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COURS DE MORALE

Publié le 16/05/2020

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« 17 MORALE 1 7 1 CONDITIONS GÉNÉRALES DE LA VIE MORALE 171.1 - LE PROBLÈME MORAL.

A - Qu'est-ce que la morale? a) La morale et les règles de vie.

Étymologiquement, la morale est l'étude des mœurs, c'est-à-dire des manières de vivre et d'agir.

En réalité, cette définition est trop étroite pour désigner la tota­ lité des préoccupations dites morales; « faire de la morale » a une multitude de significations.

Dans le langage courant, cela consiste à énoncer un certain nombre de règles d'action telles que : Il ne faut pas mentir ou bien : Aime ton prochain comme toi-même, ou encore à juger d'un acte en fonction d'un sys­ tème de règles posées à l'avance : cet homme qui sauve son prochain est bon, celui-là qui le trompe est méchant .

Si l'on s'élève un peu au-dessus de cette attitude, on peut voir dans la morale l'établissement d'une échelle de valeurs à laquelle on rapporte les actes d'un sujet qui agit .

C'est en ce sens qu'on dit que la morale est normative, c'est-à-dire qu'elle énonce deS normes, des règles.

A ce niveau, la morale n'est pas une préoccupation philosophique : c'est un fait humain qu'on peut décrire et qui est l'objet de la sociologie.

Par contre, dès qu'on se pose la question de savoir à quoi rattacher ces impératifs, en quoi ils doivent consister, on pénètre déjà dans un domaine plus proche de notre sujet.

Les religions tranchent le problème en imposant un système de règles plus ou moins révélées , considérées comme absolues et indis­ cutables ; elles n'ont même pas à être interprétées, car Dieu reconnaît les siens : nous sommes déjà au-delà de la morale .

Un système social est presque aussi strict : un code, une juridiction définissent les fron­ tières du bien et du mal, et la conscience sociale géné­ rale compense, par des actes d'indulgence , de charité et de compréhension inter-individuelle , ce qu'une jus­ tice trop rigoureuse ou trop aveugle aurait mal interprété.

b) La forme de l'action et le sens de la vie humaine.

La morale devient une discipline philosophique lors­ qu" elle sort de ces absolus, qu'ils soient divins ou sociaux; la recherche d'un fondement à nos actions (que ce soit la raison, le sentiment, le plaisir, !"in­ térêt, etc.) est une réflexion morale, surtout lorsqu'elle comprend une tentative de justification.

C'est à ce genre de préoccupation que s'applique le terme éthique.

Lorsque Aristote cherche à établir une hié­ rarchie entre la lâcheté , le courage et la témérité, lorsque les épicuriens distinguent les plaisirs à recher­ cher de ceux qui sont à fuir, lorsque Spinoza classe les actions en trois genres (celles de l'insensé , celles du savant, celles du sage), lorsque Jérémie Bentham développe son arithmétique des plaisirs, ils contribuent tous à construire une éthique .

Mais faire de la morale, c'est aussi s'interroger - indépendamment de ces règles d'action -sur l'attitude du sujet en train d'agir, c'est se poser le pro ­ blème de l'action en terme de forme et non plus de contenu.

Analyser les composantes d'une notion telle que le devoir, sans tenir compte des devoirs particu­ liers, est aussi une question de morale.

Le gangster qui respecte la loi du milieu a, vis-à-vis de cette loi, une attitude comparable à celle de l'honnête homme qui respecte les impératifs sociaux; l'un comme l'autre se sentent obligés, contraints par une force qui est en eux, mais qui n'est pas eux; tous les deux connaissent donc cette forme de la moralité qu'est l'obligation morale, bien que le contenu de cette forme soit très différent chez l'un et chez l'autre .

C'est à ce formalisme moral que s'est attachée l'analyse kantienne qui a transformé l ' éthique en une critique (au sens d'analyse limitative) de la faculté d'agir ou, comme l'appelle Kant , une critique de la raison pratique .

