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« L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. II est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. »

Publié le 21/12/2021

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« Exercer son art ne doit pas conduire l'écrivain à oublier les autres. C'est ce qu'Albert Camus soulignait en 1957, lors de la remise de son prix Nobel : « L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.

II est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.

» Pour l'auteur de L'Étranger et de la Peste, l'artiste doit donc s'efforcer de rencontrer la communauté humaine.

Loin de s'isoler, il doit chercher pour communiquer avec ses semblables le langage le plus universel, celui de l'émotion, et quelle image plus émouvante pourrait-il donner aux hommes que celle de leurs propres sentiments, de leurs propres épreuves joyeuses ou souffrantes? Toutefois la conception de l'artiste formulée par Camus ne saurait rendre compte de toutes les voies de la création littéraire.

Certains écrivains n'ont-ils pas fait de leur œ uvre un éloge de la solitude, un refus de l'engagement, une critique des sentiments « communs » ? Partant de la formule de Camus, on peut dès lors proposer une définition un peu différente de l'art d'écrire.

Écrire : s'isoler pour retrouver les autres, susciter une émotion et une réflexion moins communes que nouvelles par le moyen d'une création authentique. À première vue, il apparaît clairement que l'écriture littéraire est, pour celui qui la pratique, une forme de communication avec autrui.

Publier un livre, c'est en effet, au sens strict, le rendre public, l'offrir au lecteur.

Écrire peut donc être considéré comme une façon de s'ouvrir au monde en s'adressant, comme le dit Camus, au « plus grand nombre d'hommes ».

Cette volonté de communiquer s'affiche d'ailleurs bien souvent dans des préfaces, avant-propos et dédicaces qui instaurent, alors même que l' œuvre est ouverte par le lecteur, une sorte de dialogue imaginaire entre l'auteur et lui.

Ainsi Baudelaire s'adresse, à l'orée du recueil des Fleurs du mal, au lecteur qu'il nomme : « mon semblable, mon frère ».

Et c'est à la France tout entière que Michelet dédie son histoire de Jeanne d'Arc : « Souvenons-nous toujours, Français, que la Patrie chez nous est née du c œur d'une femme...

» L'apostrophe au lecteur laisse alors place à un « nous » collectif dans lequel l'écrivain réunit l'ensemble des humains rassemblés autour de lui par leur communauté de sentiments ou par l'expérience historique d'une même génération. Dans le corps même de l' œuvre, le souci d'une communication avec le public peut se faire jour : l'écrivain s'emploie à justifier tel ou tel aspect de sa pensée ou bien encore il profite de son livre pour adresser un appel à ses contemporains.

C'est ainsi qu'Aragon, dans La Diane française, recueil de poèmes écrits pendant les années noires de la Seconde Guerre mondiale, invite les hommes et les femmes de son pays à résister à l'ennemi : « Entendez Francs-Tireurs de France L'appel de nos fils enfermés Formez vos bataillons formez Le carré de la délivrance ». La volonté de l'écrivain de transformer et de transcender son œuvre en une œuvre collective, résonnant de tous les battements de cœ ur d'un pays, répond, à l'évidence, au besoin d'échapper à la solitude et au repli sur soi que la guerre peut engendrer. Cette dimension collective de l' œuvre littéraire n'est peut-être jamais aussi sensible qu'au théâtre.

Écrire pour la scène, c'est oser une confrontation directe, immédiate entre sa création et le public.

Pour que cette confrontation devienne une communion, le poète dramatique doit « être les autres », selon la formule de Victor Hugo : il doit donner l'occasion aux spectateurs de se reconnaître dans l' œuvre représentée, il doit toucher leur sensibilité.

La littérature n'est donc pas seulement une façon de communiquer avec un public : elle peut être, et doit être, selon Camus, un moyen de l'émouvoir. En effet, vivre comme le voulait l'écrivain « au niveau de tous » suppose que l'artiste. »

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