H. de TOULOUSE-LAUTREC:JANE AVRIL ENTRANT AU MOULIN-ROUGE.A la ville, Jane

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de TOULOUSE-LAUTREC JANE AVRIL ENTRANT AU MOULIN-ROUGE A la ville, Jane Avril n'a plus rien à voir avec la créature exubérante qui s'exhibe sur la scène du Moulin-Rouge.

Mais son entrée discrète dans le célèbre music-halJ est déjà une mise en scène.

«La Mélinite», comme on la surnommait, avait placé son destin sous le signe de la soli­ tude .

C'est seule qu'elle dansait comme une folle sur la piste , et dans la vie elle savait qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même.

Elle lâchait brusquement ses nombreux amonts pour, à choque fois, repartir à zéro.

Toulouse-Lautrec était son seul ami.

Il l'obser­ vait avec gourmandise et en fit le personnage principal de nombreuses toiles.

Sons lui, Jane Avril aurait rejoint le royaume de l'oubli, où tant de filles comme elles ont disparu.

Il la traque ici dans un moment de vérité.

Jane Avril pénètre dons un temple de la vie pori­ sienne par une porte dérobée , sans autre témoin qu'une redingote accrochée à un porte-manteau ...

et le regard dissimulé de l'artiste.

Son visage est grave, son regard perdu dans des pensées évanescentes.

Tou­ lause-Lautrec confère ainsi à cette danseuse et ancienne prostituée une dignité complètement ignorée des spectateurs devant lesquels elle va se produire dons quelques instants.

L'ŒUVRE Lautrec multiplie les coups de pinceau verti­ caux.

Pour donner encore plus de hauteur à son modèle, il rajoute, en bos, un morceau de toile.

La couture est encore visible.

L'empâte­ ment est plus prononcé sur le manteau de Jane Avril, le reste de la toile se composant de stries de couleur nerveuses, aussi précises que des marques au crayon.

Les parties de la toile où le dessin est particulièrement important (le visage, le chapeau et les mains) sont recou­ vertes de teintes au pastel, qui rehaussent la palette de l'artiste.

LA COTE Les amateurs peuvent oublier les toiles et se rattraper sur les lithographies ou les posters.

L'un d'eux, La Gitane, s'est vendu 1,4 million de francs français (255 000 dollars).

Henri de TOULOUSE-LAUTREC 1864-1901 • Jane Avril entrant au Moulin-Rouge, Jane Avril dans l'entrée du MouUn-Rouge mettant ses gants • Huile et pastel sur papier collé sur carton 102 cm x 55 cm • Signé en bas, à gauche, «T-Lautrec» • Peint en 1892 • Localisation : Londres, Courtauld Institute Galleries • Expositions : Paris, 1893, 1902,1931,1951,1955,1992; Londres,1898,1932,1992 LA CRITIQUE Sensible à la dimension humaine et littéraire de cette toile, Alfred Simon, biographe de Toulouse-Lautrec, écrit : «Chacune des entrées-sorties de Jane Avril est une entrée­ sortie de scène, une qpparition-disparition sur un espace voué à l'Epiphanie.

Distinguée, discrète, lointaine.» Jane Avril est morte oubliée de ses contem­ porains dans un asile pour vieillards en 1943.

Mais, grâce à Toulouse­Lautrec, elle est passée à la postérité.

JANE.

Avril. »