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« la poésie est un moyen de connaissance, un des moyens d’apprendre le monde » Eugène Guillevic

Publié le 17/05/2020

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« Horace disait « Ut pictura poesis », la poésie est une peinture.

Des siècles plus tard, cette citation résonne encore de manière moderne comme une vérité indéniable.Peinture de l'âme, des sentiments et de la ville comme de la nature, la poésie offre à l'homme un moyen d'expression sans égal aux fonctions variées.

Qu'elle soitlyrique ou engagée, elle séduit depuis la nuit de temps et est considérée à la fois comme un chant de l'âme et comme un instrument d'action ou de connaissance.Eugène Guillevic, poète français de la fin du XIXe siècle – à la verve dépouillée, précise et très travaillée – voyait la poésie d'une manière bien spécifique.

Il disaitd'ailleurs que « la poésie est un moyen de connaissance, un des moyens d'apprendre le monde ».

Quelle pertinence faut-il accorder à ce propos ?Pour répondre à cette question, il nous faut d'abord nous intéresser à la thèse soutenue par le poète et étudier l'intérêt de la dimension lyrique arborée par la poésie.Cependant, cette thèse n'est pas unique et il est possible de la contrer, en effet pour certain la poésie n'est qu'un banal ornement des pensées.

Malgré tout nous verronsqu'elle peut s'avérer un moyen d'enseignement utile et efficace, au même titre que d'autres types d'écrits. La poésie, trop souvent considérée comme une simple peinture de la nature est avant tout un moyen et non une fin, une source de plaisir esthétique et de suggestion.La langue a en effet deux fonctions essentielles : l'une utilitaire, celle de communiquer et l'autre artistique faisant du langage une œuvre de beauté.

La poésie faitalors appel à ce côté artistique, à l'irrationnel.

Il est question d'intuitions, de rêve et de sensibilité ; elle offre une manière toute différente d'apprécier le monde.

C'estuniquement par le biais de la poésie qu'un auteur peut véritablement exprimer les sentiments qui l'animent.

Certains mots, trop concrets, ne peuvent définitivementpas refléter les états d'âme d'un homme, c'est en cela que réside tout le pouvoir et l'intérêt de la suggestion.

La poésie est donc un moyen pour le poète d'extérioriserl'authenticité de ses émotions, de sa sensibilité et de ses tracas, notamment par le biais du registre lyrique.

La poésie lyrique centrée sur le « moi », chante le malheur,le bonheur, les doutes et les craintes de l'auteur, « […] c'est l'apothéose du sentiment » (Mme de Staël).

Anna de Noailles, dans J'écris, dit ainsi « J'ai dit ce que j'ai vuet ce que j'ai senti ».

Le poète, par l'utilisation du « je », se place en position centrale.

A travers ce « je » auquel chacun peut s'identifier, il incarne la conditionhumaine.

Les sentiments sont ainsi plus réels que n'importe quelle autre réalité.

On les ressent et les expérimente aussi bien que s'ils étaient palpables.

Les sentimentsne seraient-ils pas aussi réels et sérieux que tout autre sujet ? La poésie offre donc l'opportunité de se connaître avant de connaître le reste du monde et pousse àl'introspection.

Nombreux sont les auteurs, notamment romantiques, qui se sont livrés à leur tour à cette pratique.

En outre, la poésie est « la connaissance du réelincréé » selon René Char, contemporain de Guillevic, une connaissance aussi importante que celle des réalités scientifiques.

Finalement, la poésie c'est surtout laconnaissance de l'irrationnel.

Cependant, il ne faudrait pas croire qu'elle ne s'intéresse qu'à ce que l'on pourrait maintenant définir de « réalité lyrique » ou de « réalitédes sentiments ».Ainsi, si une grande partie des poèmes permettent à l'écrivain – et par extension à l'homme – de prendre conscience de lui-même, la poésie permet également encertaines occasions de pénétrer dans le monde réel et de l'explorer.

