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HAUTE ET MOYENNE BOURGEOISIE AU XVIIIe siècle

Publié le 15/05/2020

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HAUTE ET MOYENNE BOURGEOISIE
Il est toute une catégorie du tiers état dont l'existence
dépend moins strictement du régime économique :
ce sont les hommes de loi, les médecins, et aussi les bourgeois
qui sont. réputés « vivre noblement », c'est-à-dire
qui vivent de leurs rentes.
Les professions libérales. - Avocats, procureurs,
notaires, agents seigneuriaux, tous ces hommes de loi
appartiennent à la même classe sociale. Au premier rang;
surtout dans les villes_ parlementaires, comme Rennes
ou Dijon, figurent les avocats et les procureurs. A
Rennes, les procureurs au Parlement, au nombre de plus
de 80, ont souvent une situation de fortune fort importante.
Les avocats, plus nombreux encore, sont dans
l'ensemble moins aisés, mais un certain nombre d'entre
eux, jouissant d'une grande notoriété, occ~pent dans
la ville une place de premier rang; ainsi s'explique le
rôle qu'ont joué, en 1789, des hommes comme Le Cha,
pelier, Lanjninais, Glezen, etc ... Les procureurs des
sièges présidiaux et surtout les notaires ont une condition
fort inférieure aux avocats.Les offices de notaires,
dans· les grandes villes, ne valent guère que 16 000 1.
et, dans les campagnes, 3 000. Quant aux juges des siègea
royaux (des bailliages et sénéchaussées), ou des sièges
seigneuriaux, ils sont, dans toutes les régions de la
France, en très grand nombre ; mais, bien que beaucoup
d'entre eux aient le titre d'avocats, ils forment une· classe
bien moins fortunée que les avocats et procureurs dea
villes parlementaires.
En général, les membres des autres professions libérales
ont une situation bien inférieure à celle des hommes
de loi. Les médecins cependant, dans les_ villes importantes,
semblent jouir d'une large aisance, et quelquesuns
d'entre eux ont, surtout à la fin de l'ancien régime,
une situation morale considérable : tel, un Bagot, à
Saint-Brieuc, qui, maire de la ville, devint plus tard
député à l'assemblée législative; tels, des médecins très
réputés à Pa.ris, comme Vicq d'Azyr, Guillotin, les Tronchin.
Les chirurgiens sont en bien plus grand nombre ;
pendant longtemps, confondus avec les gens de métiers,
ils sont, dans la seconde -moitié du xvnie siècle, considérés
comme exerçant une profession libérale ; c'est
qu'en effet on les astreint maintenant à de sérieusP,a
études.
Les professeurs sont beaucoup moins nombreux et
jouissent de beaucoup moins de prestige que de nos jours.
D'ailleurs, professeurs de droit et de médecine sont;
avant tout, des avocats ou des médecins. Les facultés
des lettres ou des arts correspondent à ce que nous appellerions
l'enseignem~nt secondaire ; \lne exception est
cependant à faire pour le Collège de France. Les collèges
sont presque entièrement entre les mains des ecclé
·siastiques, surtout jusqu'au moment de l'expulsion des
Jésuites (1762). Aussi, dans la plupart des villes, ne
irouve-t-on que quelques rares maîtres de 'la.tin ou de
mathématiquoe, généralement peu fortunés. Les maîtres
et maîtresses d'école, très souvent nombreux, ont 1,1uo
condition très humble et ne peuvent être · -<',onsidété,;
comme appartenant à la bourgeoisie. On peut en dire
autant des maîtres de musique, de danse et d'armes.
Bourgeois vivant noblement. - Dans les villes; ot
surtout dans· les villes importantes, on trouve d'assez
nombreux bourgeois qui vivent de leurs rentes, ou,
comme l'on dit, qui« vivent noblement », sans exercer
aucun métier. Ces rentiers ont des conditions de fortune
fort diverses : les uns sont fort riches ; d'autres n'ont
qu'une modeste aisance; d'autres enfin ne possèdent quo
de très maigres ressources. C'est qu'ils sont loin d'avoir
tous la même origine: les llilll sont des marchands enrichis
et retraités (c'est là une des grandes sources de la
bourgeoisiè) : d'autrès, d'anciens hommes de loi ; d'autres
encore, des\ propriétaires fi>nciers ; il y a aussi un
grand nombre de vieilles demoiselles, des veuves.
Besnard, dans ses S01W6nirs, déolare qu'on se retiro
volontiers des affaires, quand on a amassé de 3 000 à
4 000 I. de rente.
Cette classe de rentiers, de bourgeois • vivant noblement
» est bien l'un des traits caractéristiques de la·
société française dû xvnI"· siècle. Les familles riches
tendent au repos, répugnent à l'effort. En Angleterre,
cette tendance n'existe. guère : les fils de riches bourgeois
et de gemlemen n'hésitent pas à travailler, à se livrer
au négoce. Le contraste est intéressant à signaler,
surtout à une époque où le droit d'aînesse existait en
France, comme en Angleterre.
Les anoblis et le patriciat urbain. - Dans ioutes les
villes, on constate l'existence d'une sorte de patriciat
urbain. Il comprend un certain nombre de familles
qui détiennent, d'une façon héréditaire, les charges
municipales ; leurs membres sont souvent anoblis, car
çes charges confèrent la noblesse. A eux viennent se
.joindre des personnes anoblies par les charges de judi

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