Kléber Haedens: «Lorsque le romancier laisse imprimer le mot « roman » sur la couverture de son livre, il prend l'engagement de distraire »

« Dissertation : Le roman est de tous les genres littéraires, celui qui connait le plus grand succès auprès des lecteurs.

Aussi croisons-nous souvent des gens plongés dans la lectured'un roman, à la terrasse d'un café ou sur un banc dans un parc.

Il est donc naturel de s'interroger sur les rôles du genre romanesque.Dans Paradoxe sur le roman, Kléber Haedens écrit : «Lorsque le romancier laisse imprimer le mot « roman » sur la couverture de son livre, il prend l'engagement dedistraire ».

Ainsi le roman remplit-il obligatoirement une fonction de divertissement ? En réponse à cette question nous étudierons la fonction de distraction duroman, ses autres buts et sa faculté d'allier divertissements et autres objectifs. En premier lieu, le roman peut avoir pour finalité de distraire.En effet, le roman peut être une occupation et un passe temps agréable pour le lecteur.

C'est une source de plaisir, tant par la beauté de l'écriture que par sa facultéd'amuser.

Pour être pleinement apprécier le roman doit plaire, il doit éveiller notre curiosité, nous intriguer comme dans un roman policier tel que Le chien desBaskerville, de Conan Doyle dans les enquêtes de « Sherlock Holmes » ; c'est l'histoire d'un chien énorme, d'une créature fantomatique qui serait à l'origine de lamort d'un Baskerville et d'autres habitants, mais Holmes ne croit pas à cette histoire et commence une enquête pour découvrir la vérité sur ces morts.

Ce roman estléger dans un sens mais très prenant dans l'autre, l'auteur arrive à stimuler notre intérêt jusqu'à la fin du livre, il maintient notre curiosité jusqu'au bout et rendl'intrigue intéressante.

Le roman est un amusement calme, quand on le lit, on rit et commente intérieurement les actions du protagoniste.

Un roman amusant peutconsister simplement à suivre la vie quotidienne d'une personne comme dans Le Diable s'habille en Prada, de Lauren Weisberger où l'on suit le parcours d'une femmequi entre dans le monde de la mode alors qu'elle ne s'y connaît pas, on vit avec elle ses maladresses, ses fautes de goûts, et on en rit souvent.Ensuite on peut trouver le roman plaisant par son pouvoir d'évasion, il nous permet de quitter le monde réel et de rêver d'autres horizons… Par exemple, Parle leursde batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard est un roman qui nous transporte à travers les époques (celle de Michel-Ange), dans d'autres lieux parmi lescouleurs et les senteurs de l'Orient.

Dans de nombreux romans, l'évocation d'un cadre coloré et surtout différent du notre, suffit à nous faire voyager.

L'évasionentraine la détente, la relaxation de notre corps et de notre esprit.

Le divertissement passe par l'imagination et par l'accès à un autre monde, un monde irréel etgénéralement agréable et parfait.

Les mots nous permettent de nous éloigner du réel comme dans Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepúlveda, qui nousemmènent en plein cœur de la forêt verdoyante amazonienne et qui nous fait découvrir une autre civilisation.Pour finir le roman se doit d'éveiller le lecteur pour le distraire.

Il faut que l'auteur nous fasse rire, nous fasse pleurer ; que l'on s'attache au protagoniste, que l'onressente sa joie, sa tristesse, ses sentiments.

Par exemple dans Sœurs et amies de Danielle Steel on ressent le désespoir d'une artiste qui a perdu la vue, on voit la topmodel qui veut être aimée pour autre chose que sa beauté, on constate le vide affectif d'une présentatrice télé, et on comprend l'avocate qui travaille trop et regrette dene plus vivre sa vie.

Dans ce roman on suit la vie de quatre sœurs qui habitent ensemble suite à une catastrophe, on retrouve quelques aspects de notre personnalité enelles, on s'identifie en quelque sorte à ces personnages fictifs.

Les émotions que nous procure le roman sont un des principaux facteurs qui font de ce dernier undivertissement.Ainsi l'identification aux protagonistes, son pouvoir d'évasion, la stimulation de notre intérêt, les émotions et sa faculté d'amusement rend le roman distrayant.

Leroman peut donc nous distraire mais il peut aussi, en second lieu, viser beaucoup d'autres buts. Le roman peut nous enseigner diverses choses.

Il y est là pour nous enrichir, il nous apporte un savoir, nous apprend de nouveaux mots, de nouvelles expressions, ilsnous apportent des connaissances sur l'histoire du monde ou de la France, il enrichis notre culture général comme dans Histoire du XXe siècle, la fin du mondeeuropéen de Serge Berstain et Pierre Milza, où ils nous informent sur l'état économique et social du monde, leurs régimes politiques, les causes et les conséquencesdes guerres mondiales… Le roman peut nous transmettre des valeurs, nous faire connaître de nouvelles cultures, de nouvelles religions et de nouveaux modes de vies.On découvre à travers certains romans les inégalités économiques, les différences de classes sociales, les injustices.

Les auteurs engagés critiquent généralement leurrégime politique ou du moins ils expriment leur avis sur ce dernier, cela nous renseigne sur la vision politique et sociale des écrivains et des hommes d'autrefois.

