Etre Tolérant est-ce laisser tout dire ?
Publié le 17/05/2020
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Etre tolérant, est-ce laisser tout dire ?
Introduction :
[Problématique] [a] La tolérance désigne au sens large le respect de la liberté d’autrui, de ses
manières de penser, d’agir, de ses opinions politiques, morales et religieuses.
Etre tolérant c’est donc a priori
laisser s’exprimer les autres librement, respecter leur point de vue en évitant d’imposer le sien de manière
dogmatique, catégorique et sectaire.
Etre tolérant c’est faire preuve de cette ouverture d’esprit qui respecte la
diversité des points de vue et la liberté de penser des autres.
C’est au nom de ce principe de la tolérance que
notre république laïque autorise tout à la fois l'existence de médias religieux et de ceux qui en font la satire,
respectivement La Croix , RCF et Charlie Hebdo par exemple.
[b] Cependant , peut-on, au nom du principe
de tolérance, laisser tout dire ? Laisser tout dire c’est laisser dire des propos qui peuvent être eux-mêmes
intolérants, irrespectueux de la liberté et de la dignité d’autrui, tels que des propos racistes, xénophobes,
misogynes, ou négationnistes par exemple.
On arrive alors à un paradoxe : le principe de la tolérance, poussé
au bout de sa logique, en viendrait à tolérer l’intolérance.
Dès lors, laisser tout dire, ce ne serait plus être
tolérant mais au contraire se condamner à ne rien pouvoir faire face à l’intolérance.
Le principe de tolérance
se nierait alors lui-même.
[Question] Mais alors être tolérant, est-ce respecter les diverses opinions de
chacun ou bien est-ce au contraire se donner les moyens de pouvoir combattre les opinions intolérantes ?
Mais au nom de quel critère ? Autrement dit, comment éviter de consacrer un relativisme absolu, naïf et qui
peut être dangereux, sans tomber dans un dogmatisme pouvant s’avérer sectaire ou dictatorial ? [Plan] Nous
montrerons dans un premier temps que la tolérance est dans son principe même le respect de la diversité et
de la relativité des opinions, contre toute attitude dogmatique, sectaire, voire fanatique.
Puis nous
examinerons les limites du principe de tolérance et ses conséquences paradoxales.
Nous essaierons enfin de
voir comment dépasser cette contradiction en tentant de construire une conception forte et positive de la
tolérance bien comprise, entre relativisme absolu et dogmatisme sectaire.
I/ La tolérance comme respect de la diversité des opinions
1/ La tolérance concerne les questions d’opinion non de science
Il faut commencer par bien délimiter le domaine de pertinence de la question posée.
La tolérance
concerne les opinions et les pratiques morales, politiques, esthétiques, religieuses ; bref, les domaines qui
mettent en jeu des valeurs, des manières de concevoir les choses et non des faits avérés.
Il serait absurde de
parler de tolérance en parlant d’un jugement qui nie par exemple la chute des corps ou le théorème de
Pythagore.
Il ne s’agit évident pas de dire qu’il faudrait mépriser un tel individu, mais qu’il faudrait le rendre
à la réalité.
« Une vérité scientifique n’est pas une question de démocratie.
Nul n’a le droit de faire croire que
chacun est libre de penser ce qu’il veut en matière de science comme il le peut en politique » écrit ainsi
Patrick Tort.
Laisser tout dire en matière de science ce n’est pas être tolérant, mais déraisonnable en niant
qu’il existe des faits avérés que tout être rationnel doit pouvoir reconnaître.
Les mathématiciens n’ont que
faire de la tolérance.
Leurs démonstrations leur suffisent.
La tolérance n’intervient que là où il y a défaut de
connaissance, c’est-à-dire dans les questions d’opinion, où s’affrontent non pas des faits mais des valeurs.
Mais alors, en matière de valeur, être tolérant est-ce laisser tout dire ?
1.
»
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