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KARL MARX ou La philosophie et la politique par Pierre Raymond

Publié le 17/06/2020

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« Une conception originale Karl Marx a élaboré sa pensée en association avec son ami Friedrich Engels, et dans des luttes pour organiser le prolétariat révolutionnaire au XIXe siècle. Engels déjà, puis des théoriciens socialistes et communistes, sous des formes plus ou moins dogmatiques, ont tenté de constituer une doctrine orthodoxe, le « marxisme », dont une partie serait la philosophie « matérialiste-dialectique ». Or, l'œuvre de Marx lui-même n'offre pas de doctrine philosophique unifiée : dans une première période, des aperçus variés, puis un retrait de l'activité philosophique, mais sans indifférence à son égard. Marx a sans doute collaboré à l'œuvre philosophique d'Engels. Elle ne peut toutefois lui être attribuée sans précaution. Il est donc difficile de parler d'une « philosophie de Marx » après 1845 (Marx a 27 ans). Ses premiers écrits philosophiques, dits « de jeunesse », ont cédé le pas à des études d'histoire et d'économie, à des activités d'organisation politique, qui lui ont laissé trop peu de temps pour décider du statut et du contenu éventuel de la philosophie après ces travaux. Mais tout indique que le sort de la philosophie est resté lié pour lui d'une manière décisive à la compréhension qu'on a de l'histoire et à la participation politique qu'on y prend. Le sens de cette liaison n'est pas aussitôt clair. S'agit-il d'une espèce de relativisme : les doctrines philosophiques seraient déterminées par des circonstances historiques, en particulier économiques ? Ou d'une philosophie de l'histoire, peut-être d'une épistémologie propre à une « science de l'histoire » ? Ou d'une priorité à la pratique : ce seraient les engagements politiques, pour conserver ou abolir l'exploitation des hommes les uns par les autres, qui commanderaient les positions philosophiques ? Ou encore d'autre chose ? C'est à résoudre cette question que nous allons nous employer ; mais en gardant en tête la référence à Marx d'immenses mouvements populaires — de quelque manière qu'on l'interprète : Marx a-t-il su donner forme à des aspirations confuses ? A-t-il trouvé les moyens de les rendre enfin efficaces ? A-t-il concilié la vérité théorique et la pratique sociale ?... Cette popularité d'une doctrine d'allure philosophique, même simplifiée ou déformée, est assez rare pour retenir l'analyse. D'ailleurs Marx et ses successeurs ont souvent insisté sur l'originalité de sa conception de la philosophie : une alliance, voire une fusion entre des théories scientifiques et des pratiques révolutionnaires, entre une conception scientifique de l'histoire et une transformation communiste de la société. Que comprendre par de telles caractérisations, un peu énigmatiques, de la philosophie ? Une nouvelle philosophie ? Marx a semblé s'écarter peu à peu du domaine de la philosophie et ne plus lui consacrer que de brèves allusions. Pourtant il est facile de montrer que la partie la plus célèbre de son œuvre concerne la philosophie. Si l'on admet en effet que la philosophie se préoccupe d'une manière ou d'une autre des possibilités de raisonner dans les pratiques religieuses, morales, politiques..., bref partout où des valeurs, des idéaux, des impératifs... interviennent, qu'elle examine donc les rapports entre les raisons qui caractérisent les théories scientifiques et celles qui pourraient justifier nos engagements — Marx entre à plein dans le domaine philosophique, puisqu'il s'est demandé tout au long de sa vie quels liens pouvaient être établis entre les éventuels enseignements d'une « science de l'histoire » (le « matérialisme historique ») et une politique révolutionnaire (le communisme) : l'histoire ne dicte pas cette politique, qui ne serait alors qu'un conformisme, mais une politique soucieuse de justifier et de réaliser ses objectifs ne peut négliger ses conditions historiques. Bien sûr ce type de liens n'est pas assimilable à ceux que d'autres philosophes de la tradition ont pu essayer d'établir entre les démonstrations mathématiques ou les déterminismes de la physique et la morale ou la religion ou la politique. D'abord parce qu'il s'agit d'une politique particulière : celle qui vise à abolir toute exploitation des hommes les uns par les autres ; ensuite parce qu'il s'agit d'une science d'un type nouveau et incertain, l'histoire. Discipline différente en effet des autres sciences en ce qu'elle étudie un temps réel dont rien ne garantit qu'on puisse le traiter sous les formes de la nécessité démonstrative. Les rapports entre une théorie de l'histoire et le communisme ne sont ainsi pas plus clairs que ceux qui pourraient relier n'importe quelle science et n'importe quelle pratique. Et cet espace d'interrogations, dans