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FORME

Publié le 02/12/2021

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Source: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf

 

La forme désigne cet aspect de l'être qui en marque l'identité en lui assurant spécificité et stabilité. Exister, c'est exister en tant qu'un et le même. Il y a là l'expression d'une totalité qui exprime une différentiation spécifique et une résistance au changement. L'unicité et la cohérence parfaites refermées sur elles-mêmes d'un objet. C'est à travers la définition de la forme et sa reconnaissance que se produit la connaissance de l'être. La forme est une modalité d'existence de l'être, ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est. Concept que la scholastique latine désignait par quiddité, tout en introduisant le mot forma, pour rendre les mots grecs idea, eidos, morphe et ritmos. Forma dat esse rei était une formule scholastique . A ce stade linguistique il faudrait adjoindre au mot forme, les termes de figure, de structure ( structuralisme ), et d'espèce, pour équilibrer la diversité anglaise de form, shape et pattern. La diversité de signification du mot forme, qui dérive en partie de sa double origine dans le grec, morphe et eidos, apparaît dans la diversité des mots que l'on oppose à la notion de forme : contenu, matière, élément…. On peut distinguer cinq significations essentielles du mot forme : • disposition, arrangement, ordre des parties. Mots opposés : éléments, composants, parties. C'est le point de vue structuraliste ; • ce qui est perçu directement par les sens. Mots opposés : contenu, signification. C'est le point de vue de la Théorie de la Gestalt. • La frontière ou le contour d'un objet. Mots opposés : matière, substance. • L'essence conceptuelle, la forme substantielle. Mot opposé : l'aspect accidentel. C'est le point de vue de l'hylémorphisme aristotélicien. • La forme à priori, c.à.d. selon Kant, la contribution de l'esprit à la perception de l'objet. Ces différentes significations ont des évolutions historiques distinctes, en particulier dans le domaine de l'esthétique. La philosophie grecque a montré que la réflexion sur la forme est à la base de deux conceptions du monde. Une conception où les formes sont données à priori, formes abstraites et transcendantes auxquelles la nature sensible se conforme. C'est la théorie platonicienne des Idées: une idée est ce qui est toujours identique à soi même (stabilité), ce qui est l'unité d'une multiplicité et ce qui est pris comme modèle pour faire une chose ou accomplir une action. Une conception où la diversité de la nature proviendrait de l'assemblage de formes simples données par avance, un auto assemblage. Une conception atomistique du monde. La vision atomique et moléculaire du monde ne procède pas autrement aujourd'hui. Elle renforce des positions très répandues en psychologie où l'on pense que la perception a pour objets immédiats des formes élémentaires (Théorie de la Gestalt). Vision commune à celle des catégories de l'entendement de Kant ou à la conception des archétypes inconscients de Jung. La conception atomistique domine jusqu'à présent le champ de la biologie moléculaire. Une autre conception pense que la forme est en puissance dans la matière et s'actualise par la matière sans que l'on puisse séparer la matière de la forme. La forme est un tout qui actualise la matière en s'actualisant. C'est là l'esprit de la doctrine hylémorphique d'Aristote, qui donne naissance à une conception où la matière et le mouvement se conjuguent pour créer la forme. La forme est alors un Tout qui transcende la matière et ne résulte pas de la simple addition des propriétés de ses parties. Une propriété émergente. Une transcendance qui hante l'histoire de la philosophie naturelle dans l'esprit d'un néo-aristotélisme. Leibniz, Goethe, Schelling, Husserl, D'Arcy Thomson, Waddington, la Gestalt Theorie, Türing, Thom et la Théorie des catastrophes, en sont les héros. Cette conception a connu au XXème siècle des développements scientifiques majeurs dans le cadre de la théorie des systèmes dynamiques, qui a mis en évidence des mécanismes d'apparition de formes (morphogénèse). Ces mécanismes exploitent la propriété mathématique (physique) de nonlinéarité, à l'origine du phénomène de transcendance de la forme. Ils exploitent souvent le phénomène de brisure de symétrie et peuvent se manifester dans des régimes dynamiques loin de l'équilibre (structures dissipatives). On utilise un modèle particulièrement simplifié de système dynamique, l'automate cellulaire pour l'étude de l'engendrement des formes. La théorie des systèmes dynamiques met de par sa nature qualitative l'accent sur le problème de la forme, car elle est une étude de la forme du mouvement de par son intérêt primordial pour la géométrie et la topologie de l'espace de phase. La théorie des catastrophes envisage la naissance des formes au sein de phénomènes dynamiques critiques dont elle établit l'universalité géométrique. Grâce à l'ordinateur, on a pu créer des formes nouvelles, comme les fractals, qui permettent de mieux comprendre les formes reconnues dans la nature. Du point de vue contemporain, la forme est un compromis entre l'information (originalité, diversité, surprise) et l'intelligibilité (calculabilité, discursivité, réductibilité à un discours). Trop d'information tue la forme. Un phénomène stochastique ( aléatoire ou chaotique) n'a pas de forme mathématique, car il est un trop plein d'information non réductible à