La pauvreté
Publié le 16/05/2020
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La pauvreté La pauvreté se définit économiquement comme étant l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à l'eaupotable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources immatériel comme l'accès àl'éducation, l'exercice d'une activité valorisante, le respect reçu des autres.
Cependant la pauvreté, généralement non-désirable etgénératrice de souffrances, prend un sens différent, voire vertueux, dans un contexte religieux ou spirituel : on parle de vœu depauvreté, de renonciation aux « biens matériels », comme condition d'écoute optimale de Dieu.
Mais dans ce cas, pouvons nousréellement parler de pauvreté? Ceux qu'on honore comme de saintes personnes, parce qu'ils ont choisi la pauvreté, n'ont jamais étépauvres.
D'abord parce qu'ils ont choisi une situation, ils ont maîtrisé leurs choix de vie.
Ensuite, ils sont d'une grande richesseintérieure morale et spirituelle.
Enfin, ils ont toujours la possibilité de «revenir en arrière», ce qu'un pauvre ne peut faire.
La relationentre pauvreté et vertu est donc à nuancer.
Ainsi o n s'interrogera d'abord sur la question de savoir en quoi la pauvreté n'est pas un obstacle à la vertu, puis en quoi elle gâte la vertu et enfin en quoi la pauvreté crée les conditions qui rendent la vertu difficile.
La pauvreté n'est pas un obstacle à la vertuI.
Dans la religion catholique, on insiste sur la distinction entre "pauvreté" et "misère".
La pauvreté peut alors se définir comme l'état decelui qui a juste de quoi satisfaire ses besoins. Quant à la richesse, elle consiste à avoir bien plus que ce qui est nécessaire et elle est constitutive de la pauvreté.
Par exemple dans les sociétés primitives, la relative égalité économique implique qu'il n'y a pas depauvreté et personne ne peut, voire ne doit vouloir plus que les autres.La pauvreté ainsi entendue n'est pas un obstacle à la conduite morale.
Dans L'avare de Molière, Marianne et sa mère sont pauvres sans être misérables.
Marianne reste vertueuse malgré cette pauvreté du fait qu'elle obéit à sa mère et refuse d'aller à l'encontre de lamorale familiale malgré son inclination envers Cléante.La pauvreté n'est pas un obstacle à la vertu puisque c'est au contraire du côté de la richesse que se situent des mauvaiscomportements comme l'avarice ou le gaspillage alors que l e pauvre partage, il agit pour faire vivre sa famille. La pauvreté peut même être recherchée : c'est l'ascétisme décrit par Georg Simmel, philosophe et sociologue allemand du XIX° siècle, qui voit dansl'argent au mieux quelque chose d'indifférent, au pire une source de tentation.
A insi il donne l'exemple des moines bouddhistes ou des Franciscains qui ontsouhaité la pauvreté pour la vertu.Cependant, il n'en reste pas moins vrai que le pauvre est à première vue négatif et que la riches se fait le prestige.
Dès lors, n'y a-t-il pas dans la pauvretéune situation qui empêche la vertu? La pauvreté gâte la vertuI.
On peut distinguer la pauvreté volontaire de la pauvreté involontaire.
La première semble liée à une exigenc e morale, mais la seconde est subie.
Dans lesdeux cas, leur rapport à la vertu est rendu difficile.
Les pauvres volontaires, comme les moines mendiants par exemple, accèdent peut-être à Dieu ou ausalut mais ils montrent une obsession de l'argent.
Et surtout ils sont d'une inutilité sociale certaine car, sans les dons des autres, ils ne pourraient pasvivre.
Ils vivent donc du travail des autres.
Il en va de même de la princesse d'Oviedo dans le roman L'argent d'Emile Zola.
Elle finit pauvre volontairement puisqu'elle est endettée après avoir dépensé la fortune de son mari.
Or, la charité dont elle a fait preuve n'a en aucuncas permis quoique ce soit d'autre que de gaspiller.