Certains écrits, forts de l'influence de l'univers qui les entoure, donnent à voir la nature au lecteur.C'est le cas dans Les Orientales d'Hugo qui en plus de nous plonger dans une sorte de peinture mouvante du monde, nous ouvre à d'autres cultures, faisant découvrirpaysages, us et coutumes des pays orientaux.

D'autre part, un certain nombre de poèmes, qui appartiennent au genre que l'on s'accorde à qualifier de poésiedescriptive, sont spécialement détaillés et se rapprocheraient presque de l'ekphrasis.

A travers ces poèmes, les lettrés décrivent le monde et ses changements.

C'est lecas dans Les Saisons (de De Saint Lambert), recueil de poésie descriptive qui parcourt en quatre chants le cours de l'année décrivant l'enchaînement des saisons, lesphénomènes météorologiques, les travaux de la campagne, la vie de tous les jours et ce qui s'en suit.

Cependant la poésie ne se cantonne pas à une simple descriptionde la nature, en effet nombreux sont les poètes qui vont jusqu'à porter aux nues la beauté des paysages urbains.

Ainsi, dans son « Rêve Parisien », Baudelaire fait lalouange de ce « palais infini » qu'est la ville.

Si les descriptions ne sont pas toujours aussi explicites que celles proposées par les poèmes du recueil Les Saisons, ellespeuvent tout de même laisser entrevoir les paysages par intuition.

Des paysages adroitement cachés derrière de belles métaphores qui leur confèrent un côtépittoresque et grandiloquent.

La poésie est donc un genre qui a su s'affirmer et que l'on retient comme un moyen d'expression et de connaissance du monde et de soi-même.

Pourtant, certains la voient comme un banal ornement de la pensée, tendant parfois à la mystification. En effet, si le souci de la forme et du rythme est omniprésent chez les poètes, il occulte parfois toute utilité autre qu'esthétique à la poésie ; comme l'affirmait PaulValéry « l'art vit de contraintes et meurt de liberté ».

Seulement il est justifié de nous demander si cette idée de l'« Art pour l'Art » est réellement légitime.

La poésiepeut elle exister si elle ne sert à rien ? D'autre part on peut rattacher à ce concept poétique les démarches d'Henri Michaux – notamment dans son poème « Le GrandCombat » – qui quant à lui écrivait dans une langue inventée en ne nourrissait qu'un unique but : celui d'atteindre l'Harmonie.

Ainsi, la poésie semble petit à petits'éloigner de la réalité pour enfin s'en détacher totalement ; il est dès lors impossible de la voir comme un moyen de connaissance ou d'apprentissage.

Comme noussommes loin alors de cette déclaration de Giono : « Le poète doit être un professeur d'expérience.

A cette seule condition, il a sa place à côté des hommes quitravaillent et il a droit au pain et au vin ».

Mais cette recherche de l'harmonie à tout prix ne s'arrête pas à la recherche de sonorités parfaites, elle s'illustre égalementpar la naissance et l'utilisation de calligrammes, comme ceux d'Apollinaire.

La recherche du beau et le privilège du visuel, du rythme et de la sonorité prennent ainsile pas sur la recherche du sens.

La poésie se transforme en un art que l'on ressent sans pouvoir le comprendre.

D'autre part elle peut être considérée comme un simpleornement de l'élocution tendant à leurrer les hommes, trop souvent bercés par les beaux mots d'habiles poètes.

Platon considérait même les poètes comme dangereuxet voyait en eux trop de puissance occulte pour qu'ils puissent résider dans la cité ; l'idée (développée par Hugo) que le poète est un prophète investi d'une tâchedivine confirme les intuitions de Platon : les poètes pourraient en effet s'avérer des hommes dangereux.Cependant si la poésie semble être en de nombreuses occasions un art qui se suffit excessivement à lui-même, on lui reprochera également son manque d'accessibilité.En effet, la poésie présente un caractère ésotérique qui la rend peu compréhensible, voire élitiste.