une représentation mathématique globale compacte. Ce vide de forme le rend rebelle à toute prévisibilité au moyen d'un discours mathématique. La forme résulte d'une compression des données. C'est un code. Toute forme est inscrite dans les faits mais résulte d'un point de vue de l'observateur. Cette compression peut être totale, partielle ou impossible. La partie non comprimable est un bruit. Ce vide de forme mathématique associé au hasard est une des découvertes les plus importantes de la science contemporaine, car elle bat en brèche l'idéal platonicien de la correspondance entre les formes sensibles et les formes intelligibles, qui sous tend en partie le privilège accordé aux mathématiques dans la description du réel. Le Vide, quel qu'il soit, est une absence de forme, à la fois par absence d'information et aussi sans doute par excès. Loin d'être Rien, il est au contraire le Vide par surdétermination au delà du raisonnable. Il a vocation à être un bruit. En fait la forme n'est pas une manifestation en soi (une substance pour ainsi dire), même si elle donne à la matière son caractère de substance selon l'hylémorphisme aristotélicien. Toute réflexion sur l'absence de forme, comme réflexion essentielle sur les conditions de l'apparition de la forme, souligne le caractère contextuel et relationnel de la forme. La forme ne prend sens que vis à vis d'autres formes ou comparée à la non forme. La non forme est la condition d'existence de la forme. On retrouve là aussi en écho la distinction entre forme accidentelle et forme substantielle, que l'on pourrait dénommer forme normale, car elle oppose le normal au pathologique. « Tout vient du fond et y retourne » disait Joan Miro. C'est que la forme ne prend corps que si elle traduit une différence. Nous ne percevons que des différences, comme l'a si bien exprimé Gregory Bateson dans sa conférence « Form, substance and difference » (1970). Déjà au début du siècle Ferdinand de Saussure, créateur de la linguistique, et Ernest Cassirer, l'auteur des « Formes Symboliques », critiquaient le substantialisme et défendaient la priorité des notions fonctionnelles ( qui ne sont pas dérivées des objets mais servent à former le notion d'objet). Ainsi Ferdinand de Saussure écrit dans le texte inédit « De l'essence double du langage » : « Il y a dans la langue ni signes ni significations, mais des différences de signes et des différences de significations lesquelles 1° n'existent absolument les unes que par les autres (dans les deux sens) et sont donc inséparables et solidaires ; mais 2° n'arrivent jamais à se correspondre directement. » Le concept de forme ne prend ainsi son sens véritable que dans le cadre de la théorie de l'information, où selon le mot de Bateson, l'information est une différence qui fait la différence. Toutes les expressions artistiques ont recours à la construction de fonds pour mieux affirmer le forme par contraste et la problématique figure-fond mise à l'honneur par la psychologie gestaltiste est récurrente dans bien des domaines. Le vide et le fond sont un même combat pour l'expressivité de la forme. Il est clair que toute phénoménologie de la forme doit tenir compte des mécanismes de perception de la forme (Cf. Perception des formes). Une des plus grande découverte du XX ème siècle est de montrer la possibilité de création spontanée de formes au sein d'un système en évolution. C'est l'auto-organisation. L'art est essentiellement la création de formes et toute perception de formes peut constituer le départ d'une expérience artistique. Mais la reconnaissance des formes est une opération délicate où interviennent des facteurs objectifs, liés aux facteurs généraux de la perception et de la connaissance, et des facteurs contextuels liés à la culture ( conditions socio-historiques, choix philosophiques, représentation du monde ). Il en est de même pour les caractères artistiques et esthétiques. Si l'art se définit de manière très générale comme une manifestation d'expression et d'expressivité, assumant un flirt incessant entre art et sémiotique, le rôle essentiel des formes apparaît précisément dans leur fonction de support d'identité et d'expression, et donc de communication. Ce jeu complexe des formes dans la détermination de l'art explique l'assimilation fréquente des concepts d'art et de forme, comme cela apparaît clairement dans la dénomination d' « Univers des formes » utilisée dans la dénomination d'une histoire universelle des arts publiée dans la seconde moitié du XX ème siècle. Ou bien encore dans l'écriture par un historien d'art comme Henri Focillon d'un livre intitulé « La vie des formes ». Comme l'a si bien dit le philosophe A.N. Whitehead : « Art is the imposing of a pattern on experience, and our aesthetic enjoyment is recognition of the pattern" ( Dialogues. June 1943). La notion de forme est si générale et va tellement au delà d'une simple caractérisation d'objets matériels, mais s'étend à la langue, à la musique ou au comportement, que la tentation a été fréquente de lui donner une existence autonome. C'est ainsi que Platon envisageait l'existence de formes séparées de la matière ( les fameuses idées), alors qu'Aristote ne l'admettait pas dans sa doctrine hylémorphique. Un débat qui n'en finit plus et qui se trouve au coeur des différentes conceptions de la forme. Ce qui n'est pas sans influence sur les pratiques artistiques, témoin l'art abstrait qui cherche à s'emparer de la forme pure. Les « purs rapports » évoqués par Mondrian.

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