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Elio Vittorini (1908-1966)

Publié le 23/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Elio Vittorini (1908-1966) Né à Syracuse, d'un cheminot sicilien, Elio Vittorini représente dans la littérature italienne contemporaine la grande protestation des hommes du Sud, tenus jusqu'alors dans une sorte d'esclavage à base d'ignorance, d'injustice et de misère. Ce document contient 1223 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Culture générale.


VITTORINI Elio. Romancier italien. Né le 25 juillet 1908 à Syracuse, mort à Milan le 12 février 1966. D’origines modestes — le père est cheminot —, il entreprend des études techniques, qu'il ne tarde pas à abandonner et, en Vénétie où il suit les siens, Elio Vittorini travaille temporairement comme assistant sur un chantier de constructions. Etabli à Florence à partir de 1927, il y demeurera pendant une dizaine d’années. 11 y entre en contact avec le jeune groupe littéraire de la revue Solaria d’Alberto Carocci, dont le rôle dans l’entre-deux-guerres est capital : dans le refus net de toute adhésion au fascisme et une opposition culturelle précise, elle est le laboratoire de la poésie que l’on appellera « hermétique » (Montale) et d’une problématique nouvelle dans le roman (Moravia, Pavese, Gadda). C’est là que se révèle la vocation de Vittorini (ainsi que celle de son futur beau-frère, Salvatore Quasimodo) : vocation double, à la fois de créateur littéraire et d’animateur éditorial — et celle-ci, comme on le dira, est importante car, dans les vingt dernières années de sa vie, elle prendra le pas sur la création. Toutefois, c’est l’écrivain qui se fait connaître le premier, vers la fin de sa période florentine, par la publication en fragments successifs dans la revue Letteratura (qui a succédé à Solaria) de sa Conversation en Sicile (1938-1939), qui réussit d’abord à échapper à l’attention de la censure fasciste, mais sera inexorablement interdite lors de sa parution en volume (1941). A Milan, à partir de 1940, Vittorini va jouer un rôle de premier plan dans la résistance des partisans — et son Les Hommes et les autres (1945) en apportera un témoignage poignant. Membre du Parti Communiste Italien, il deviendra temporairement après la Libération le directeur de l'Unità, tout en assumant avec Cesare Pavese la direction littéraire des Editions Einaudi à Turin. Par la suite, sans renier son engagement, il prendra une position politique en retrait (polémique avec Togliatti), en lançant sa revue Politecnico, dont l’influence sera profonde, et en se consacrant de plus en plus à ses activités éditoriales (création, avec Italo Calvino, de la collection Menabo (ou « maquette »), qui a révélé nombre de jeunes auteurs de qualité). Sa production romanesque est pratiquement tarie à partir de la fin des années 40. En tant que traducteur, il sied de rappeler les auteurs qu’il a pratiqués — Faulkner, Steinbeck et Caldwell — en raison de l’influence que ces romanciers américains ont pu avoir dans la formation de sa personnalité littéraire, et plus spécialement sur son style et son sens de la composition. L’œuvre de Vittorini n’est pas abondante, quantitativement, et d’une certaine manière disproportionnée au rôle qu’il tient, historiquement, dans l’évolution des Lettres italiennes. On peut l’articuler en trois périodes distinctes : d’abord les livres de jeunesse — « romans (ou récits) de formation », pour utiliser la désignation allemande —, Les Petits Bourgeois (1931), L’Œillet rouge (1934), et, à la suite d’un voyage en Sardaigne, Chez les Morlaques [1936] : on peut en retenir l’esprit vaguement polémique et sentimental. Vient ensuite la période qui se situe en quelque sorte à la veille du combat :1a Conversation en Sicile (1938-1939), et, écrit pendant les mêmes années, le roman Erica, que suivront, après la chute du fascisme, Les Hommes et les autres (1945), Le Simplon fait un clin d’œil au Fréjus (1947), et Les Femmes de Messine (1949). A partir de ce moment l’écrivain, entièrement absorbé, ou presque, par son action éditoriale, ne se manifeste plus que de loin en loin : par le récit un peu décevant de La Garibaldienne [1956] et du Journal en public (1957), enfin par l'Histoire de Renato Guttuso [1960], qui est celle du célèbre peintre communiste, Deux textes posthumes ont paru : Les Deux Tensions [1968] et Les Villes du monde [1969]. Ainsi que le montre cette énumération, Vittorini n’est pas l’écrivain d’une création régulière et nourrie : il n’est inspiré que par l’événement, et l’événement auquel il prend part. Bien que leurs personnalités soient très éloignées, on peut rapprocher son cas de celui d’André Malraux semblablement animé par l’événement vécu (ou intensément imaginé), et, par ailleurs «disponible». Du reste, il y aurait un parallèle singulier à établir entre deux livres comme l'Espoir et Les Hommes et les autres — même ferveur dans l’action et le dialogue, même articulation du souffle épique. Et, pour les deux écrivains, la question peut se poser de l’influence exercée par les Américains découverts et popularisés pendant les années 30... Dans le cas de Vittorini toutefois, et dans le contexte des Lettres italiennes contemporaines, deux éléments contribuent à donner à l’œuvre un caractère exemplaire : sa responsabilité spécifique dans l’orientation qui se dessine sous le nom de « néo-réalisme », et d’autre part l’engagement, dont il se fait l’apôtre dès ses débuts. Qu’était-ce donc, pour les Lettres, que ce néo-réalisme, popularisé vers la même époque par son homologue cinématographique (Zavattini, De Sica, Rossellini) ? Une optique nouvelle, bien sûr, face à la misère du prolétariat, notamment sous l’ère fasciste et, en même temps, une réaction contre un romanesque usé et conventionnel, dans une prise de conscience du réel; plus précisément encore, un acte formel dont une affirmation de langage, l’affranchissement définitif des carcans professoraux et grandiloquents hérités de Carducci et de d’Annunzio, le retour à la langue parlée des grands siècles et, aussi, à l’authenticité des patois sous-tendant l’idiome national. Grosso modo, dans Erica et Conversation en Sicile, puis dans Les Hommes et les autres (comme, parallèlement, dans les premiers récits de Cesare Pavese), c’est une petite révolution qui s’accomplit, contemporaine de celle qui se produisait en France avec l’œuvre de L.-F. Céline. Ecrivain profondément « engagé » donc, et conscient, d’une manière quelque peu ostentatoire, de cet engagement (on pense à l’action en France, vers la même époque, d’un Aragon...), Vittorini sera amené, avec le temps, à en marquer lui-même les limites : « Un écrivain, qu’il le veuille ou non, est toujours, dans les lignes de son œuvre, socialement et politiquement engagé... Toutefois, point continuellement, point chaque fois que le coq chante. J’irai jusqu’à recommander qu’il ne le fasse que dans les moments d’émergence. Il arrive autrement que l’écrivain s’en fasse un plaisir, un habit, une gageure, qui réduisent, peuvent même neutraliser tout à fait une sensibilité historique et idéologique. » Il reste que, bien que peu abondante, bien que précocement épuisée, l’œuvre de Vittorini demeure exemplaire, par ce qu’elle a à la fois de frémissant et d’achevé : on n’oubliera par la « mythologie de la faim et du froid » (D. Fernandez) d'Erica, l’interrogation polémique de la Conversation en Sicile, l’âpreté des combats de rues dans Les Hommes et les autres, et surtout, dans Le Simplon, peut-être son chef-d’œuvre, la stature monumentale du vieil ouvrier des tunnels épiques...