Mais les poètes recourent également trop souvent à un langagehermétique et obscur qui les coupe de leurs lecteurs.

Il n'est pas étonnant de s'apercevoir qu'aujourd'hui la poésie reste une affaire d'initiés.

Aussi, le manque derationalité des sujets abordés attire parfois le mépris, par exemple dans Une Saison en Enfer de Rimbaud, le jeune homme oscille entre calme extatique et grandesaventure prométhéennes.

Folie et hébétude silencieuse se succèdent, l'esprit vacille et la raison s'égare… le poète s'embarque seul dans une sorte de délire mystiquedans lequel le lecteur ne le suivra pas forcément.

Ainsi l'art, dont la Poésie, est bien « […] un luxe intellectuel accessible à de très rares esprits » (Leconte de Lisle).La poésie semble ici une notion vague et nébuleuse aux yeux du plus grand nombre, idée difficile à accepter pour le grandissant effectif de personnes uniquementsensibles à l'utilité pratique et aux écrits qu'ils jugent intéressants.

Pour autant la poésie ne pourrait-elle pas aborder des sujets sérieux au même titre que d'autrestypes d'écrits plus cartésiens ? Quoiqu'il en soit, il est indéniable que la poésie est une perpétuelle source de plaisir ; ce plaisir peut malgré tout être mis au service de certaines causes tenant à cœuraux auteurs, c'est ce que l'on appelle la poésie engagée.

Tandis que certains auteurs comme Verlaine refusent que la poésie soit asservie à un banal engagement etrevendiquent « De la musique encore et toujours ! », d'autres écrivains se servent de la poésie comme d'une arme au service de leurs idéaux.

Cette poésie engagéeprend son essor pendant le XIXe siècle, notamment après la Révolution.

Elle reste cependant toujours très actuelle, au XXe siècle, Robert Desnos dressait encore unportrait virulent du Maréchal Pétain dans son poème « Maréchal Ducono ».

La poésie peut donc aider le poète à éveiller la conscience de ses contemporains, àtransformer une société qui le révolte.

C'est une forme d'art qui peut à la fois réjouir les âmes et donner à réfléchir, mettant les hommes face à leur société et leurfaisant comprendre ses défauts.

Ce type de poésie est le moyen d'expression privilégié par les opposants aux régimes totalitaires.

Par exemple, Les Châtiments d'Hugomettaient en place un violent réquisitoire de Napoléon III.

On va même jusqu'à dire que « La poésie est une insurrection ».

Ainsi, l'esthétique de ce style littérairepeut être mise au service de causes importantes, permettant à l'homme de prendre conscience de son monde, de sa situation, et de tout mettre en œuvre pour les faireévoluer.

Toutefois, cette poésie ne pourrait être sans l'intervention de poètes bien décidés à faire évoluer les mentalités.En effet, la poésie peut servir à « réveiller le peuple » comme le disait Hugo.

Les productions artistiques sans intérêts sont ici mises de côté, on en revient aux joyauxde la littérature dans lesquels l'artiste a tenté d'investir tout son pouvoir de subversion.

Beaucoup d'hommes de lettre – surtout à la fin du XIXe siècle avec l'affaireDreyfus – se sont acquittés d'une mission politique.

Sorte de poètes prophètes, ils s'attachaient à civiliser le monde, conscients à la fois du passé, du présent et dufutur, comme Hugo dans La légende des siècles.

Ces quelques poètes engagés font alors figure à la fois d'artistes et d'hommes politiques.

Le réveil du peuple sembleainsi pouvoir s'effectuer autant à partir du discours réaliste des politiques que du lyrisme poétique.

L'apparition de la passion entraîne indéniablement le regaind'intérêt du peuple, cette passion est cependant en inadéquation avec la pâle et morne élocution d'un discours politique.

Là où les gouverneurs nous affabulent de. »

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