RDA (1981-1982): L'autre Allemagne

« RDA (1981-1982): L'autre Allemagne Ce titre, pour un peu méprisant qu'il soit, dit peut-être l'essentiel: que la République démocratique allemande occupe dans le bloc de l'Est une place à bien des égards comparable à celle que tient à l'Ouest la République fédérale d'Allemagne. Allemande, la RDA l'est par l'efficacité de son économie.

Tandis que les autres pays d'Europe de l'Est, Pologne et Union soviétique notamment, achoppent sur le passage d'une croissance extensive à une croissance intensive, la RDA, contrainte depuis toujours par la stagnation de sa population à fonder le progrès de son économie sur les seuls gains de productivité, maintient un rythme de croissance élevée. Certes, le renchérissement du pétrole soviétique, le freinage des exportations dû à la crise des économies capitalistes, la défaillance, en 1981, de ses fournisseurs polonais, ont obligé la RDA à un sévère effort d'adaptation.

Mais la réforme de l'organisation économique, qui a regroupé sous l'autorité de 150 combinats spécialisés la quasi-totalité de l'appareil de production industriel et les établissements de recherche appliquée, l'introduction dans les plans d'entreprise d'objectifs chiffrés d'économie d'énergie et de matières premières et de réduction de l'emploi, la mise en place d'un dispositif complexe de stimulants et de sanctions économiques associés à la réalisation des objectifs planifiés, ont assuré la docilité de l'économie aux injonctions des planificateurs et rendu possible une profonde réorientation de la croissance. Le Plan quinquennal 1981-1985 adopté en avril 1981 par le Xe Congrès du SED (Parti socialiste unifié, communiste) vise une croissance de la production nette de 5,1% à 5,4%, une progression de 4% par an du revenu net des ménages et une réduction sensible du déficit des échanges extérieurs.

Ces objectifs doivent en principe être atteints sans augmentation de la consommation de matières premières, tandis que la consommation de pétrole et de charbon doit diminuer du fait des mesures d'économie et de la substitution de ces combustibles importés par du lignite produit localement.

Enfin, à l'encontre du plan précédent, qui mettait l'accent sur le rééquilibrage de la structure industrielle et le développement des industries de biens de consommation, le nouveau plan donne la priorité à l'exportation et privilégie les industries à technologie avancée pour lesquelles la RDA possède en Europe de l'Est un avantage relatif. Les résultats enregistrés en 1981 (croissance de 5% de la production nette et de 4% du revenu des ménages, stabilisation de la consommation d'énergie primaire, réduction du déficit extérieur) encouragent certainement les dirigeants est-allemands à mettre en œuvre ces objectifs ambitieux.

Reste que l'un des principaux facteurs qui ont rendu possibles les performances économiques des dernières années a été l'étroitesse des liens commerciaux et financiers avec la RFA, qui font dans la pratique de la RDA un membre "non officiel" de la Communauté européenne.

La croissance a ainsi été financée en partie en empruntant auprès des banques ouest-allemandes et européennes, et la dette en devises fortes de Berlin-Est atteignait 12 milliards de dollars à la fin de 1981: relativement à son potentiel économique, le niveau d'endettement de la RDA. »