Égypte (1990-1991): L'année de tous les paradoxes
Publié le 14/09/2020
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Égypte 1990-1991
L'année de tous les paradoxes
En Égypte, comme ailleurs dans la région, la crise du Golfe a radi calement bouleversé les perspectives,
tant économiques que sociales, politiques et diplomatiques.
Au plan économique, 1990 s'annonçait particulièrement difficile : creusement du déficit du commerce
extérieur (2,8 millions de dollars d'exportations contre 10,5 millia rds d'importations, dont 60% de produits
alimentaires); aggravation du déficit budgétaire (8,2 milliards en 1989, soit 13,8% de plus que l'année
précédente); gonflement de l'endettement et des arriérés de remboursement.
Le FMI a accentué ses
pressions, obligeant le gouvernement à des mesures impopulaires: haus ses de 10% à 100% des prix de
produits alimentaires de première nécessité (riz, sucre, pâ tes, huile), de l'électricité (+38%) et des
carburants (+40%) - cette dernière hausse provoquant, en mai, une g rève des chauffeurs de taxis
collectifs -, alors que l'inflation atteint 35% et que plus de 20% de la population active est au chômage.
L'Égypte a également procédé, le 1er juillet 1990, à une dévaluation de près de 50% de la livre, ce qui a
considérablement alourdi les échéances de remboursement de la d ette extérieure.
Enfin, des rumeurs,
appuyées par les déclarations du sénateur Robert Dole et du sec rétaire d'État James Baker, faisaient état
d'une probable réduction, de l'ordre de 5% à 10%, de l'aide éco nomique américaine (2,3 milliards de
dollars inscrits pour 1990, dont 1,3 d'aide militaire).
Une situation intérieure tendue
Au plan politique, la situation était également tendue: le remplac ement du très controversé Zaki Badr par
Abd al-Halim Mousa au ministère de l'Intérieur, d'abord accueilli comme un signe d'apaisement, a marqué
au contraire une brusque aggravation de la confrontation avec le courant islamiste: heurts
intercommunautaires à Minya et Assiout (mars et avril); affrontemen ts armés entre la police et un groupe
extrémiste au Fayyoum, le 1er mai 1990 (16 morts); assassinat de Ri fat al-Mahjoub, président de
l'Assemblée du peuple (12 octobre)...
Dans un rapport de janvier 19 91, Amnesty International a
stigmatisé les méthodes employées par le pouvoir dans la rép ression du courant islamiste.
Au plan institutionnel, la situation n'a pas été moins confuse: ap rès que la Haute Cour constitutionnelle
eut autorisé, en avril, trois nouveaux partis politiques (Parti des Verts, Parti de la Jeune Égypte, Parti
démocratique unioniste) - mais reconduit l'interdiction d'un parti n assérien -, elle déclara, le 20 mai,
l'inconstitutionnalité du Parlement élu en octobre 1987, pour les mêmes raisons, liées au scrutin de liste,
qui avaient déjà conduit à l'annulation des élections de 198 4.
Le Parlement a été dissous le 2 juin par le
chef de l'État, Hosni Moubarak.
Les élections du 29 novembre et du 6 décembre 1990, tenues en pleine
crise du Golfe et boycottées - à l'exception du Parti du rassemble ment - par l'ensemble des partis
d'opposition et les Frères musulmans, qui contestaient les conditions de déroulement du scrutin, ont été
remportées sans surprise par le PND - Parti national démocratique avec 348 sièges sur 444 (79,6 9 des
voix) contre 83 sièges aux "indépendants" (19%), et 6 au Rassem blement progressiste unioniste (1,4%),
après une campagne qui aura illustré une fois de plus le profond d ésintérêt des Égyptiens pour la vie
politique officielle (taux de participation officiel de 44,9%, mais les électeurs inscrits représentent moins
de 50% du corps électoral).
Au plan diplomatique, la grande affaire du premier semestre 1990 aura é té le resserrement des rangs
arabes et la réaffirmation du rôle "arabe" de l'Égypte.
Réco nciliée avec la Libye et avec la Syrie, elle a
offert ses bons offices pour rapprocher cette dernière de l'Irak et d e l'OLP (Organisation de libération de
la Palestine).
Lors d'une visite à Moscou, le 14 mai - la premièr e à ce niveau depuis dix-huit ans - H.
Moubarak a pris la tête de la campagne arabe contre les implantations de juifs soviétiques dans les
territoires occupés par Israël.
Enfin, depuis mars 1990, le Consei l de la Ligue arabe a décidé à l'unanimité
de réinstaller son siège au Caire (il avait été déplacé à Tunis en 1979, après que l'Égypte eut signé les
accords de Camp David) et en mai, c'est le ministre égyptien des Aff aires étrangères, Abdel Meguid, qui
en a été nommé nouveau secrétaire général.
C'est dans ce contexte que s'est produite l'invasion du Koweït par l' Irak, le 2 août, crise dans laquelle.
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