Explication linéaire De l'Esprit des Lois Montesquieu: « Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves »
Publié le 08/04/2022
Extrait du document
«
2) EL 4 : « Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de
rendre les nègres esclaves », Montesquieu, De l’esprit des lois
(1748), CL p.
81-82
Introduction :
Le XVIIIème siècle, siècle des Lumières, voit émerger de nouvelles idées défendant l’égalité
et la liberté de chacun.
Montesquieu publie De l'Esprit des Lois en 1748 : dans cet ouvrage, il analyse d’un point de
vue politique et sociologique les mœurs de son époque.
Il aborde notamment l’esclavage
dans le chapitre « De l’esclavage des nègres ».
Dans ce texte, l’ironie est particulièrement
marquée.
Le passage est constitué de neuf paragraphes autonomes qui se présentent comme
un catalogue d'arguments en faveur de l’esclavage.
En fait, Montesquieu feint de défendre la
traite des Noirs pour mieux dénoncer cette pratique qu’aucun argument rationnel ne justifie.
Problématique :
Par quelles stratégies argumentatives Montesquieu discrédite-t-il les partisans de la
traite ?
Comment l’ironie permet-elle à Montesquieu de dénoncer l’esclavage ?
1) Dans une introduction, Montesquieu annonce son projet argumentatif.
2) Tout d’abord, il développe deux arguments économiques en faveur
l’esclavage.
3) Ensuite, il présente deux arguments racistes.
4) Puis, il compare les esclaves à d’autres peuples.
5) Enfin, il remet en cause la religion et la politique des Européens.
de
1) Dans une phrase introductive, Montesquieu annonce son projet
argumentatif.
Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici
ce que je dirais :
Montesquieu annonce un discours argumentatif, qui a pour but de s’appuyer sur la
raison et la logique pour convaincre : « soutenir » signifie prouver, étayer, la thèse
défendue est clairement formulée : « le droit que nous avons eu de rendre les nègres
esclaves ».
Cependant, le lecteur décèle une distance par rapport au projet argumentatif annoncé
: Montesquieu utilise une subordonnée circonstancielle d’hypothèse introduite par
« si », suivie du conditionnel dans la principale « je dirais » : l’hypothèse place
l’auteur dans une situation fictive et invite à mettre en doute la véracité de
l’argumentation qui va suivre.
2) Tout d’abord, il développe deux arguments économiques soi
disant en faveur de l’esclavage.
Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en
esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.
Premier argument économique.
Montesquieu présente un raisonnement logique : la cause apparaît dans une
proposition subordonnée participiale « les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de
l’Amérique », la principale établit la nécessité de l’esclavage (« ils ont dû »), et le
but économique apparaît ensuite (utilité des esclaves pour exploiter les terres
conquises)
Le raisonnement semble logique et neutre, mais il est d’une telle mauvaise foi que le
lecteur comprend l’implicite de la phrase : Montaigne présente comme une nécessité
ce qui n'est que le fruit de la cruauté.
Son but est de dénoncer les exactions des.
»
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