« Elio Vittorini 1908-1966 Né à Syracuse, d'un cheminot sicilien, Elio Vittorini représente dans la littérature italienne contemporaine la grande protestation des hommes du Sud, tenus jusqu'alors dans une sorte d'esclavage à base d'ignorance, d'injustice et de misère.

En quelques livres qui ont la force et la pureté d'un cri, surtout Erica (1938) , Conversation en Sicile (1941 ), Le Simplon fait un clin d' œil au Fréjus (1947) ,il a appliqué un double programme, culturel et esthétique. D'une part promouvoir une nouvelle culture, qui ne soit plus, comme la culture classique, un opium pour les hommes qui souffrent, mais un instrument de libération du prolétariat exploité.

“ Une nouvelle culture qui soit de défense et non plus de consolation de l'homme ”, comme il l'a écrit dans son Journal en public, alors que, directeur de la revue communiste “ Il Politecnico ”, il menait, au lendemain de la dernière guerre, la bataille de ce qu'on a appelé en France la “ littérature engagée ”. D'autre part, créer un art du “ documentaire lyrique ”, c'est-à-dire mêler aux éléments réalistes du roman une mélodie verbale comparable à une musique d'opéra, due à quelques procédés très simples, comme la répétition, sorte de retour incantatoire du mot, la métaphore de type homérique, les allusions à la mythologie populaire, etc. Erica est l'histoire d'une fillette de 14 ans, abandonnée par ses parents, avec son petit frère et sa petite s œ ur, dans une baraque délabrée de banlieue, sans autres ressources que quelques provisions.

Commence alors l'épopée : la découverte, l'approche anxieuse et émerveillée, de ce petit trésor qui a charbon, huile, maïs, haricots, œ ufs, poule.

Erica explore ses réserves comme Crusöé son île, avec les joies et les angoisses que procure l'accomplissement d'un rite religieux.

Vittorini a évité le danger du misérabilisme. Gharbon, huile, maïs, haricots, œ ufs, poule, sont les divinités de ce foyer enfantin.

Erica est heureuse et fière de les révérer ; et quand, poussée par la nécessité, elle se donne à la prostitution, elle n'éprouve pas le besoin de se plaindre : ne continue-t-elle pas à répondre aux exigences de ce grand culte mystérieux qu'elle doit aux aliments, aux sources de lumière et de chauffage ? Cette mythologie de la faim et du froid, il faut la rattacher à toute la vision “ humaniste ” de Vittorini.

Humanisme très particulier que le sien, puisqu'il est sans contenu, sans idéologie, et se réduit à l'exaltation pure et simple de l'homme, l'homme aliéné par des siècles d'injustice et de misère, de faim et de maladie, l'homme dont il importe de ressusciter la grandeur et l'intégrité primitives.

L'univers de Vittorini est un univers élémentaire ; je ne le dis pas dans un sens péjoratif.

Élémentaire parce que ses valeurs sont des éléments : comestibles, combustibles, médicaments, vêtements, et non pas des pensées. Erica est une réussite comme le sont Conversation en Sicile et le Simplon fait un clin d' œil au Fréjus, et pour les mêmes motifs : parce que les personnages de ces trois récits (des paysans siciliens dans le deuxième et des ouvriers milanais dans le troisième) sont des déshérités, que la faim et le froid sont véritablement leurs problèmes, que le mot “ humanité ” résonne à leurs oreilles comme un appel vers un bien encore inconnu.

Il suffit à Erica de palper et de soupeser son sac de farine, il suffit à Museau-Enfumé, le cantonnier du Simplon, d'ajouter un anchois unique au maigre ordinaire de ses repas, pour se sentir devenir. »

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