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La Bête humaine ( 1890 ) , Emile Zola Commentaire Littéraire : extrait du chapitre X ( la « mort » de la Lison )

Publié le 15/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : La Bête humaine ( 1890 ) , Emile Zola Commentaire Littéraire : extrait du chapitre X ( la « mort » de la Lison ) Ce document contient 1753 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Passage« Elle, la Lison, il la reconnaissait bien, et elle lui rappelait tout, les deux pierres en travers de la voie, l'abominablesecousse, ce broiement qu'il avait senti à la fois en elle et en lui, dont lui ressuscitait, tandis qu'elle, sûrement, allaiten mourir.

Elle n'était point coupable de s'être montrée rétive ; car, depuis sa maladie contractée dans la neige, iln'y avait pas de sa faute, si elle était moins alerte ; sans compter que l'âge arrive, qui alourdit les membres et durcitles jointures.

Aussi lui pardonnait-il volontiers, débordé d'un gros chagrin, à la voir blessée à mort, en agonie.

Lapauvre Lison n'en avait plus que pour quelques minutes.

Elle se refroidissait, les braises de son foyer tombaient encendre, le souffle qui s'était échappé si violemment de ses flancs ouverts, s'achevait en une petite plainte d'enfantqui pleure.Souillée de terre et de bave, elle toujours si luisante, vautrée sur le dos, dans une mare noire de charbon, elle avaitla fin tragique d'une bête de luxe qu'un accident foudroie en pleine rue.

Un instant, on avait pu voir, par sesentrailles crevées, fonctionner ses organes, les pistons battre comme deux cœurs jumeaux, la vapeur circuler dansles tiroirs comme le sang de ses veines ; mais, pareilles à des bras convulsifs, les bielles n'avaient plus que destressaillements, les révoltes dernières de la vie ; et son âme s'en allait avec la force qui la faisait vivante, cettehaleine immense dont elle ne parvenait pas à se vider toute.

La géante éventrée s'apaisa encore, s'endormit peu àpeu d'un sommeil très doux, finit par se taire.

Elle était morte.

Et le tas de fer, d'acier et de cuivre, qu'elle laissait là,ce colosse broyé, avec son tronc fendu, ses membres épars, ses organes meurtris, mis au plein jour, prenaitl'affreuse tristesse d'un cadavre humain, énorme, de tout un monde qui avait vécu et d'où la vie venait d'êtrearrachée, dans la douleur.

» Commentaire Littéraire Introduction : Dans la lignée du Balzac de La Comédie Humaine, Emile Zola, romancier naturaliste, a voulu peindretous les milieux sociaux du Second Empire, à travers l'histoire d'une famille sur plusieurs générations, Les Rougon-Macquart.

Le roman La Bête Humaine (1890) sera ainsi consacré au chemin de fer et à Jacques Lantier chez qui la« fêlure héréditaire » va se transformer en folie criminelle.

Ce passage, situé au chapitre X, est l'un des pluscélébres du roman: La locomotive, La Lison, dont Jacques est le mécanicien, vient de dérailler : l'accident a étéprovoqué par une jeune femme, Flore, amoureuse de Lantier et jalouse de Séverine, la maîtresse de Jacques quivoyage dans l'express.

La catastrophe est spectaculaire, mais Jacques, blessé, est indemne.

Il vient à peine dereprendre conscience et, indifférent aux deux femmes agenouillés prés de lui, ne voit que l'état pitoyable de samachine.

Nous allons montrer comment se mêle à l'évocation réaliste d'une catastrophe ferroviaire une scèneparticulièrement émouvante.

Pour cela, nous verrons d'abord que La Lison est un véritable personnage, puis nousétudierons l'évocation d'une agonie que Zola transforme en scène véritablement pathétique. I ) La Lison A ) La machine Il y'a d'abord une description précise qui repose sur une documentation détaillé, conforme à la démarche duromancier naturaliste qui s'est renseigné sur les accidents ferroviaire, dont l'un survenu en 1889.

On remarquel'emploi d'un lexique technique, tel que l'utiliserait un expert pour désigner l'intérieur de la locomotive à vapeur : « les braises » , « foyer », « mare noire de charbon », « on avait pu voir...

les pistons battre...

la vapeur circuler dansles tiroirs », « les bielles » ; pour l'extérieur : « tas de fer, d'acier et de cuivre », B) Un personnage romanesque 1) « La bête humaine » : pendant tout le roman, la locomotive est personnifiéée en un être féminin ou comparée àun cheval, surtout à « une cavale ».

Elle est un personnage à part entière.

Ici, une métaphore la compare à unejument « rétive », « une bête de luxe ».

On retrouve la personnification avec le surnom féminin donné par Jacques« La Lison »; elle a un corps qui souffre d'ou une série de comparaisons : « on avait pu voir...

les pistons battrecomme deux coeurs jumeaux...

; pareilles à des bras convulsifs , les bielles ...

» ; une métaphore filée fait de lamachine un être vivant : le bruit de la vapeur est « le souffle qui s 'était échappé de ses flancs », puis « unepetite plainte d'enfant » ; les pièces qui la composent sont « des entrailles », « ses organes », « son tronc...sesmembres...

».

La locomotive est « blessée à mort », connaît une « agonie », puis devient un « cadavre humain ».Mieux encore, elle est pourvue d' « une âme » qui en faisait « une force vivante ». 2) Une héroine épique : on trouve des expressions hyperbolique qui transforment la machine en animal fabuleux ouen personnage d'épopée : « un cadavre...

immense » , « une haleine immense », « la géante...

s'endormit », « cecolosse ».

Le registre épique se retrouve aussi dans des expressions qui désignent l'accident dont la Lison estvictime « abominable secousse », « affreuse tristesse...

de tout un monde ». Ainsi, grâce à ces procédés, Zola va-t-il décrire la fin de la locomotive comme la mort d'un être vivant. II ) L'évocation d'une agonie A) La progression dramatique Les repères temporels rythment le passage, ainsi que les sensations visuelles et tactiles associées à la vapeur qui. »

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