Indonésie 1993-1994 Les limites de l'"ouverture"
Publié le 16/09/2020
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Indonésie 1993-1994
Les limites de l'"ouverture"
Après la reconduite du général Suharto (âgé de soixante-treize ans et à la tête
de l'État depuis 1968), le 10 mars 1993, la succession présidentielle a continué
de dominer une vie politique stimulée par le maintien de l'"ouverture",
particulièrement sensible dans le domaine de la presse, mais dont les limites
restaient évidentes.
Le ministre de la Recherche, Bacharuddin Jusuf Habibie,
favori du président Suharto et "bête noire" de l'armée, a pris l'initiative d'un
rapprochement avec les "dissidents", généraux à la retraite et anciens
ministres, qui, en 1980, avaient signé la "pétition des cinquante" contre le
chef de l'État.
Le point d'orgue a été l'entrevue entre le général Nasution
(soixante-quinze ans), "père de l'armée" et Suharto le 24 juillet 1993.
Pris à
contre-pied, les dirigeants militaires ont sacrifié à la "démocratisation" en
rendant visite, le 13 juillet, à Nasution qui a enfin été autorisé à aller se
faire soigner - aux frais de l'armée - à l'étranger.
Si la démarche de soixante
écrivains, le 21 août 1993, auprès du ministre de la Culture en faveur de
Pramudya Ananta Toer dont les romans sont demeurés interdits, est restée vaine,
plusieurs personnalités musulmanes, emprisonnées en 1985 après une série
d'attentats, ont été libérées sous condition en août et septembre.
Le 17 août,
Suharto soulignait que la prospérité allégeant les impératifs de sécurité,
frictions et controverses devenaient inévitables; une commission nationale des
droits de l'homme était créée un mois plus tard.
Suharto, l'armée et la contestation
La compétition entre le président et l'armée a été marquée dans les principaux
partis.
Critiquant ouvertement la direction sortante (militaire) du Golkar,
l'organisation gouvernementale, lors de son cinquième congrès en octobre 1993,
Suharto a imposé comme nouveau président du parti son ministre de l'Information,
Harmoko, premier civil à ce poste.
"Habibie et Harmoko ne seront rien quand
Suharto ne sera plus là", a rapidement commenté un général.
Tutut et Bambang,
fille et fils du chef de l'État, se sont, quant à eux, vu octroyer des postes
importants au sein de la formation.
En revanche, Suharto a dû finir par accepter
que la fille de l'ancien président Sukarno (1945-1967), Megawati (quarante-six
ans), accède à la présidence du Parti démocratique indonésien (PDI) en décembre
1993.
Celle-ci devait son triomphe à la popularité de feu son père et au soutien
de l'armée...
La nomination du nouveau commandant des forces militaires, le 21 mai 1993, et la
restructuration de leurs services secrets en janvier 1994 ont marqué la volonté
du pouvoir de dissiper l'influence persistante de l'ancien homme fort de
l'armée, le général Murdani.
L'image et le rôle de cette institution ont été mis
en cause lors de deux "affaires".
Fin juillet, lors de l'attaque d'une secte
musulmane dissidente à Java-Ouest, huit personnes ont été tuées.
Deux mois plus
tard, l'armée a tiré sur des paysans de Madura qui manifestaient contre la
construction d'un barrage, tuant quatre d'entre eux.
La colère a grondé, des
sanctions ont été prises contre les officiers responsables, et des Musulmans ont
osé demander une enquête sur un autre massacre, celui de Tanjung Priok, perpétré.
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