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Devoir de philosophie: Peut-on se passionner pour la vérité ?

Publié le 13/04/2025

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« Peut-on se passionner pour la vérité ? Les titres et les indications de méthode ne doivent pas figurer sur la copie. INTRODUCTION (Entrée matière1) Une image d’Épinal2 représente le savant comme un personnage qui sacrifie sa vie à ses recherches, et qui n’hésite pas à se couper du monde pour parvenir à ses fins.

Ce renoncement est une preuve de la passion qui l’anime : guidé par le désir impérieux de connaître, il est prêt à tout pour révéler la vérité aux hommes. Néanmoins, la recherche de la vérité ne réclame-t-elle pas une lucidité dépourvue de tout emportement passionnel ? Peut-on se passionner pour la vérité ? (Problématisation3) Il semble, à première vue, que la recherche de la vérité exige un cheminement rationnel et rigoureux.

Car, s’il est vrai que toute passion est subie et relève d’un désir incontrôlé qui trouble le jugement et altère la perception de la réalité, on comprend sans peine que l’état passionnel est un obstacle à la recherche de la vérité, et qu’il entraîne illusions et erreurs.

Mais alors faut-il tenir pour insensée ou négligeable la passion de celui qui recherche la vérité (qu’il soit scientifique, journaliste ou homme de justice) ? Cette passion est-elle une passion comme les autres, et d’autant plus condamnable qu’elle conduit à l’illusion et au fanatisme ? Ou bien représente-t-elle un moyen d’accéder à la connaissance et à la vérité ? On voit le problème.

Si la passion est d’abord un dérèglement du comportement et de la pensée, il faut se demander à quelles conditions la puissance passionnelle peut se mettre au service de la recherche de la vérité. (Résolution du problème4) De sorte que si une passion pour la vérité est possible, il convient d’en fixer les usages et les limites : cette passion ne représenterait-elle pas le moyen le plus radical de dénoncer les illusions en tout genre ? DÉVELOPPEMENT PREMIÈRE PARTIE (reprise des analyses, élaboration et argumentation de la thèse) : désirer ardemment la vérité conduit à l’aveuglement, à l’illusion et au fanatisme Pour obtenir de la pensée qu’elle reflète fidèlement la réalité, et qu’elle forme ce qu’on appelle un savoir (c’est-à-dire une connaissance vraie de la réalité), on admet communément qu’elle doit avoir pour seul guide la raison et s’écarter de toute passion. Pourquoi l’affirmer ainsi ? 1) La passion est dangereuse pour la vérité Si la passion est considérée comme dangereuse pour la vérité, c’est parce que la passion aveugle, produit des illusions (alors que la connaissance vraie n’en produit pas) et fait ainsi perdre le contact avec la réalité.

Animés par l’imagination, qui est la faculté 1 Le choix de l’entrée en matière est libre.

Mais dans tous les cas, la situation et l’exemple choisis doivent introduire le sujet, lequel doit découler nécessairement de ce qui précède et être repris en toutes lettres, sans être modifié, à la fin du paragraphe. 2 Une “image d’Épinal” est une représentation naïve et traditionnelle, qui ne montre que le bon côté des choses. 3 La problématisation pose les termes du problème. 4 La résolution du problème sera traitée dans la troisième partie du développement. 1 d’idéaliser la réalité, nos désirs mettent en scène leur réalisation fantasmée.

Or les fantasmes reconstruisent la réalité de manière purement imaginaire.

Deux exemples peuvent l’illustrer5.

Les délires du jaloux l’amènent à voir partout des signes de tromperie et à chercher dans les moindres détails la confirmation que ses ratiocinations sont vraies. Le fanatique, quant à lui, aime passionnément la vérité (comme il aime Dieu, le bien, la justice, la pureté), mais il refuse de prendre le temps de connaître, et, dans ses délires, assène une « vérité » absolue, présentée sur le mode de l’immédiateté, sans les médiations intellectuelles nécessaires à la découverte de la vérité.

Ces deux exemples montrent que la passion pour la vérité cache un fantasme de maîtrise, de toute-puissance et de violence, fort éloigné de la recherche rationnelle de la vérité. 2) Les qualités intellectuelles requises par la quête de la vérité sont très éloignées du mode d’être passionnel Pour déjouer ces pièges, l’homme oppose traditionnellement la raison à ses passions : seule une recherche dépassionnée peut conduire à la découverte de la vérité.