la mesure où il donne davantage lieu à des problèmes qu'à des réponses, peut être dit philosophique. Toutefois Marx lui-même a proposé à diverses reprises des thèses un peu différentes quant à la philosophie. Celle-ci sortirait d'une première période de son histoire, où elle aurait élaboré des interprétations du monde, et entrerait dans une seconde période, où elle aurait à participer à sa transformation. Elle devrait passer de la théorie à la pratique, et « se réaliser » ainsi. Ces thèses ont elles-mêmes donné lieu à plusieurs interprétations, d'autant plus que Marx n'a pas été très explicite à leur propos. Certains ont par exemple supposé qu'il ne voulait pas tant insister sur une nouvelle doctrine philosophique que sur le fait que la philosophie, sans doute théorique comme les sciences, ne vise pourtant pas une doctrine mais des transformations, des déplacements de frontières dans nos catégories mentales et en particulier la prise en compte dans les recherches scientifiques elles-mêmes des exigences d'une abolition de l'exploitation. On peut aussi supposer que le souci de transformer le monde demande aux philosophes de réexaminer les rapports de la théorie et de la pratique : l'avenir n'est plus alors une simple conséquence de la prévision théorique ; la pratique raisonnée, mais non théorique, qui peut le façonner, vient compléter une théorie autrement inachevée. Une interprétation théorique du monde n'est bonne qu'à la condition d'une participation à sa transformation, et non d'une pure observation comme pour un objet. Le matérialisme Toutes ces questions doivent être situées dans le projet maintes fois affirmé par Marx, d'une philosophie matérialiste. Que signifie cette expression ? Marx n'a dégagé que peu à peu une conception du matérialisme, par différence avec le mécanisme, l'idéalisme critique, le naturalisme ou l'humanisme. Les propriétés qu'avec son ami Engels il en retient le plus souvent sont : — l'importance du « monde terrestre », de la production, des « pratiques sociales » dans la détermination historique des « rapports sociaux » et des « conceptions intellectuelles » ; — le rejet de tout dieu intérieur ou extérieur au monde, de tout « esprit objectif » comme cause du monde et de son histoire ; l'affirmation que « la matière en mouvement » se suffit à elle-même, est automotrice. La notion de matière doit alors être maniée avec précaution ; il y en a des niveaux tout à fait irréductibles les uns aux autres (naturels, sociaux)..., il n'y a nulle matière en général. Et il s'agit en particulier de dire que le réel dans sa diversité n'a pas pour cause les résultats de nos connaissances théoriques, que la Raison, ou telle autre sorte d'Esprit, n'en est pas l'essence. L'affirmation contraire relèverait, pour Marx, d'une philosophie idéaliste. Une question délicate est entraînée par le matérialisme. dans le domaine de la connaissance. L'histoire matérialiste de nos connaissances ne peut être identifiée au rapport de vérité qui les relie avec le réel qu'elles connaissent. Mais quel est au juste ce rapport ? Est-ce un rapport de reflet comme une image dans un miroir ? La raison scientifique est-elle simplement abstraite, c'est-à-dire tirée du réel ? Le matérialisme doit-il au contraire rejeter ces doctrines comme idéalistes et empiristes ? S'attacher à l'histoire originale des représentations symboliques, et des rectifications qu'elles reçoivent des expérimentations scientifiques ? Et celles-ci vérifient-elles en fait la coïncidence d'une chose et de sa pensée ? D'autres hypothèses sont possibles. Les notations de Marx et d'Engels ouvrent plutôt à des débats ultérieurs qu'elles ne fournissent une doctrine. La dialectique La philosophie matérialiste évoquée par Marx est enfin assortie de considérations sur la dialectique. Des philosophies tout à fait différentes ont fait usage de cette notion. Chez Marx elle prend un tour nouveau : le moteur des transformations et même de l'existence des choses est la contradiction. Celle-ci est donc réelle, et non réduite à la négation dans un discours ou à une méthode logique. Elle n'est pas non plus négative dans un sens péjoratif (sauf cas particuliers où des critères moraux interviennent). En fait, il s'agit toujours de contradictions multiples, qui jouent les unes sur les autres (luttes de classes et contradictions économiques, par exemple), et dont l'importance est inégale selon les circonstances, comme celle de chacun de leurs termes. Et ces contradictions ont des aspects variables, de la simple différence des termes à leur antagonisme. Il n'est du reste pas exclu qu'une contradiction seule puisse avoir l'effet de maintenir une unité au lieu de la détruire, comme par une sorte de processus de rétroaction en cybernétique. Un processus donné n'a toutefois pas d'unité préexistante, ...»

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