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Pour quelles raisons a-t-on pu dire que Montesquieu avait fondé dans l'Esprit des lois la science des lois et même la sociologie moderne ?

Publié le 09/12/2021

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« Pour quelles raisons a-t-on pu dire que Montesquieu avait fondé dans l'Esprit des lois la science des lois etmême la sociologie moderne? Pour bien nous rendre compte du problème posé il est nécessaire de commencer par une analyse du mot science.

Ily a deux sortes de sciences : les sciences déductives dont le type est les mathématiques : les mathématiques sontexactes, abstraitement, dès qu'elles respectent ce principe que chaque théorème doit être exactement laconséquence de théorèmes précédemment établis.

Cette vérité est purement logique en ce sens qu'elle existe mêmesi rien ne lui correspond dans la réalité (dans la réalité il n'y a pas de ligne parfaitement droite, de circonférenceparfaitement régulière, etc.).

— Au contraire les sciences expérimentales (malgré les liens qu'elles peuvent avoir,philosophiquement, avec les sciences logiques) se contentent de constater ce qui se passe dans la réalité; ellesétablissent des lois expérimentales, résultats de l'expérience, que jamais la logique pure ne nous aurait permis dedeviner; nous constatons la réalité de ces lois même si nous ne comprenons pas pourquoi elles existent (on ne saitpas ce que sont la gravitation, l'électricité, etc.).Chez Montesquieu il y a ces deux sortes de sciences.

Dans les premiers livres de l'Esprit des lois, Montesquieuraisonne abstraitement sur ce que peuvent être les différentes sortes de gouvernement (même si cesgouvernements n'existaient pas), sur la nature qu'ils doivent avoir, et sur le principe qui doit les soutenir pour qu'ilsdurent (même si ce principe n'a jamais été parfaitement observé).

Il établit ainsi la théorie des trois sortes degouvernement (despotisme, monarchie, démocratie) et de leurs principes (crainte, honneur, vertu).

Sans doute ilapporte pour justifier sa théorie des exemples, mais tous empruntés à l'antiquité ou à quelques Etats italiens.

Lecaractère abstrait de son raisonnement est clairement marqué par le fait que, pour parler du gouvernementdémocratique par exemple, il ne songe pas à étudier les Etats plus ou moins démocratiques, à cette époque, de laSuisse ou de la Hollande.

Il est évident que la réalité politique est, et était, beaucoup plus complexe qu'il semble lecroire.

Puis Montesquieu voyage; il visite des pays assez nombreux; il reste deux ans en Angleterre; ses lecturess'étendent.

Si bien que, peu à peu, sa conception de la vie politique évolue; il croit moins à une logique générale etabstraite capable de déterminer à priori la qualité des institutions politiques pour tous les temps et tous les pays.Son Esprit des lois devient non plus rationnel mais expérimental.C'est-à-dire que, pour Montesquieu, la qualité des lois, leur bienfaisance ou leur malfaisance, dépend non pas d'unenécessité humaine permanente et universelle, mais uniquement de leur succès ou de leur succès.

Il y a non pasl'homme mais des hommes.

Telle loi, telle coutume qui nous paraît absurde ou même immorale est bienfaisante pourcertains el leur semble parfaitement morale.

Il faut tenir compte en effet de la race, du terrain, de l'esprit général.La valeur d'une organisation politique est non plus absolue mais relative.

Sans doute le despotisme est odieux; maispeut-être est-il la seule forme du gouvernement possible pour des peuples d'Orient, à la fois indolents et violents.

Lapolygamie nous semble une institution immorale; les peuples d'Orient s'en accommodent à merveille.

Dans un climatfroid et dur, dans un terrain où la vie est ardue, l'organisation de la vie sociale sera nécessairement différente decelle d'un pays chaud où la vie est aisée.

C'est en ce sens que l'œuvre de Montesquieu fonde ce que l'on appellera,cent cinquante ans plus tard, la « sociologie », c'est-à-dire une science des institutions sociales qui s'efforce departir d'abord des faits et de juger conformément aux faits et non pas d'après un idéal préconçu.

Malgré tout,d'ailleurs, Montesquieu n'a pas très nettement dégagé pour lui-même les principes de cette méthode expérimentale.Il a été à la fois docile aux faits et tenté de les soumettre à ses raisonnements, à ses idées à lui ; ce qui estd'ailleurs le cas de beaucoup de sociologues.

De là par exemple le tableau qu'il nous donne, dans la partieexpérimentale de l'Esprit des lois, du gouvernement rationnellement parfait, de la constitution d'Angleterre.Il y aurait à donner une explication ; elle demanderait une connaissance précise de la première moitié du XVIIIesiècle.

On la trouverait d'une part dans l'extraordinaire développement des sciences expérimentales, physiques ethistoire naturelle, qui appliquent, dès cette époque, des méthodes rigoureusement modernes ; d'autre part, dans legénie personnel de Montesquieu qui a su transporter ces méthodes dans un domaine où nul, à peu près, n'avaitsongé à les appliquer.. »

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