De la lecture

Les parents s’inquiètent : « Mon fils ne lit jamais ! » - Les maîtres s’indignent et se découragent : « Les élèves ne lisent plus ! A quoi bon enseigner le français dans de telles conditions ? » - Certains s’excusent avec une pointe de honte : « Je n'ai pas le temps de lire » - D’autres tentent de se justifier sans chercher à convaincre : « A quoi bon lire à l’époque de l’audiovisuel ? » Allons-nous connaître la civilisation de Fahrenheit 4511 ? Alors, une réaction s’amorce. Dans certains clubs de vacances, on essaye de mettre le livre à l’honneur, en proposant des veillées où un conteur révèle les attraits de tel ouvrage, en le mettant en récit. La même entreprise trouve sa place dans les colonies de vacances, les centres de loisirs, les maisons de la culture : une soirée aux chandelles, parfois devant une cheminée ou autour d’un feu de la . Saint-Jean, une soirée au cours de laquelle on« raconte » un beau livre est un instant inoubliable ; « Elle sait si bien conter, Nicole ; elle me donne envie de lire ce livre. Moi aussi, j’aimerais bien être conteur... » Les psychologues constatent : « Les enfants n’aiment plus lire à cause de la télévision, mais aussi parce qu'il y a de moins en moins de grand-mères qui savent raconter les histoires. » Certes, les grand-mères ne veulent plus montrer leurs cheveux blancs comme autrefois, mais elles sont toutes disposées à s’entraîner à conter des histoires comme leurs propres aïeules. A l’école, les maîtres réagissent et, de plus en plus, « la fiche de lecture », « le résumé de tel ouvrage », « l'analyse d'un thème ou d'un personnage » appartenant à un ouvrage déterminé, figurent dans le cahier de texte... Ces termes sont actuellement rarement utilisés pour désigner les épreuves de français caractéristiques de nos concours et de nos examens ; je me permets pourtant d'être convaincue, après bon nombre d'années d'enseignement et de recherche pédagogique, que certains exercices qui figurent dans ce fascicule et dépendent du compte rendu de lecture, ont un avenir assuré en tant qu'exercices d'expression et épreuve de français, en toutes circonstances où l'on souhaite qu'élèves, étudiants ou candidats s'expriment d'une façon précise et caractéristique, à partir d'un livre déterminé. Je pense sincèrement que, parallèlement à certains thèmes suggérés par l'actualité ou liés à la vie de l'homme, une liste d'auteurs et d'ouvrages imposés retrouvera un jour sa place dans les programmes de nombreux concours et examens. « Le compte rendu de lecture » est le terme le plus général que nous avons trouvé pour grouper les différents exercices oraux ou écrits dont l'objectif est de s'exprimer d'une façon caractéristique, au service d'une intention précise, à partir de la lecture d'un ouvrage déterminé. Ces travaux se divisent en quatre catégories essentielles : le résumé - l'analyse - l'expression du jugement personnel - et le compte rendu de lecture composé qui est l'aboutissement des trois exercices précédents. L'objectif et la définition de ces travaux sont précisés au début du chapitre qui leur est consacré ; leur place à l'oral ou à l'écrit est alors indiquée, de même que leur valeur en tant que test d'aptitude, exercice d'expression et de communication. Nous avons sciemment réservé une place importante aux exemples, exercices d'entraînement et suggestions pour leur réalisation, parfois aux dépens de la méthodologie : au cours de notre enseignement, nous avons souvent constaté que la distribution à chaque élève du meilleur devoir de la classe — polycopié en« x » exemplaires — lorsqu'il correspondait à la parfaite application d'une méthode rigoureuse au service d'un exercice précis (commentaire composé, contraction de texte, résumé de tel livre, analyse d'un thème de tel ouvrage...), était plus efficace que nos propres conseils, nos critiques et nos théories.

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