Enfin, faire de la morale c'est aussi s'interroger soi­ même sur sa vocation et sa destinée, ce qui suppose réalisée une double connaissance : celle du mo i et du monde dans lequel ce moi doit agir.

et celle de la valeur quïl veut introduire dans ce monde .

C'est à ce type de préoccupation que répondent des réflexions comme celles de Socrate , de Nietzsche , de Max St irner ou de la philosophie existentielle lorsque le problème est abordé du côté de l'homme individuel qui agit, ou des doctrines comme celles de Platon, des phéno ­ ménologues et des philosophes de la valeur lorsqu'on se place du côté de la valeur ou de !"idéal.

Concrète­ ment d'ailleurs , lorsque le problème moral se pose, c 'e st à ce niveau personnel qu'i l est d'abord ressenti ; il s'énonce en résumé par la question : Que faire? Ce n'e st qu'en un second temps que s'élaborera une éthique plus ou moins formaliste .

A la question Qu'est -ce que la morale? on peut donc répondre avec le mora­ liste Le Senne : Une morale est l'œuvre d'un homme qui, connais­ sant les doctrines traditionnelles et ayant l'expé­ rience de la vie, cherche à déterminer les meilleures règles de notre conduite.

B - Conditions d'apparition et nature du problème moral.

a) La crise, condition nécessaire de la moralité.

Le problème moral ne se pose pas nécessairement à toute conscience; quantité d'êtres humains vivent plus ou moins spontanément , ou plus ou mo in s contraints par les règles de la vie sociale et se situent en dehors de la morale .

Le primitif qui conforme tous ses actes aux tabous de son clan , sans les discuter , ou encore l'homme simp le qui vit rigoureusement selon les tradi­ tions religieuses ou sociales ne se posent pas de pro­ blème moral, pas plus que l'enfant d'ailleurs : ils sont tout entiers dans leurs actions.

Cependant ces actions sont loin d 'être cohérentes : obéir lorsqu 'on a envie de désobéir est déjà un désordre intérieur qui , c hez l'enfant , est surtout ressenti psychologiquement comme une frustration et non comme un dilemme.

De même le traditionaliste qui sort de la tradition y retourne avec une sorte d'insouciance qui ne se transforme que rarement en remords .

On peut passer ainsi toute une vie sans se poser un seul instant la question : Que faire? Comment organiser et diriger mes actions? Pour qu' apparaissent clairement à la conscience les termes du problème moral, il faut que les contradictions soient exaspérantes et que le moi en prenne connais­ sance dans ce qu'on appelle la crise morale .

La légende dorée du Bouddha illustre à merveille cette idée; on y conte comment Çakyamuni , le futur fondateur du bouddhisme , vit à l'abri du tumulte intérieur dans un domaine d'où toute forme de la souffrance est bannie : il n'y a là ni maladie, ni pauvreté , ni mort, et le jeune prince de la tribu des Çakyas coule des heures sans peine en son gynécée ; jusqu 'au jour où il fait la « quadruple rencontre » qui le met en présence d' un malade , d'un vieillard , d'un mort , d'un mis éreux : il réalise alon;, au cours d'une crise mystiqu e, qu'un problème dramatique se pose à la conscience humaine, celui de la souffrance , et son œuvre religieuse tout entière a pour point de départ un effort pour apaiser cette contradiction fondamentale du désir d'ex iste r et de !"inévitable lien existence-souffra nce.

b) Être et devoir-être.

Sur un plan plus hum ain, lorsqu 'un individu sent en lui des tendances contradictoires, lorsque des conflits l'opposent au groupe social que jusqu 'alors il acceptait comme tels, et lorsqu 'il cherche à supprimer ces drames intérieurs en donnant à son moi une unité profonde , on peut dire qu'alors apparaît le problème moral.

