Droit et justice Notions : droit, justice, morale, société, politique, devoir.
Publié le 21/06/2025
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Droit et justice
Notions : droit, justice, morale, société, politique, devoir.
Repères : Contingent/nécessaire, Universel/Général/Particulier, Absolu/relatif, En fait/en droit, Idéal/réel,
Légal/légitime, Obligation/contrainte, En théorie/en pratique, Origine/fondement/principe.
Problématisation : Qu’est-ce
ce-que la justice ? La justice,
c’est le respect d’une certaine conception du droit : est dit juste
ce qui permet à chacun d’agir dans les limites de son droit.
L’injustice désigne alors la situation de quelqu’un ou d’un groupe
qui ne peut jouir de ces droits.
Or, qu’est-ce-que
qu’est
le droit ? Le
droit, c’est d’abord ce qui est conforme à une règle idéale qui
assure la réalisation de ce qui est permis.
La règle de droit est
sensée préserver des libertés fondamentales, ainsi qu’un
équilibre dans le pouvoir légitime de chacun des individus
appartenantt à une société.
Tout homme jouit d’une liberté
d’action et avoir le droit de faire quelque chose, c’est reconnaître
que la liberté d’agir a une certaine ampleur avec sa propre
limitation, circonscription.
Or, chacun peut prétendre à un droit
de façon très subjective ou en prétendant à une universalité qui
serait pourtant discutable, si bien que la justice attendue pourrait
être fondée sur une appréciation relative et subjective au lieu
d’être valable absolument et universellement.
universellement Donc lorsqu’on
reconnaît des droits à l’homme et qu’on essaie d’établir une
justice pour tous, comment fonder le droit et la justice ? Sur quels
critères ? Si la justice n’est en fait qu’un simple rapport de force
où chacun impose ses vues, alors elle n’est plus une règle
universelle,, elle devient la règle qu’a imposé le plus fort.
La justice est établie par des hommes, par des législateurs
qui énoncent des lois pour cadrer l’exercice de cette justice, mais celle
celle-ci
ci prétend généralement être conforme au
droit, c’est-à-dire désirable en elle-même
même indépenda
indépendamment des intérêts privés.
Est-ilil possible d’édifier des lois et de
construire un droit en se référant à des principes universels ou bien le droit est-ilil condamné à s’ancrer dans une
culture et devenir relatif et contingent ? Ne risque-t-il pas de se nier lui-même
même car alors le droit contingent serait
dans ce cas la revendication d’un groupe qui a réussi à l’imposer par la force ? Pourtant, le droit et la justice
évoluent, dans leurs applications mais aussi dans leurs conceptions philoso
philosophiques,
phiques, si bien qu’entre l’idée d’une
justice relative qui se nierait elle-même
même dans la loi du plus fort et une justice qui se prétendrait absolue et
indiscutable se trouve peut-être
être l’idée d’une justice qui progresse.
Néanmoins, la progression d’une just
justice semble
nier de facto la possibilité d’une énonciation universelle valable pour tous, si bien qu’on pourrait penser que droit et
justice ne peuvent se fonder que sur les conditions matérielles d’existence, la situation de chacun, au point que la
justice ne se fonderait alors plus sur une exigence strictement égalitaire (le même traitement pour tous sans prendre
la compte la condition de chacun) mais plutôt sur une exigence d’équité (prendre en compte la situation de chacun
et les cas particuliers dans l’application
pplication du droit et dans la logique de définition de ce qui est juste).
Dans ce cas,
l’idée d’une justice qui progresse selon les conditions d’existence de l’humanité et qui se fonde sur un principe
d’équité peut-elle prétendre à l’universalité et ne pass tomber dans une logique de rapport de force découlant d’une
lutte des intérêts privés ? Peut-on
on identifier absolument des droits et des principes universels de justice en
parvenant à articuler moralement l’universel et le particulier ?
Image : Pierre Subleyras, La justice,, 18ème siècle.
La justice est souvent représentée allégoriquement par le titan
Thémis, patronne de la justice, de la loi et de l’équité, qui pèse les situations avec la balance et tranche de son épée.
On la représente parfois aujourd’hui avec un bandeau sur les yeux (justice aveugle
aveugle,, donc prétendument « neutre »).
Partie 1 : Y a-t-ilil un droit naturel ?
A) Le droit naturel est-ilil un droit à user de toute sa force ?
Selon Rousseau, dans Le contrat social
social,, le droit ne peut pas se fonder sur la force.
La force contraint,
martialement et intellectuellement ; l’individu ne s’y soumet pas ((obligation),
), il la subit (contrainte),
(
de sorte qu’il
n’obéit pas volontairement, et ce à quoi le sujet est soumis ne lui apparaît pas comme un devoir nécessaire, mais
bien comme une exigence contingente..
