Japon (1981-1982): Légitime défense?
Publié le 18/09/2020
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Japon (1981-1982): Légitime défense?
Le problème de la définition de la place et du rôle du Japon au sein du monde
industrialisé a dominé l'année 1981.
Les tensions entre la seconde puissance
économique mondiale et ses partenaires occidentaux se sont exacerbées tout au
long de l'année, menaçant de dégénérer en guerre commerciale ouverte du fait de
"l'invasion japonaise".
Parallèlement, le Japon a fait les premiers pas vers une
politique étrangère plus nationaliste et active, suscitant un vif débat interne
sur l'opportunité du réarmement, souhaitée par les États-Unis comme par la
Chine.
Les voyages du Premier ministre Zenko Suzuki aux États-Unis (mai) et en Europe
occidentale (juin) n'ont pas amélioré le climat des relations commerciales entre
le Japon, devenu le troisième exportateur mondial (152 milliards de dollars en
1981), et les autres pays industrialisés, dont le déficit des échanges avec
Tokyo a atteint des niveaux records en 1981 (19 milliards de dollars pour les
États-Unis, 11 milliards pour la CEE), alors qu'ils sont plongés dans une
récession durable.
L'"invasion japonaise", concentrée dans quelques domaines
(automobile, électronique, hi-fi...), a suscité la multiplication des menaces de
mesures protectionnistes, et une pression de plus en plus insistante pour
obtenir l'ouverture d'un marché japonais qui demeure largement inaccessible aux
produits industriels étrangers du fait de sa spécificité et des obstacles
bureaucratiques, mais aussi de la volonté du gouvernement nippon de protéger
certains secteurs économiques en difficulté (l'agriculture en particulier).
Les Japonais, accusés par leurs partenaires d'aggraver par leurs offensives
commerciales la crise économique et sociale de leurs sociétés, ont avant tout
cherché à gagner du temps, afin de pouvoir assurer le redéploiement de leur
activité économique vers de nouveaux secteurs à croissance accélérée (robotique,
microprocesseurs, biotechnologies, etc.).
C'est en particulier ce qui explique
la décision du gouvernement japonais, prise en mai 1981, de céder aux pressions
américaines en s'imposant une "autolimitation" des exportations de véhicules
vers les États-Unis pendant deux ans.
D'où également les mesures
d'"entrouverture" du marché japonais prises au début de 1982.
Les industriels japonais ont dans le même temps intensifié leurs efforts pour
devancer les mesures protectionnistes des Occidentaux en accélérant leurs
implantations à l'étranger.
On a vu en 1981 Sony produire 300 000 téléviseurs en
Grande-Bretagne, Nissan conclure des accords avec les Italiens d'Alfa Romeo et
Honda avec les Britanniques de British Leyland.
Les investissements japonais à
l'étranger devraient tripler d'ici 1990.
Ces frictions commerciales avec les États-Unis et la Communauté économique
européenne expliquent en partie la diminution du taux de croissance des
exportations nippones, passé de 25% en 1980 à 17% en 1981 (en dollars).
Ce
ralentissement est l'une des causes de la minirécession qu'a connue l'économie
japonaise, les exportations assurant les deux tiers de la croissance économique.
Pour la première fois depuis 1975 (c'est-à-dire depuis les contrecoups du
premier choc pétrolier), le PNB japonais a connu au dernier trimestre de 1981
une croissance négative (-0,8%), confirmant ainsi un ralentissement de la
croissance nippone (5,9% en 1979, 4,2% en 1980, et 2,9% en 1981) qui commence à.
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