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Gérard de Nervalpar Jules JaninÉpitaphe dans le Journal des Débats (1841)Ceux qui l'ont connu pourront dire au besoin toute la grâce et toute l'innocence de cegentil esprit qui tenait si bien sa place parmi les beaux esprits contemporains.

Publié le 23/05/2020

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« Gérard de Nerval par Jules Janin Épitaphe dans le Journal des Débats (1841) Ceux qui l'ont connu pourront dire au besoin toute la grâce et toute l'innocence de ce gentil esprit qui tenait si bien sa place parmi les beaux esprits contemporains.

Il avait à peine trente ans, et il s'était fait, en silence, une renommée honnête et loyale, qui ne pouvait que grandir.

C'était tout simplement, mais dans la plus loyale acception de ce mot-là : la poésie, un poète, un rêveur, un de ces jeunes gens sans fiel, sans ambition, sans envie, à qui pas un bourgeois ne voudrait donner en mariage même sa fille borgne et bossue ; en le voyant passer le nez au vent, le sourire sur la lèvre, l'imagination éveillée, l' œil à demi fermé, l'homme sage, ce qu'on appelle des hommes sages, se dit à lui-même : “ Quel bonheur que je ne sois pas fait ainsi ! ” Il vivait au jour le jour, acceptant avec reconnaissance, avec amour, chacune des belles heures de la jeunesse, tombées du sein de Dieu.

Il avait été riche un instant, mais par goût, par passion, par instinct, il n'avait pas cessé de mener la vie des plus pauvres diables.

Seulement, il avait obéi plus que jamais au caprice, à la fantaisie, à ce merveilleux vagabondage dont ceux-là qui l'ignorent disent tant de mal.

Au lieu d'acheter avec son argent de la terre, une maison, un impôt à payer, des droits et des devoirs, des soucis, des peines et l'estime de ses voisins les électeurs, il avait acheté des morceaux de toiles peintes, des fragments de bois vermoulu, toutes sortes de souvenirs des temps passés, un grand lit de chêne sculpté de haut en bas ; mais le lit acheté et payé, il n'avait plus eu assez d'argent pour acheter de quoi le garnir, et il s'était couché, non pas dans son lit, mais à côté de son lit, sur un matelas d'emprunt. Après quoi, toute sa fortune s'en était allée pièce à pièce, comme s'en allait son esprit, causerie par causerie, bons mots par bons mots ; mais une causerie innocente, mais des bons mots sans malice et qui ne blessaient personne.

Il se réveillait en causant le matin, comme l'oiseau se réveille en chantant, et en voilà jusqu'au soir. Chante donc, pauvre oiseau sur la branche ; chante et ne songe pas à l'hiver ; laisse les soucis de l'hiver à la fourmi qui rampe à tes pieds. Il serait impossible d'expliquer comment cet enfant, car, à tout prendre, c'était un enfant, savait tant de choses sans avoir rien étudié, sinon au hasard, par les temps pluvieux, quand il était seul, l'hiver, au coin du feu.

Toujours est-il qu'il était très versé dans les sciences littéraires.

Il avait deviné l'Antiquité, pour ainsi dire, et jamais il ne s'est permis de blasphème contre les vieux dieux du vieil Olympe ; au contraire, il les glorifiait en mainte circonstance, les reconnaissait tout haut pour les vrais dieux, et disant son mea culpa de toutes ses hérésies poétiques.

Car en même temps qu'il célébrait Homère et Virgile, comme on raconte ses visions dans la nuit, comme on raconte un beau songe d'été, il allait tout droit à Shakespeare, à Goethe surtout, si bien qu'un beau matin, en se frottant les yeux, il découvrit qu'il savait la langue allemande dans tous ses mystères, et qu'il lisait couramment le drame du docteur Faust.

Vous jugez de son étonnement et du nôtre.

Il s'était couché la veille presque athénien, il se relevait le lendemain un Allemand de la vieille roche.

Il. »

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