Ainsi, il y a bien une proximité entre la pauvreté volontaire et l'avarice commeSimmel l'a vu dans son analyse des pathologies de l'argent dans son ouvrage Philosophie de l'argent paru en 1900. En faisant de l'argent une sorte de mal absolu, l'ascète l'érige en un rôle majeur.
La pauvreté volontaire ne serait alors qu'une apparence de vertu.Quant aux pauvres involontaire, ils ne peuvent être non plus vertueux.
Toujours dans l'Avare, Mariane accepte une quasi vente, ellerefuse d'écouter son inclination pour Cléante et accepte d'épouser Harpagon pour son argent.
Quant à sa mère, nous pouvons direqu'elle vend sa fille.
On peut donc dire que la pauvreté pousse au vice.
La pauvreté paraît une faute morale et la richesse une valeurmorale comme Simmel le fait remarquer.
Les faits sont là : on chasse le mendiant des villes mais on ne prête qu'aux riches.Cependant, on ne peut attribuer qu'à la pauvreté le vice car cela reviendrait à nier cet effort qu'est la vertu.
Comme la pauvreté n'estpas non plus neutre, dès lors, on peut s'interroger sur la possibilité pour elle de gâter la vertu en tant qu'elle la rend difficile.
La pauvreté rend la vertu difficileI.
Si la vertu au sens morale n'est pas rendue absolument impossible par la pauvreté, toutefois, elle la rend difficile à tel point qu'elle lagâte dans le sens où elle en rend l'exercice plus délicat.
Chamfort disait « Il n'est vertu que pauvreté ne gâte.
Ce n'est pas la faute du chat quand il prend le dîner de la servante.
» On peut comprendre qu e la pauvreté donne l'occasion de commettre des fautes là où justement la richesse l'évite.
Le chat ne peut pas ne pas manger et il symbolise la pauvreté.
Mais la servante qui a pris soin depréparer le dîner, est également pauvre.Il y a des vertus que la pauvreté ne permet pas.
Simmel note que l'argent donne un plus, le superadditum.
La pauvreté elle donne unmoins.
La pauvreté gâte bien la vertu au sens de la rendre difficile de tous les côtés.
C'est que l'argent est un pouvoir.
Le prodiguemontre que le mépris de l'argent présuppose l'argent.
Le pauvre, lui, subit sa puissance et ne peut qu'y être soumis.
Selon Simmel,l'argent donne les moyens sans quoi il n'est pas possible de faire grand-chose.
C'est pour cela que lorsque la pauvreté se mue en sonextrême, la misère, il n'y a qu'horreur qu'elle rend possible.
Conclusion :Nous pouvons conclure qu'en tant que vertu morale la pauvreté est indifférente, s'il est vrai qu'agir vertueusement, c'est ne pas tenircompte de son intérêt.
Et pourtant, il est ensuite apparu que la pauvreté excluait la vertu en tant qu'elle pousse à mal agir.
Finalement,c'est surtout parce que la pauvreté prive de moyens, qu'elle gâte la vertu, en la rendant difficile, voire en lui ôtant les conditions de sonexercice.
Toutefois en 2008 paraît le roman La puissance des pauvres de Majid Rahnema et Jean Robert.
Ces deux auteurs défendent la puissance des pauvres et en appellent à la philosophie, notamment à Spinoza qui définissait l'homme selon une dichotomiefondamentale : la Puissance et le Pouvoir.
« La puissance, immanente de chaque individu, est le fruit d'une maîtrise et plénitudeintérieure tandis que le pouvoir, d'origine exogène, est l'exercice d'une force d'intervention sur les autres ».
Le pouvoir étant biensouvent l'expression d'un manque de puissance.
Face au pouvoir aliénant des sociétés occidentales, il existe des sociétésrévolutionnaires constituées d'individus sans pouvoirs qui se régiraient d'eux-mêmes autour de leur propre raison.
La richesse nefournirait alors que le pouvoir, tandis que la pauvreté serait garante de puissance ce qui est plus honorable..
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