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Explication de texte 1 1870 Ma Bohème, Cahiers de Douai, Arthur Rimbaud

Publié le 21/12/2023

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« Explication de texte 1 1870 Ma Bohème, Cahiers de Douai, Arthur Rimbaud, Introduction Arthur Rimbaud nait le 20 octobre 1854 à Charleville.

En août 1870, épris de liberté, il fugue et rédige, durant son vagabondage, 22 poèmes qui deviendront Les Cahiers de Douai.

Paul Verlaine le surnomme « L’Homme aux semelles de vent » en raison de son amour pour le voyage et pour la vie de bohémien. Ma Bohème est le 7ème poème (et dernier) du Second cahier. Le poème célèbre l’errance et la liberté.

Le poète joue alors avec les règles du sonnet traditionnel Il propose un texte novateur dans lequel, le vagabond qu’il est, évoque le bonheur du bohémien mais aussi l’amour pour la poésie moderne.

Derrière cet hymne à la liberté, l’adolescent fugueur et révolté entreprend une parodie de la poésie et nous livre son art poétique à travers un poème à dimension autobiographique. Nous pouvons nous demander en quoi ce sonnet est original. D’abord, nous analyserons l’errance physique du poète (vers 1 à 5). Dans un deuxième mouvement, le bonheur dans la nature (vers 6 à 11). Dans un troisième, la création poétique (vers 12 à 14). I.

L’errance physique du poète (v 1 à v 5). D’abord, le vagabond est un personnage qui, en raison de sa liberté, enthousiasme les artistes de la fin du XIXème siècle.

Dès le début du poème, Rimbaud évoque une rupture avec son monde.

Il rompt avec ses habitudes et ses pensées, en fuguant.

Il veut faire une cassure (une césure ?), fuir et partir.

Cette rupture se veut en premier lieu physique.

Il rompt avec son lieu de vie et prend la vie d'un voyageur. 1.

Le bonheur de l’errance. a) Un poète voyageur Une dimension autobiographique Au vers 1, deux marques de la première personne du singulier sont visibles : le pronom personnel « je », le déterminant possessif « mes ». Elles indiquent que Rimbaud relate une expérience qui est personnelle puisque vécue, celle d'un adolescent en crise qui rejette les principes de son monde et qui essaie de partir, insouciant, à l'aventure.

Ce texte, pourtant écrit au retour d’une fugue, ne contient ni référence précise, ni lieu, ni date.

Ainsi le lyrisme va prendre une dimension universelle. Le déplacement du poète La répétition du verbe de mouvement aller, au vers 1 « Je m’en allais » (mis en valeur par la coupe après la 4ème syllabe) et au vers 3 « J’allais » esquisse son portrait d’aventurier.

Dans le vers 1, le verbe évoque une fuite (un départ, un arrachement), mais au vers 7, le verbe est davantage lié à la notion de progression sans but précis, typique de l’errance.

On se tourne vers la direction et non pas vers le point de départ.

Sauf qu’ici, ce n’est pas une direction qui est évoquée mais un espace infini (« sous le ciel » vers 3).

Effectivement, ce complément circonstanciel de lieu est extrêmement vague ; il exprime un élan vers la liberté, un désir de couper les ponts.

On ignore l’itinéraire de l’auteur – lui-même ne le sait sûrement pas à ce moment-là. b) Une pauvreté sans souffrance Des vêtements usés. La pauvreté qu’a connue l’auteur durant son errance est révélée grâce à l’adjectif « crevées » (v 1) et au substantif « paletot […] idéal » (v 2). Le vers 2 contient un hiatus* (=> juxtaposition de deux voyelles) « paletot aussi » créant une sonorité considérée comme désagréable et qui doit donc être évitée en poésie.

Elle suggère ainsi l’idée de gêne vestimentaire.

Elle est, sans doute, volontaire afin de montrer aussi le refus des traditions et d’affirmer la modernité poétique. Avec « idéal » (vers 2) qui évoque un manteau usé, la pauvreté a ici une connotation positive. Au vers 5, faisant écho aux vers 1 et 2, Rimbaud montre, à nouveau, son dénuement.

