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Eugène IV

Publié le 16/05/2020

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« Eugène IV1383-1447 Grave, beau, d'une pureté qui illumine, d'une autorité qui domine, fier et calme, courageux sans limite, mais aussi candide qu'entêté, tel apparaissait EugèneIV à ses familiers, tel l'a figuré Isaïe de Pise, couché sur son tombeau.

La ligne droite du marbre le fait paraître immense et ascétique ; rien n'est concédé àl'emphase, à la vanité, à l'éloquence ; toute la force de l'œuvre est dans le visage et dans l'esprit.

Le gisant évoque le jugement de Pie II : “ Son granddéfaut était la démesure ; jamais, pour agir, il ne considérait ce qu'il pouvait, mais ce qu'il voulait.

” Son élection, le 3 mars 1431, intervient au moment où la chrétienté est assaillie de toutes parts.

En A llemagne, l'échec de la croisade conduite par lecardinal Cesarini livre la Saxe aux Hussites.

La France et l'A ngleterre poursuivent la “ guerre maudite ”.

L'Europe de l'Est est menacée sans répit par lesTurcs ; la Hongrie est devenue le “ boulevard de la chrétienté ” ; les Balkans sont envahis ; C hypre est prise en 1426, Salonique en 1429 ; Constantinoplerésiste avec peine. Tout d'ailleurs, en cette fin du Moyen-Âge, paraît annoncer la ruine de l'Église.

Q uarante années de Schisme ont laissé des plaies que le pontificat de MartinV (1417-1431) n'est pas parvenu à guérir.

Le désordre est partout : dans la collation des bénéfices, dans la pratique des sacrements, dans la société, dansles mœurs, dans les esprits.

Tout l'édifice de la morale et de la métaphysique médiévales est ébranlé par “ une sorte de fièvre diabolique, sorcellerie, sottiseou révolution mentale ”, disait Lucien Febvre, qui paraît s'emparer du monde occidental.

Aux processions de flagellants, aux prédications de bégardsitinérants répond la prédilection des artistes pour les scènes d'A pocalypse, les danses macabres ou les triomphes de la mort. Tous ceux qui subissent les tourments de l'époque ressentent le besoin de réformer l'Église, mais aussi de définir sa nature.

Depuis un siècle, le “ Defensorpacis ” avait donné cours à quelques idées qui chemineront dans les milieux universitaires : ce qui a fait la fortune des papes, disait-il, c'est leur “ appétit dedomination ”, mais aussi l'ignorance et la faiblesse des dévots.

L'Église véritable peut être hors de Rome, car elle réside dans la “ multitude des fidèlescroyant et invoquant le nom du Christ ”. À ces thèmes, que Wyclif et Jean Huss et, avec plus de prudence, les docteurs de Sorbonne avaient enseignés, le Schisme avait donné comme unejustification concrète.

À la rivalité et à l'“ avarice ” des papes, le concile avait opposé la voix du peuple chrétien dont l'unité, rétablie à C onstance, montraitassez qu'elle était la voix de Dieu. Le décret “ Frequens ” du 9 octobre 1417 avait imposé la réunion périodique du concile et le dernier acte de M artin V avait été de convoquer à Bâle lesévêques de la chrétienté.

La séance d'ouverture eut lieu le 23 juillet 1431, mais, apparemment, Eugène IV hésite.

Vénitien, il connaît mal l'A llemagne et ilcraint les Turcs plus que les Hussittes ; légat d'A ncône, évêque de Sienne, son horizon familier a été l'Italie ; demeuré toujours fidèle à son oncle GrégoireXII qui l'avait créé cardinal à vingt-quatre ans, il ne peut nourrir beaucoup de sympathie pour les thèses conciliaires.

Entre Rome et Bâle, la méfiance estnaturelle et elle devient vite hostilité déclarée. Les premiers avantages sont pour le concile.

L'empereur Sigismond le prend sous sa protection ; sept rois y sont représentés ; d'illustres évêques y sontvenus et même les cardinaux et les employés de la Curie se hâtent d'y adhérer.

Eugène IV , frappé en août 1431 d'une attaque d'apoplexie, paralysé, doitfaire face en Italie aux entreprises des Colonna et du duc de Milan ; travaillés par eux, excités par les émissaires du concile, les Romains se soulèvent etproclament la république.

Le pape doit fuir ; vêtu d'un simple froc, avec un seul compagnon, il emprunte une barque de pirate et se réfugie à Florence. Le concile ne parvient pas à cacher sa joie, tandis que le pape multiplie les démarches rassurantes ; mais il ne s'agit que d'une courte trêve, vite rompue depart et d'autre.