Il faut donc soumettre l’exercice de la pensée et du jugement au contrôle rigoureux de la logique et de l’expérience, pour démasquer les erreurs de raisonnement, ne pas perdre le contact avec la réalité et éviter de tomber dans la violence.

Il faut d’ailleurs remarquer que la découverte de la vérité ne dépend pas d’une démarche volontaire, car la vérité s’impose d’elle-même, hors de toute volonté de maîtrise du sujet.

En effet, la vérité se révèle toujours sur le mode d’une expérience contraignante de la pensée : est vraie toute proposition qui, sous certaines conditions, logiques ou empiriques, s’avère nécessaire. Ainsi la vérité se reconnaît-elle dans l’impossibilité de penser contre elle ou de concevoir qu’elle soit différente.

En ce sens, la vérité fait plier l’esprit de celui qui la saisit, plutôt qu’elle ne s’y soumet. 3) La recherche de la vérité est une victoire sur la vie passionnelle On peut donc affirmer que la recherche de la vérité, en s’opposant au processus de la passion, aspire à une représentation fidèle de la réalité.

Sans le contrôle, par la raison, de ce que nous pensons ou imaginons spontanément, nous serions toujours prisonniers de nos opinions les plus flatteuses et les moins pénibles, donc sujets à la complaisance et à l’erreur.

Nous ne nous adonnerions à la discussion que parce qu’elle nous conforterait dans ce que nous savons déjà ; et nous n’accepterions une vérité que parce qu’elle n’irait pas à l’encontre de ce que nous sommes et de ce que nous pensons.

Mais rechercher la vérité, n’est-ce pas toujours penser contre soi-même, et contre la pente naturelle à idéaliser la réalité pour la rendre conforme à nos désirs ? La vérité vient limiter mon désir, et cela sans lui opposer un autre désir. Conclusion provisoire et transition6 Si la passion conduit à l’erreur, à l’excès, à l’aveuglement, au fanatisme, et si, au contraire, la recherche de la vérité s’inscrit dans un conflit du sujet avec lui-même, et se résout dans un rapport critique du sujet à lui-même, il reste néanmoins que cette recherche possède toutes les caractéristiques d’une passion. DEUXIÈME PARTIE (objections et réfutation de la thèse, élaboration et argumentation de l’antithèse) : la recherche de la vérité est une passion parmi d’autres, mais ce n’est pas une passion comme les autres Si la recherche de la vérité est une passion, elle possède des conditions particulières qui la distinguent des autres passions.

Correctement dirigée, nul aveuglement ou fanatisme ne doit résulter de ses effets. 5 6 Les exemples sont ici proposés après les explications, à titre d’illustration. La difficulté soulevée dans la transition doit permettre d’introduire la deuxième partie. 2 1) Le désir de vérité est un besoin impérieux Pourquoi les hommes désirent-ils ardemment la vérité ? D’où vient cette préoccupation ? Pourquoi vouloir soumettre le discours à l’épreuve de la réalité, et préférer la vérité à l’erreur et à l’ignorance ? Pourquoi vouloir sortir du rêve, et prendre en compte, dans le discours, l’ordre des choses ? Quelle est l’origine du désir de vérité ? Nietzsche (1844–1900) répond à toutes ces questions que c’est la nécessité de s’adapter, de survivre et d’assurer la coexistence des individus qui les poussent à faire attention à la réalité.

Le désir de vérité n’est donc qu’une question de survie.

Cependant, on pourrait affirmer le contraire et dire que la reconnaissance de cette nécessité vitale est déjà l’effet de la capacité de l’homme à prendre en considération la réalité : ainsi, ce ne serait pas par nécessité de s’adapter que les hommes feraient attention à la réalité, mais parce qu’ils feraient attention à la réalité qu’ils seraient ensuite capables de s’y adapter.

Mais l’originalité de l’analyse nietzschéenne est de montrer que le désir de vérité n’a pas pour origine la raison mais un besoin vital, presque physiologique, de l’être humain. 2) Critique du présupposé du sujet Dès lors, si la recherche de la vérité relève d’un besoin impérieux, elle peut prendre la forme d’une passion.

Cette passion est-elle condamnable sans nuance ? Force.... »

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