification classique qui conduit le spectateur à oublier pendant un moment sa proprepersonnalité, les contraintes de son existence pour se fondre dans l'image flatteuse de la « vamp » ou du «superman ».Pris dans ce processus, le consommateur d'images est victime des mythologies les plus ressassées : fasciné, hébétépar la prolifération de signes sur l'écran, il absorbe de surcroît une foule de stéréotypes.

L'évasion à bon compte, lasentimentalité la plus plate, les émotions faciles des films d'action constituent la trame indéfiniment exploitée decette sous-culture infantilisante qui fait de l'image une sorte de drogue douce.

S'y accoutumer serait accepter leconditionnement par le cliché, le règne de la bêtise satisfaite.

Ce serait succomber à la pure magie de l'image quilaisse croire à l'identité entre l'objet et sa représentation.Or la contemplation de l'œuvre d'art ne peut s'accommoder de cette prolifération de l'image-opium, instrument detoutes les illusions, de toutes les mystifications.

Elle ne peut s'accommoder de la dispersion, de la confusion et de lafacilité parce qu'on ne peut la réduire à une pure sensation.

Regarder un tableau, une sculpture, un monumentsuppose une certaine forme de recueillement propice à la méditation.

Cette contemplation requiert également uncertain temps que l'image, trop fugace, ne préserve pas toujours.

Enfin, elle demande un effort de pensée et déjàune culture, c'est-à-dire un ensemble maîtrisé de connaissances qui permet d'accéder non seulement à la visionmais aussi à la compréhension des signes de l'œuvre d'art.

Or la prolifération des images aboutit souvent à lanégation de leur dimension symbolique et esthétique.Doit-on pour autant considérer que, en toutes circonstances, l'image tue la vision? Ne peut-elle au contrairel'éveiller, la transformer? Il faut se garder des évaluations sommaires : pour qui sait voir, l'image peut être unextraordinaire révélateur du monde sensible.Le règne actuel des images semble nous écarter de l'art mais peut-être n'assistons-nous qu'à un changement desmodes par lesquels on accède à l'art.

La contemplation de l'œuvre d'art, prise jadis essentiellement au sensintellectuel, est réinvestie aujourd'hui d'une signification différente : elle devient, par le canal des images, uneapproche sensible de la création.

C'est ce que René Huyghe, dans Dialogue avec le visible, répond à ceux quicondamnent la « civilisation de l'image » parce qu'ils « méconnaissent les possibilités qu'elle offre en contrepartie deses dangers » :« Rien n'empêchera la civilisation moderne de se plier aux exigences croissantes de la vitesse et de la machine ; rienn'empêchera le primat de la sensation, mieux adaptée aux conditions actuelles, de succéder à celui de l'idée, qui lui-même succédait à celui des forces sensibles.

C'est donc le visuel, son prestige, ses pouvoirs immenses qui doiventêtre mis en œuvre pour préserver l'équilibre de la vie intérieure des hommes.La curiosité croissante dont l'art, et surtout la peinture, ancienne et moderne, sont l'objet de la part du public,l'intérêt que celui-ci porte aux musées, aux publications illustrées sur les grands artistes, le prestige de certainsd'entre eux, dont le nom illustre rivalise avec ceux des vedettes de cinéma les plus mondiales (n'est-ce pas,Picasso?) tout cela montre de quelles armes la culture dispose toujours, à condition de ne se point retrancher dansune morgue dépitée.L'art, qui répond à l'avidité sensorielle de notre temps, peut s'insinuer par la brèche qu'offre la psychologie moderne.Partant de la sensation, familière à nos contemporains, il peut développer toutes les valeurs affectives et spirituelles. »

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