Leroman nous aide apprendre des détails historiques où des grandes périodes de l'histoire comme par exemple les idéologies nationales socialistes de Adolf Hitler dansMein Kampf (Mon combat) qui constitue une introduction au national socialisme allemand et aboutira sur le système totalitaire de Hitler, ils peut aussi nous apporterdes connaissance sur des sujets plus actuels tels que l'art où la mode ou encore la littérature.

Le roman permet donc de cultiver, d'informer, de transmettre, et enconséquent d'éduquer le lecteur.Ainsi lors de la lecture d'un roman, on travaille sur nous même, sans même sans rendre compte, on développe notre imagination, notre réflexion.

Le roman nousincite à nous poser des questions sur la vie quotidienne, sur le comportement des hommes entre eux, sur les injustices du monde… Par exemple, on peut s'interrogersur la société de consommation qui nous entoure tout les jours et qui nous oppresse quelque fois ; dans Into The Wild de Jon Krakauer on voit le parcours d'un jeunehomme qui avait tous pour poursuivre une vie tranquille et sans surprise mais par dégoût de cette nécessité de consommer sans cesse, il décide de partir à l'aventuresans argent ni nourriture et s'installer en Alaska, avec pour seul contact, la nature.

On constate à travers ce roman que ce périple où il n'avait rien de plus que lestricte minimum, fut pour lui la période la plus heureuse et complète de sa vie.

C'est alors qu'on se demande si on a besoin de tout ce que l'on possède, ou si on vivraitheureux sans les superflus.

La lecture de roman nous permet donc de prendre conscience de tout ce qui nous entoure, d'y faire plus attention ; elle nous aide à évolueret à réfléchir sur la vie.

Le roman nous fait réagir, il nous enrichis psychologiquement.De plus par les romans que nous lisons, notre jugement, notre avis sur divers sujets ou notre vision de la vie peuvent changer.

Dans L'art du bonheur du Dalaï-Lama,on découvre une autre conception de la vie, une maîtrise de soi accomplie, une vie détendue, apaisée.

L'auteur nous fait comprendre le pourquoi du comment enchangeant notre façon de penser.

Le roman influe sur notre être.

Les auteurs peuvent aussi, défendre une cause, en faire l'éloge, dénoncer ou blâmer une société, parexemple dans La Curée, Emile Zola blâme le Second Empire sous Napoléon III et condamne la société qu'il à entrainer.

Il critique cette société de jouissance avecdes éléments concrets qui nous persuade presque que Paris sous cette Empire était vraiment devenu un lieu de débauche.

Le roman influence donc notre perception dela vie car les auteurs essaye parfois de nous convaincre sur ce qu'ils avancent et défendent, d'ailleurs ils visent généralement à nous faire passer un message à traversleurs récits.Après la distraction, l'éducation, la réflexion et l'influence que nous procure la lecture d'un roman, nous allons voir, en dernier lieu, que ce dernier peut allier lesdifférentes visées qu'il lui sont attribuées.D'une part, il peut combiner la distraction avec l'éducation.

En effet, les auteurs arrivent à nous faire connaître de nouveaux peuples, nous faire découvrir denouveaux arts ou encore à nous instruire les différentes religions dès notre plus jeune âge sans même que l'on s'en aperçoive.

Le roman est un bon moyen pourmasquer l'enseignement derrière une histoire qui captive notre intérêt et qui nous plait, il nous permet donc d'apprendre en s'amusant.

Les romans d'aventures,notamment, nous font découvrir le monde, nous instruisent divers détails de notre univers d'une façon ludique, comme par exemple le roman écrit par Daniel DefoeRobinson Crusoé ; personnage éponyme, qui, échoué sur une île, survécût seul pendant une longue période avec pour occupation la lecture de la bible, l'apprentissagede la poterie (…), jusqu'à ce qu'il rencontre un prisonnier autochtone qu'il nomma Vendredi auquel il enseignât l'Anglais et convertit au christianisme.

C'est alors aumilieu d'un décor exotique et dépaysant que l'on parvient à s'évader, en découvrant des peuples inconnus jusqu'alors et en conséquent, laisser notre esprit divaguer.D'autre part, le roman peut allier détente et réflexion sur notre société, sur ce(ux) qui nous entoure(nt).

Tout en s‘évadant dans un livre léger on peut voir « l'arrièredu décor », c'est à dire des faits qui nous suient continuellement dans la vie quotidienne, tels que les contrastes sociaux ou plus généralement le comportement deshommes entre eux comme la cruauté de certain envers d'autres, par exemple, dans Six mois, Six jours de Karine Tuil on peut voir jusqu'où l'homme peut aller pourprendre une revanche (détruire la vie d'une innocente) d'un parent décédé, ce qui nous force à constater que chaque personne a une part de mal et que malgré le tempsqui passe la rancune subsiste et pousse à blesser moralement (ou physiquement) des personnes qui nous on fait du mal directement ou indirectement.

Le roman nouspermet donc, derrière cet aspect agréable et simpliste, de prendre conscience de certaines choses et nous entraîne naturellement, à se poser des questions plus oumoins approfondies qui au final nous permettent de développer notre réflexion sans réels efforts.. »