Introduction de l’analyse linéaire du postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Publié le 30/01/2024
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Introduction de l’analyse linéaire du
postambule de la Déclaration des
droits de la femme et de la
citoyenne
Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748, est une femme de lettres
et militante politique féministe majeure du XVIIIe siècle.
D’abord mariée à un homme qu’elle n’aime pas et qui lui donne un fils,
elle fuit à Paris vers 1770.
C’est là qu’elle commence une nouvelle vie
libre (elle fréquente des hommes, mais ne se remarie jamais) marquée
par son fort engagement politique.
Elle meurt guillotinée sous la Terreur, à cause de son opposition à
Robespierre et de sa prise de position contre l’exécution du roi Louis
XVI.
Elle lutte contre l’esclavage, pour les droits des femmes, pour une
réforme du mariage, pour les droits des enfants illégitimes, pour une
révolution non-violente et contre la peine de mort.
Cet engagement politique diversifié permet de la rattacher au
mouvement littéraire des Lumières.
Pourtant, malgré une érudition
indéniable, on dit qu’elle ne savait pas écrire et dictait ses textes, ce qui
peut expliquer la dimension orale, rhétorique et discursive de
sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Rédigée en 1791, en réponse à la Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen, longtemps oubliée, et republiée dans son intégralité en 1986,
la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte
pionnier du féminisme français.
Plus qu’un simple essai, il s’agit d’un projet de loi abordant différents
thèmes, comme l’égalité homme-femme, mais également l’institution du
mariage et le droit des enfants illégitimes, ou encore la religion.
Situation du passage :
Situé après les articles de la Déclaration, le postambule est une véritable
composition d’Olympe de Gouges.
Elle y lance un appel aux femmes
pour qu’elles la rejoignent dans sa lutte pour l’égalité.
Elle y développe
ensuite plusieurs thèmes, comme ceux de l’esclavage et du mariage.
Problématique :
Comment ce postambule cherche-t-il à mobiliser les femmes dans la
lutte pour l’égalité ?
Plan :
Pour mener cette analyse linéaire du postambule de la Déclaration de la
femme et de la citoyenne, nous suivrons les mouvements du texte.
D’abord l’appel aux femmes du début du passage à “femmes, quand
cesserez-vous d’être aveugles ?” Ensuite, la prise de conscience de
“Quels sont les avantages” à “tout, auriez-vous à répondre.”
Enfin, l’exhortation à agir de “S’ils s’obstinaient” à la fin de du passage.
Texte du postambule de la
Déclaration des droits de la femme
et de la citoyenne pour l’analyse
linéaire
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout
l’univers ; reconnais tes droits.
Le puissant empire de la nature n’est plus
environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges.
Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de
l’usurpation.
L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de
recourir aux tiennes pour briser ses fers.
Devenu libre, il est devenu
injuste envers sa compagne.
Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous
d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans
la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé.
Dans les
siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des
hommes.
Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La
conviction des injustices de l’homme.
La réclamation de votre
patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à
redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du législateur des
noces de Cana ? Craignez-vous que nos législateurs français,
correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la
politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y
a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre.
S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en
contradiction avec leurs principes, opposez courageusement la force de
la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les
étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre
caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, nos serviles adorateurs
rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de
l’Être suprême.
Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il
est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir.
Postambule de la Déclaration des
droits de la femme et de la
citoyenne : analyse linéaire
I.
L’appel aux femmes
1)
Le postambule commence, comme un discours, avec un exorde adressé
à toutes les femmes de façon assez familière.
L’utilisation de l’impératif
présent et du tutoiement « réveille-toi » permet à ODG de se
rapprocher des femmes à qui elle s’adresse.
2)
On note également la métaphore du sommeil (verbe réveiller) qui
reproche d’emblée aux femmes leur inaction : elles doivent prendre
conscience (éveil) de leur condition pour lutter.
3)
Ensuite, ODG évoque « le tocsin de la raison » qui
représente métaphoriquement la Révolution.
S’il « se fait entendre dans
tout l’univers » (hyperbole), il devrait pouvoir réveiller les femmes.
ODG
réemploie donc l’impératif présent : « reconnais tes droits » pour inciter
les femmes à se battre.
4)
Cette première phrase est marquée par la parataxe (suppression des
mots coordonnants dans une phrase complexe) qui traduit l’urgence
d’action.
5)
ODG s’attache dès la seconde phrase à faire sentir aux femmes comme
la situation est propice à un changement de leur condition : elle
fait l’énumération en gradation des caractéristiques négatives de
l’ancien régime, supprimées par la Révolution « Le puissant empire de la
nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et
de mensonges ».
On voit également que la Révolution a rétabli un ordre
plus naturel et sain.
6)
Mais si la Révolution a permis de libérer « l’homme esclave », de « briser
ses fers » (métaphore filée + hyperbole), elle a oublié la femme.
Le parallélisme « Devenu libre, il est devenu injuste » reproche
directement aux hommes d’avoir utilisé les femmes pendant la
Révolution, sans les laisser ensuite profiter des graines qu’elles ont
semées.
7)
Enfin, la dernière apostrophe exclamative « Ô femmes ! femmes, quand
cesserez-vous d’être aveugles ? » ne s’adresse non plus à la femme en
général, mais à la multitude, en témoigne l’ajout du -s du pluriel.
On note ici la première d’une longue série de questions rhétoriques,
procédé argumentatif visant à pousser les femmes à réfléchir à leur
condition.
La métaphore de l’aveuglement, qui remplace le sommeil, se trouve
dans la lignée des Lumières qui voulaient éclairer les hommes en
combattant l’obscurantisme.
II.
La prise de conscience
1)
Dans la deuxième partie, ODG veut pousser les femmes à réfléchir à leur
condition.
Pour cela elle emploie une série de questions rhétoriques,
auxquelles elle répond directement.
« Quels sont les avantages que vous
avez recueillis pendant la Révolution ? »
La réponse prend la forme d’un parallélisme qui accentue l’idée que la
Révolution n’a pas....
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