Fidel Castro

« Fidel Castro Symbole de la première révolution marxiste réussie en Amérique latine, Fidel Castro est avant tout l'homme qui abouleversé les structures sociales de son pays et l'a mené contre vents et marées sur le chemin d'un socialismedont l'orthodoxie ne fut pourtant pas le point de départ.

Plus qu'une véritable doctrine, le castrisme apparaît donccomme l'expression d'une trajectoire personnelle, façonnée par les événements et cherchant sa propre définition augré des méandres parfois confus de la pratique quotidienne. A quelques encablures de la Floride, la plus grande île des Antilles était, depuis le début du siècle, un paradis devacances pour citoyens américains en quête d'exotisme.

En 1901, Cuba proclame sa première Constitutionrépublicaine et les présidents se succèdent au pouvoir sous le regard scrutateur des États-Unis.

Les révolutions depalais ne manquent pas et, de 1933 à 1940, des gouvernements provisoires occupent tour à tour le devant de lascène.

Une nouvelle Constitution marque en 1940 le début de l'ère de Fulgencio Batista : dix-huit ans plus tard,après divers intermèdes, le dictateur prend la fuite devant l'avance des "barbudos" de la Sierra Maestra conduits parFidel Castro.

Dès lors, l'île change de visage et Cuba se proclame "premier territoire libre des Amériques". Le futur "Jefe Maximo" vit le jour le 13 août 1927 à Biran, Mayari (province de l'Oriente), dans la famille d'un planteurde canne à sucre émigré de Galice.

La situation relativement aisée de ses parents permet au jeune Fidel d'aller àl'école chez les jésuites à Santiago de Cuba, d'abord au collège La Salle, puis au collège Dolores.

En 1940, FidelCastro suit les cours d'une école secondaire, Belén, à La Havane, également dirigée par les jésuites.

Après avoirpassé son baccalauréat et avoir recueilli en 1944 les lauriers de "meilleur athlète" de l'établissement, il s'inscrit à lafaculté de droit de l'Université de La Havane. De 1945 à 1950, Fidel Castro mène à chef ses études : droit civil, administration publique, sciences sociales, sanscependant négliger les activités politiques.

Président de la Fédération universitaire des étudiants, il fait sespremières armes et ne craint pas de payer de sa personne.

Ainsi, il participe en 1947 à une expédition malheureuseen République Dominicaine pour abattre la dictature de Rafael Trujillo.

En avril 1948, alors qu'il prend part à Bogota(Colombie) à un congrès d'étudiants, il fait le coup de poing durant le "bogotazo", soulèvement populaire d'une rareviolence provoqué par l'assassinat du leader libéral Jorge Eliecer Gaitan.

Pourtant, ses convictions politiques sontencore loin d'être véritablement formées et, tout en s'intéressant au sort des moins favorisés, il ouvre une étuded'avocat à La Havane. Fidel Castro s'inscrit au Parti du peuple cubain (dit aussi Parti orthodoxe) fondé par Eduardo Chibas et se présentecomme candidat aux élections parlementaires prévues pour juin 1952.

Mais au début du mois d'avril, Batista annulele scrutin par un coup de force contre le président Prio Socárras et reprend les rênes du pouvoir.

Castro présente unrecours devant la Cour des garanties constitutionnelles qui le rejette.

Déçu de voir se fermer une à une les voiesd'une action légale, le jeune avocat décide alors de changer de tactique et de se lancer dans l'action directe.

A latête d'une petite troupe de quelque cent cinquante hommes, le 26 juillet 1953, Fidel Castro part à l'assaut de lacaserne Moncada à Santiago de Cuba.

L'échec est cuisant, mais Fidel et son frère Raúl parviennent à échapper aumassacre et sont arrêtés.

Castro assure lui-même sa défense et prononce devant le tribunal son fameux discourss'achevant par les mots "La historia ma absolvera" ("L'histoire m'absoudra").

Il est condamné à quinze ans de prison,à purger dans l'île des Pins. L'amnistie générale de mai 1955 permet à Castro de regagner La Havane.

Il tente de reprendre sa campagne contrela dictature, mais sans succès.

En juillet de la même année, il part pour Mexico.

C'est là qu'il rencontre un jeunemédecin argentin, Ernesto Guevara, et de longues discussions entre les deux hommes permettront de sceller leurdestin commun du moins pour quelques années.

"Che" Guevara fait en effet partie de l'équipage de quatre-vingtdeux hommes du "Granma" qui aborde le 2 décembre 1956 dans l'Oriente et se lance à l'assaut de la dictature deBatista.

C'est à nouveau l'impitoyable revers : le groupe est rapidement décimé et les douze survivants parmilesquels Fidel et son frère Raúl, ainsi que le "Che" se réfugient dans les profondeurs protectrices de la SierraMaestra.

La guérilla commence et la légende des guérilleros barbus prend naissance. La suite de cette épopée est mieux connue.

A partir d'avril 1958, Castro déclare "la guerre totale" au régime deBatista.

Le mouvement de résistance s'organise et, le 31 décembre 1958, le dictateur cubain s'enfuit en RépubliqueDominicaine.

Le lendemain, pratiquement sans coup férir, les "barbudos" font une entrée triomphale à La Havane.Dans le cabinet provisoire mis en place sous la direction de José Miro Cardona, Fidel Castro est nommé commandanten chef des forces armées.

Le 6 janvier 1959, les Chambres sont dissoutes et le 7, les États-Unis reconnaissent lenouveau gouvernement.

A la faveur du remaniement ministériel du 16 février, Fidel Castro est porté à la tête dugouvernement et son frère Raúl prend le commandement des forces armées.

Le Parti Socialiste populaire(communiste), illégal sous Batista, est autorisé à se manifester au grand jour.

En avril 1959, le Premier ministrecubain, en visite à Washington, assure ses interlocuteurs de sa volonté d'établir un régime démocratique de typeoccidental dans son pays. A son retour, Fidel Castro est nommé président de l'Institut de réforme agraire nouvellement créé.

Vers la mi-juillet1959, le président Urrutia Lleo est contraint de se démettre et il est remplacé à la tête de l'État par OsvaldoDorticos.

Les nouvelles autorités entreprennent de nationaliser les biens américains.

A mesure que se détériorent lesrelations avec les États-Unis, les rapports entre La Havane et Moscou s'améliorent.

Dès 1960, alors que Washington. »