commentaire composé automne malade
Publié le 09/10/2022
Extrait du document
«
●
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
est initialement marqué par le
symbolisme.
Intéressé par tous les
mouvements artistiques d'avantgarde, il deviendra l'un des
précurseurs de l'art et de la poésie
modernes
●
En 1901, Apollinaire est précepteur
en Allemagne.
Il voyage à travers
ce pays.
A cette époque, il est déjà
fasciné par les légendes et la terre
allemande, ce qui lui permet
« d'enraciner », de donner une
localisation à ces légendes
(description de paysages
concrets).
Le recueil d'Alcools fait
date dans l'histoire de la poésie
moderne.
On y est loin de l'art
sophistiqué de Mallarmé et ses
brouillards symbolistes : tout y est
au contraire jeune, dynamique,
désinvolte même, tout y est
surprise.
●
L'automne est une saison mentale
chère à Apollinaire : on retrouve le
thème de l'automne dans
« Rhénane d'automne », « Les
Colchiques », « Automne » ou
encore « Vendémiaire ».
●
« Automne malade » n'est sans
doute pas le poème le plus
représentatif du recueil, mais on y
perçoit ce qui fait l'originalité
attachante d'Apollinaire qui, grâce
au choix de ses images, au jeu des
rythmes et des sonorités, nous fait
accéder, à partir de thèmes
lyriques traditionnels, à l'univers
unique et ouaté de sa mélancolie.
Nous tenterons de voir comment
Apollinaire mêle dans ce texte la
tradition et la modernité.
●
●
Le thème de l'automne, de l'agonie
de la nature n'est pas nouveau : il a
été exploité par de nombreux
poètes lyriques avant Apollinaire.
●
Aussi est-ce tout naturellement
qu'il s'y attache, lui qui a aimé
Ronsard et qui doit tant à Verlaine.
●
L'imminence de la mort, suggérée
dès le début par les vers 1 et 2 :
« Automne malade...Tu mourras »,
est plus bouleversante, plus
pathétique que la mort elle-même.
●
C'est aux yeux du poète un
moment privilégié pour l'âme
désenchantée qui se complaît à
envisager la mort qui vient :
« Automne malade et adoré ».
●
Le parfum des fruits trop mûrs
rappelle encore les richesses de
cette saison d'abondance en
même temps qu'il annonce la
pourriture irréversible ; « les
éperviers planent » guettant leurs
victimes pas encore offertes.
●
Les animaux ont déjà pressenti
l'angoisse de l'hiver.
Le poète
s'arrête sur une scène classique,
banal en automne : « Les cerfs ont
bramé ».
Le passé composé
souligne le caractère révolu de leur
chant d'amour rauque.
Les
assonances en [è] et [é] (« Aux
lisières lointaines / Les cerfs ont
bramé ») joue le rôle d'une
harmonie imitative suggérant cette
longue plainte des cerfs.
Ces deux
vers, correspondant à la 3ème
strophe très brève du poème,
constituent une sorte de
ponctuation du poème.
●
Toute la nature est en attente,
attente triste d'un destin
inéluctable : « Le vent et les
forêts...pleurent...
».
Le poète
reprend tous les thèmes des
strophes précédentes et suggère
une sorte d'harmonie dans la
douleur qui séduit le poète.
●
●
Cette attente est aussi celle du
poète.
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L'étroite harmonie qui s'établit
entre la saison en pleurs et son
propre état d'âme, suggérée
depuis le début du poème, devient
évidente dans la dernière strophe.
●
Le « Et » qui ouvre le vers 14
montre que le poète ne peut
s'empêcher d'avouer ouvertement
et passionnément son amour pour
l'automne : « Et que j'aime ô
saison que j'aime tes rumeurs ».
L'emploi du vocatif « ô » et la
répétition du verbe épouse
étroitement l'élan irrésistible du
cœur, avec ce qu'il peut avoir d'un
peu trop éloquent parce que trop
passionné.
Le poète revient au
registre lyrique de la déclaration
d'amour.
●
Mais ce transport ne dure pas et la
strophe s'achève sur un refrain
désabusé mais presque serein : tel
ce train insolite (« un train qui
roule ») dont la course est comme
l'image « civilisée » de celle de la
nature qui suit son cycle toujours
recommencé.
●
La fuite du temps s'impose au
poète et avec elle la certitude
terrible mais résignée de
l'irréversibilité du destin : « La vie
s'écoule ».
●
●
Aucune composition artificielle,
aucune rhétorique dans ce poème
en vers libres où l'absence de
ponctuation met en évidence la
valeur fondamentale du rythme,
son pouvoir de suggestion.
●
Le poème est composé de quatre
strophes très différentes qui
correspondent en somme à quatre
actes qui scandent le poème.
●
Il s'en dégage au contraire une
impression de spontanéité que le
clin d'œil des savantes « nixes »
ne vient guère troubler.
Ces
nymphes des eaux dans la
mythologie germanique confirment
la menace par des signes
indiscutables : elles ont des
« cheveux verts » (c'est la couleur
de la malédiction, elles annoncent
la mort), elles sont « naines »
(cette caractérisation est
réductrice et les connote
négativement) et elles n'ont
« jamais aimé ».
Commencé avant
Alcools, ce poème date de
l'époque de son séjour en
Rhénanie, d'où la référence à ces
nymphes de la mythologie
germanique.
●
L'emploi du terme « nixettes » est
un terme diminutif connotant leur
naïveté, leur simplicité d'esprit.
L'hiver annonce en quelque sorte
le désespoir amoureux.
L'univers
se fane et se rétrécit à l'approche
de l'hiver.
●
Spontanéité, émotion contenue ou
épanchée s'expriment à travers la
diversité des rythmes, le choix du
vocabulaire et des sonorités.
Il
s'agit bien ici du lyrisme le plus
intime.
●
●
Apollinaire ne fait pas de
concession au pittoresque qui est
des plus discret.
●
Les flamboyantes couleurs de
l'automne ne le retiennent pas : il
ne s'attache qu'aux signes qui, en
cette saison, sont annonciateurs
de l'hiver, de la mort.
●
L'automne est présentée comme
une saison pitoyable et malade,
dont la récente abondance est déjà
révolue : les fruits tombent sans
qu'on les cueille et « vergers »
rime avec « neigé »...
Les rumeurs,
les fruits tombant, le vent et la
forêt qui pleurent insistent sur les
sonorités auditives sont la
perception privilégiée dans cette
strophe et sont peut-être plus
parlantes que les images.
●
De « malade et adoré » (vers 1)
Apollinaire passe à « pauvre
automne....
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