Le concile, où la voix des modérés n'est plus entendue, où le parti “ populaire ” l'emporte, se proclame assemblée constituante et souverainede l'Église : une assemblée où les clercs inférieurs sont maintenant admis à côté des évêques, où les universitaires dominent et où, de discours endiscours, vont prévaloir les solutions extrêmes.

Réforme de l'Église dans son chef et dans ses membres, lutte contre l'hérésie, union avec les Grecs, toutesles questions sont abordées et vite abandonnées ; seule compte désormais la lutte contre le pape, mis en accusation, suspendu, enfin solennellementcondamné et déposé comme rebelle aux ordres de l'Église universelle, le 25 juin 1439.

Poursuivant leur “ œuvre divine ”, les Pères organisent une parodiede conclave et élisent le duc de Savoie, Amédée VIII, devenu, sous le nom de Félix V , le “ pape de Bâle ”. Eugène IV était de nature intrépide ; il avait écouté quelque temps les conseils de modération des cardinaux et des princes ; mais, dans le péril, il sedresse, presque seul, pour défendre l'Église.

Aux hésitants, il propose sa certitude ; aux condamnations, il va répondre par d'autres condamnations ; auconcile, il opposera un autre concile.

Les excès de Bâle l'ont convaincu que le temps des compromis est passé, qu'il est plus habile de combattre à visagedécouvert et d'engager dans le combat le principe même de la souveraineté pontificale. Vers 1436, le Libellus apologeticus définit solennellement la position doctrinale : le pape est le seul vicaire du C hrist ; le concile tient son pouvoir de lui etne peut le “ transporter aux mains de la multitude ”.

Les Pères poursuivaient de laborieuses négociations avec les Grecs, mais le pape les gagne de vitesse.Le danger turc était trop grand pour que l'empereur Jean VIII ne désirât pas l'union avec les Latins ; il acceptait d'adhérer au concile, mais non d'aller àBâle.

D'autorité, par la bulle Doctoris gentium du 18 septembre 1437, Eugène IV transfère le concile à Ferrare. Dès lors, les choses vont très vite.

L'empereur Sigismond, toujours favorable au concile, meurt le 9 décembre 1437.

L'union avec les Grecs met dans lecamp de la papauté les humanistes, les cardinaux, Nicolas de Cuse, Cesarini, beaucoup de clercs et les meilleurs.

L'empereur grec, le patriarche, vingt-cinqévêques, les métropolites de Bulgarie, de Moldo-Valachie, de Russie, débarquent le 8 février 1438 à Venise.

Deux mois après, les controversesthéologiques commencent et elles font apparaître de grandes divergences.

Une épidémie de peste sert opportunément de prétexte au transfert du concile àFlorence où les discussions reprennent.

Enfin, le 6 juillet 1439, le décret d'union est solennellement proclamé : il comporte une définition de la primautéromaine qui s'adresse, tout autant qu'aux Grecs, à tous les partisans des thèses conciliaires. “ Les cieux se réjouirent et la terre exulta ”.

Les “ fils séparés revenaient à l'unité et à la paix ”.

Les Arméniens, les coptes d'Égypte, les Syriens deMésopotamie, les Maronites de C hypre, les Chaldéens adhèrent à l'union.

Sur les portes de bronze de Saint-Pierre, Filarete sculpte la scène du triomphed'Eugène IV.

Une nouvelle génération de théologiens et de canonistes — Torquemada, C apistran, Carvajal —va défendre hardiment les droits de la papauté.Les neutres, A llemands et Français, se rallient.

Même le duc de Savoie s'emploie à ménager à son père une retraite honorable.

Dans les États de l'Église, unordre de fer avait été rétabli par V itelleschi, condottiere habile et cruel, dont Eugène IV avait fait fâcheusement un cardinal et un archevêque de Florence. Aux contemporains, l'œuvre accomplie apparaissait immense ; en mourant (23 février 1447), Eugène IV craignait pourtant d'avoir compromis le salut deson âme.

Peut-être pensait-il aux moyens et aux hommes qu'il avait dû employer.

P eut-être aussi était-il assez lucide, après avoir choisi la route, pour enpressentir les périls.

L'union était précaire et les Grecs la renièrent aussitôt.

La papauté triomphait du concile, mais ce triomphe la coupait des forcespopulaires, si vives au Moyen-Âge, et annonçait déjà un Alexandre VI ou un Jules II.

Monarchie, l'Église devait composer avec les monarchies nationales.Aucune réforme véritable n'avait été tentée et tous ceux qui avaient mis leur espoir dans le concile étaient déçus.

En France, le gallicanisme gardait l'espritde Bâle.

En A llemagne, l'hostilité à Rome grandissait jusqu'à devenir de la haine contre toutes les institutions romaines.. »

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