Par conséquent, l’envie de révolte est inévitable dans un tel régime de droit,
et un droit fondé sur la force ne peut pas tenir sur le long terme.
En effet, tôt ou tard, la force de celui qui la détient
finit par diminuer ou être contestée par d’autres forces plus grandes, individuelles ou collectives, de sorte que la
situation devient totalement instable.
C’est pourquoi il faut fonder le droit sur des principes rationnels et non laisser
les sujets imposer leur volonté pour régner du fait de leur puissance individuelle.
La raison qui doit servir à établir
des principes pour le droit et la justice, est la capacité à construire une réflexion justifiée et légitime, argumentée et
suivant des règles et des principes logiques.
Un droit fondé sur des principes rationnels est un droit qui peut
s’appliquer dans la durée.
B) Peut-on
n trouver un droit universel en déterminant ce que serait le droit naturel ?
Peut-on alors identifier un droit par la seule raison ? Une
hypothèse consisterait à tenter de saisir ce droit en observant la
condition de l’homme, son essence naturelle.
C’est l’enjeu d’un
passage de Gorgias,, de Platon, dans lequel le sophiste Calliclès est
opposé à Socrate.
Calliclès critique
ritique l’état du droit dans la civilisation ; la
justice instituée n’est, par définition, pas naturelle.
Or, ce droit limite
l’homme dans sa liberté d’action et de puissance, et Calliclès juge donc
que l’ensemble des prescriptions du droit sont illégitimes puisqu’elles
visent le bien commun et écrasent les plus forts en les empêchant de
réaliser toute la portée de leur puissance.
En conséquence, il défend
que le droit du plus fort est un droit naturel et qu’il doit par là
s’appliquer universellement pour éviter
viter que les faibles n’imposent une
justice qui serve leurs propres intérêts pour pourvoir se protéger des
forts.
La justice consiste donc à ce que chacun puisse s’imposer comme
il le souhaite et comme il le peut.
Certes un tel système peut sembler
déboucher
her sur une anarchie, ou bien sur une société où les rapports
sont régulés par la force (auquel cas on pourrait appliquer
appl
la critique
de Rousseau), mais Calliclès rétorquerait que, quoi qu’il en soit, la
société actuelle (comme la sienne) est une société où la force règne, mais que cette force est celle exercée par un
collectif de faibles qui défendent leurs propres intérêts.
Pour Calliclès, la société est toujours régulée par des intérêts
privés même s’ils convergent dans un intérêt collectif qui sera alors le propre d’
d’une
une communauté.
C’est donc pour
po lui
une situation hypocrite, et c’est la nature qui nous dit ce qu’est la justice : à savoir le fait que chacun peut exercer sa
puissance dans les limites qu’il parvient à atteindre.
Le point de tension de cette idée (et don
donc la problématique
implicite) consiste dans le fait qu’on pourrait dire que les institutions sont aussi des réalisation
réalisations de la puissance d’un
collectif, et que cette puissance est une possibilité tout à faire naturelle.
C’est là l’ambiguïté de la position de
Calliclès : il refuse la justice fondée sur la raison et préfère la force mais on pourrait défendre que la raison est aussi
un moyen de justifier les intérêts d’un groupe particulier ; Calliclès semble donc critiquer la justice rationnelle tout
en relevant que celle-ci
ci est hypocrite et cache en fait de purs intérêts.
Si ce problème demeure et reste sérieux, on
peut remarquer néanmoins que Calliclès plonge le discours dans une confusion (intéressante, au demeurant), dont il
sort en affirmant toutefois avecc clarté que la justice instituée reste une pratique du droit qui bride les possibilités des
forts dès le plus jeune âge en tempérant leurs ardeurs et leurs passions.
Ce texte est alors à mettre en parallèle avec
celui du Gorgias vu dans le cours sur le Dé
Désir (les tonneaux !).
Socrate répondra à ces arguments.
Pour la position de
Socrate sur la justice, voir le texte de La rrépublique expliqué plus bas, mais précisons ici que la position de Calliclès
apparaît à Socrate comme celui d’une société déréglée et sans ordre, évoluant au gré des préférences contingentes ;
or, pour Socrate, sans ordre rationnel et nécessaire, point de justice possible.
Image : Photo de Calliclès, bridé par les lois de sa cité.
C) Ne faut-il pas distinguer l’état naturel et la situation de culture civilisée pour penser un droit universel ?
Hobbes, dans Le léviathan, reprend l’idée qu’il existe un droit naturel.
Ce droit naturel désigne ce que nos corps
et tendances nous enjoignent naturellement à faire.
Or, il affirme que « le....
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