Les deux adjectifs : « unique » et « large » révèlent la pauvreté du poète.

L’adjectif « unique » est souligné par la prononciation finale du « e » muet pour avoir douze syllabes dans le vers. 2.

Une liberté totale a) Révolte Les « poings » (vers 1) - symbole de révolte - et non les mains, montre la détermination et la volonté rageuse de partir.

Il y a une image violente car cette rupture est tellement forte que le poète part dans une « course » (vers 6) : il fuit, il court, il veut aller plus loin, plus vite pour certainement échapper à son destin conformiste.

De plus, l'utilisation de l'imparfait (« j’allais » vers3) qui a une valeur de durée et donc de détermination, renforce cette image. Rimbaud s’amuse avec les règles de la poésie traditionnelle.

De fait, le premier vers, qui est un alexandrin, présente une césure irrégulière.

En effet, dans un alexandrin classique, la césure est située après la 6ème syllabe, alors que dans celui-ci, nous pouvons observer qu’elle se fait après la quatrième syllabe « Je m’en allais, // les poings dans mes poches crevées ». b) Une liberté au service de la poésie Interpellation de la muse Ce sentiment d’amour de la poésie est si intense que Rimbaud interpelle par le biais d’une apostrophe sa « Muse ! » (son inspiratrice, mythe qui remonte à l’Antiquité, vers 3).

Il semble entretenir une forme d’intimité avec elle comme le suggère le tutoiement et le substantif : « féal » (vers 3).

Les neuf Muses sont les filles de Zeus et de Mnémosyne, fille de Gaïa (Terre) et Ouranos (Ciel).

Chaque muse représente et protège une forme d’art.

Terpsichore est la muse de la poésie lyrique et de la danse. Interjection inattendue De ce fait, ce vagabondage paraît, à mesure que les vers se succèdent, offrir une liberté langagière à Rimbaud, qui renouvelle ainsi le langage de la poésie traditionnelle.

Au même titre que le hiatus du vers 2 paraît surprenant, l’interjection « Oh ! là ! là ! » du vers 4, plutôt utilisée à l’oral, est inhabituelle et détonne dans ce sonnet.

Toutefois, elle traduit son enthousiasme, sa joie de vivre, son envie de rencontrer l’amour «amours splendides » (v 4).

Il faut comprendre que l’errance ouvre le champ de tous les possibles et les rêves ; ce qui est bien dit avec « rêvées ». Ainsi l’errance offre à Rimbaud une liberté tant physique que poétique. II.

Le bonheur dans la nature (vers 6 à 11) La nature : thématique éminemment chère aux poètes romantiques. 1.

La métamorphose en « Petit -Poucet » a) Un personnage de conte Le vers 6 s’ouvre sur une comparaison plutôt originale, mise en exergue par un tiret « – Petit-Poucet rêveur » (vers 6).

Rimbaud devient, à son tour, un personnage de conte merveilleux. Le poète est pauvre aussi.

Il s’en distingue car, lui, ne souhaite pas rentrer chez lui et n’exprime aucune souffrance et surtout il est rêveur, c’est-à-dire poète.

Cela reprend le participe passé « rêvées » du vers 4. b) Un « Petit-Poucet » poète Il ne sème pas des cailloux ou des miettes de pain, mais des rimes, lui permettant de retrouver sa route : « j’égrenais dans ma course / Des rimes» (v 6-7).

Pour illustrer cette idée, en mêlant le fond et la forme, Rimbaud utilise un rejet* au vers 7 qui met en relief le substantif « rimes »,).

On peut noter aussi l’allitération en [r].

Ainsi le poète montret-il son désir d’exploiter la nature comme inspiration et ensuite celui de répandre sa poésie partout où il passe. 2) Un lien privilégié avec la nature a) Grand air et espace Les vers 7 et 8 mettent en avant la relation particulière que le poète entretient avec elle.

Le poète ne vit plus entre quatre murs ; il est à l’air libre et dort à la belle étoile.

Les déterminants possessifs « mon auberge» (vers 7) et « mes étoiles » (vers 8) accentuent le lien avec la nature.

Ils indiquent qu’elle semble lui appartenir. b) Dimension maternelle et protectrice.... »

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