L'oeuvre de JULES VALLÈS

« LA CARRIÈRE DE VALLÈS Jules Vallès est né au Puy-en-Velay, d'un père répétiteur et d'une mère de souche paysanne.

Ilpasse, entre sa famille et le collège, une enfance privée de tendresse.

Il vient à Paris en 1849pour se préparer à l'École Normale, mais le joug universitaire l'effraie; il préfère l'indépendance àla sécurité.

Il est tour à tour secrétaire de Gustave Planche, professeur libre, chroniqueurfinancier, expéditionnaire.

En 1857, il publie à Nantes son premier ouvrage, L'Argent.

Il fait paraître ensuite, sous le titre Les Réfractaires (1866), une série d'études sur les bohèmes et les déclassés de la vie parisienne; et il devient le rédacteur en chef d'un journal, La Rue.

Après le 4 septembre 187o, il s'affilie à l'Internationale, dirige Le Cri du peuple et prend part à la Commune.

Exilé, il se réfugie en Angleterre, puis, à son retour, reprend avec plusd'acharnement que jamais son activité de polémiste au Cri du peuple.

De 1879 à 1886 paraît, sous le pseudonyme de Jean la Rue, sa trilogie Jacques Vingtras (L'Enfant, 1879, Le Bachelier, 1881„ L'Insurgé, 1886). LE TEMPÉRAMENT DE VALLÈS Jules Vallès ne prétend pas à l'objectivité, comme les romanciers de l'école naturaliste.

Il est lui-même un « réfractaire », un « insurgé »; il vit en perpétuel état de révolte contre la famille,contra la bourgeoisie, et d'une façon générale contre une société marâtre, qui condamne à lamisère ceux qui ne s'abaissent pas à être ses laquais.

Ses romans, en grande partieautobiographiques, expriment sa rancoeur par des explosions de haine farouche ou par unhumour amer, qui laisse deviner son désespoir : « Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter lesenfants, et elle me fouette tous les matins; quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pourmidi, rarement plus tard que quatre heures...

C'est pour mon bien; aussi, plus elle m'arrache decheveux, plus elle me donne de taloches, et plus je suis persuadé qu'elle est une bonne mèreet que je suis un enfant ingrat.

» Ses oeuvres ont pourtant l'accent de la chose vue.

Jules Vallès, jusque dans son exaltation, demeure lucide.

Il possède un sens aigu de l'observation;certains de ses portraits sont dessinés avec un réalisme cru et haut en couleurs.

Son styleenfin est d'une admirable fermeté.. »