Les écrivains, en particulier les dramaturges du XVII• sièc le, ont isolé ce moment où le problème éclate; lorsqu e les devoirs s'opposent les uns aux autres , comme l'honneur et !.'amour , le désir de bonheur tranquille et la foi religieuse, le vouloir de vengeance et celui de pardon, etc ., le héros tragique connaît une crise dont le dénouement est lié à une prise de conscience et à une unification de la conduite : il n'y a morale que s'il y a d 'abord désordre et incohérence .

Cette tension initiale peut se comprendre de plu· sieurs façons .

On peut dire, à la maniè re de la philo­ sophie existentielle , quï l existe un conflit profond entre l'essence de l'homme, qui en fait un être pensant , connaissant , etc ., et son existence , pleine d'ignorance et d'absurdité ; c'est l'opposition entre ce qu'on est de fait et ce qu'on voudrait être , entre une certaine matérialité et une aspiration spirituelle, entre une manière de ne pas s'appartenir , d'être contraint par le social et un besoin d'indépend ance et de liberté.

Les poètes du XIX• siècle ont traduit ce sentiment comme une conséquence de la situation relative de l' homme qui tend vers un absolu lui échappant tou­ jours et qu'il tente de recréer imaginativement .

Les mystiques et les penseurs religieux voi ent dans cet état une conséquence de la faute originelle qui aurait s éparé l'homme de Dieu et l'aurait privé de la béatitud e.

Dans tous les cas, la question qui se présente ne peut être résolue que par une analyse et une hiérarchisation des actions : il y a celles qui me réalisent et celles qui me détruisent , les bonnes et les mauvaises , celles qui assurent mon bonheur et celles qu i me conduisent au malheur et à la sou ffrance.

En résumé , il y a problème moral lo rsque mon moi se dédouble , juge de mes actes et de leur inc ohér ence , c'est-à-dire lorsqu'il se man ifeste sous l'aspect d'une conscience morale, et lorsqu e j'oppose aux faits, aux données , à l'être , un devoir -être, celui de la valeur morale : entre ces deux pôles se situe toute la morale qui est le mouvement par lequel la conscience tend vers la valeur et la réalise progressiv ement.

171.2 -DE LA CONSCIENCE MORALE A LA VALEUR MORALE.

A - La conscience et les consciences.

a) La conscience du «« Que faire 7 >> Quand on se tourne vers le moi , on y découvre très vite cette notion , déjà aperçue en psychologie , de la conscience .

Or nous parlons de conscience psy cho­ logique , de conscience morale , de consc ience artis­ tique , etc .; y a-t-il donc une conscience , qui se donne plusieurs visages, ou des consciences susceptibles de s 'opposer ou même de se détruire? La philosophie résout ce problèm e en considérant que les différent es formes de la conscience ne sont que des maniè res d'être du moi.

Lorsque le moi s'observe , et par là se connaît , lorsqu 'il est tourné vers lui-même à l'instant présent comme conséquence de lui-même aux ins ­ tants précédents, il se fait conscience psychologique.

C'est ce qui se passe lorsqu' on analyse psychiquement une action : X a tué Y parce quïl avait tel motif , telle tendance et tel moyen de le faire.

Si le mo i se projette dans le futur , en posant dans le monde une action liée à une in tent ion , il se donne encore un rôle de conscience, et d'une conscience qui ne se demande plus « Qui suis-je? », mais d'une conscience tendue vers ce qu elle va produire , d'une conscience d'agent (agent = sujet d'une action) .

Ces deux formes de la conscience correspondent aux deux besoins fondamentaux chez l'homme : celui de connaître , dont le moteur est la curiosité, et celui d'agir, dont le moteur est plus comp lexe (ce peut être !"intérêt , l' amour , le courage , etc.).

L'action com­ prend elle-même plusieurs niveaux : il y a l' action utilitaire , interméd iaire (par exemple celle de l'arti san. »

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