Comment les mathématiques assurent-elles la sécurité des communications numériques ?
Publié le 20/05/2025
Extrait du document
«
Comment les mathématiques assurent-elles la
sécurité des communications numériques ?
Introduction
Données bancaires, conversations privées, identifiants de connexion : chaque jour, d'innombrables
informations circulent sur Internet et doivent rester confidentielles.
Comment s'assurer que ces
communications numériques ne tombent pas entre de mauvaises mains ? La réponse réside dans la
cryptographie, un domaine où les mathématiques jouent un rôle crucial pour chiffrer nos données,
c’est-à-dire les transformer en une suite incompréhensible pour quiconque ne possède pas la clé de
déchiffrement.
En d'autres termes, les mathématiques fournissent les verrous et les clés qui
protègent nos messages.
Depuis l’Antiquité, on cherche à sécuriser les échanges d’informations.
Par exemple, Jules César
utilisait déjà un code consistant à décaler les lettres de l’alphabet (le « chiffre de César ») afin de
rendre un message illisible aux ennemis.
Mais de telles méthodes anciennes sont aujourd’hui
dérisoires face à la puissance de calcul des ordinateurs modernes.
À l’ère du numérique, un simple
mot de passe ou un code trop évident peut être découvert en quelques secondes par une machine.
Il
a donc fallu élaborer des techniques de chiffrement bien plus sophistiquées, s’appuyant sur des
outils mathématiques avancés.
C’est ainsi que des notions a priori abstraites comme les fonctions,
les nombres premiers ou les congruences se sont retrouvées au cœur de la sécurité de nos
communications.
Dans un premier temps, nous verrons pourquoi la protection des communications est un défi
résolu grâce aux mathématiques.
Dans un deuxième temps, nous expliquerons comment des
concepts tels que les nombres premiers et l'arithmétique modulaire (les congruences) permettent de
créer des “coffres-forts” numériques.
Enfin, nous illustrerons ces idées à travers l’algorithme RSA,
un système de cryptographie employé quotidiennement pour sécuriser Internet.
Sécurité des communications : un défi relevé par les
mathématiques
Lorsqu’on envoie un message sur un réseau (un email, un message instantané ou une transaction
bancaire), ce message emprunte un trajet semé d’embûches : il transite par divers serveurs et peut,
en théorie, être intercepté.
Sans protection, un texte en clair pourrait être lu par n’importe quel
intrus.
L’objectif de la cryptographie est donc de chiffrer le message, c’est-à-dire le cacher derrière
une transformation mathématique, de sorte qu’un espion n’y voie qu’une suite de caractères sans
sens.
Seul le destinataire légitime, muni de la clé appropriée, pourra déchiffrer le message et
retrouver le texte original.
Pour réaliser ce tour de magie, on utilise des algorithmes mathématiques de chiffrement.
Historiquement, les premiers algorithmes de cryptographie étaient simples (substitutions de lettres,
transpositions, etc.), mais les progrès de l’informatique les ont rendus obsolètes.
Par exemple, le
chiffre de César mentionné plus haut se casse instantanément avec un programme rudimentaire.
De
nos jours, la cryptographie repose sur des méthodes bien plus robustes, conçues de manière à
résister même à des ordinateurs effectuant des milliards d’opérations par seconde.
Le principe général est le suivant : on cherche une fonction mathématique facile à calculer dans un
sens, mais pratiquement impossible à inverser sans information secrète.
Autrement dit, il s’agit de
trouver un procédé pour chiffrer un message rapidement, tout en garantissant que le déchiffrer sans
autorisation demanderait des ressources démesurées.
Ce principe est réalisable grâce à certaines
propriétés mathématiques spécifiques, notamment celles issues de la théorie des nombres.
En
particulier, l’utilisation astucieuse des nombres premiers et des congruences (calculs modulaires) a
ouvert la voie à la cryptographie moderne.
Voyons comment ces concepts fonctionnent et en quoi ils
créent un verrou puissant pour nos données.
Nombres premiers et congruences : les fondements
mathématiques du chiffrement
Un nombre premier est un entier qui n’a aucun diviseur autre que 1 et lui-même (par exemple 2, 3,
5, 7, 11, 13, ...).
Ces nombres, étudiés depuis l’Antiquité, jouent un rôle central en cryptographie
grâce à une propriété fondamentale : tout nombre entier peut se décomposer de façon unique en un
produit de nombres premiers.
Par exemple, 21 = 3 × 7, 60 = 2² × 3 × 5, etc.
Cette unicité de la
décomposition prime fait des nombres premiers une sorte de « briques de base » de l’arithmétique.
Mais surtout, lorsqu’un nombre possède deux très grands facteurs premiers, il devient extrêmement
difficile à factoriser.
En effet, multiplier deux nombres de 300 chiffres est à la portée d’un
ordinateur en une fraction de seconde, alors que retrouver ces deux facteurs à partir du produit
(c’est-à-dire factoriser le nombre) pourrait demander des milliers d’années de calcul au meilleur
ordinateur actuel.
C’est un exemple de fonction à sens unique : aller dans le sens de la
multiplication est facile, revenir en sens inverse (la factorisation) est pratiquement impossible sans
information supplémentaire.
Cette difficulté croissante des calculs lorsqu’on manipule de grands nombres est l’un des verrous
dont on peut tirer parti.
La congruence intervient ici comme outil indispensable : travailler avec des
congruences signifie calculer modulo un certain nombre $N$, c’est-à-dire ne s’intéresser qu’aux
restes des divisions.
Par exemple, dire que « 50 est congru à 2 modulo 12 » signifie que 50 et 2
laissent le même reste (2) lorsqu’on les divise par 12.
L’arithmétique modulaire (inventée par
Gauss) permet de faire des opérations « en boucle » sur un ensemble fini de valeurs (de $0$ à $N1$) et d’obtenir des résultats apparemment sans lien avec les nombres de départ.
Cette propriété est
très utile pour le chiffrement, car un calcul aussi simple qu’une puissance modulaire (par exemple
élever un nombre à une certaine puissance puis prendre le reste modulo $N$) produit un résultat
apparemment aléatoire, mais qui en réalité encode le message de départ.
Sans connaître certains
paramètres secrets, il est pratiquement impossible de retrouver le message original à partir du
résultat chiffré.
En résumé, en combinant de grands nombres premiers et le principe des calculs modulo $N$, les
mathématiciens ont conçu des systèmes où chiffrer un message est facile (même pour un ordinateur
ou un smartphone ordinaire), alors que le déchiffrer sans la clé privée équivaut à résoudre un
problème mathématique insurmontable.
L’exemple le plus emblématique de cette approche est sans
doute l’algorithme RSA, que nous allons examiner.
L’algorithme RSA : un cadenas mathématique pour nos
données
L’algorithme RSA (du nom de ses inventeurs Rivest, Shamir et Adleman) est un système de
cryptographie asymétrique largement utilisé pour sécuriser les communications sur Internet.
«
Asymétrique » signifie qu’il fait intervenir deux clés distinctes : une clé publique pour chiffrer,
librement diffusée, et une clé privée pour déchiffrer, connue seulement du destinataire.
Cette
méthode permet, par exemple, d’envoyer un message secret à quelqu’un sans avoir convenu
préalablement d’un mot de passe commun.
Voyons comment RSA fonctionne étape par étape, grâce
aux mathématiques évoquées précédemment.
Imaginons qu’Alice veuille envoyer un message confidentiel à Bob via Internet.
Pour préparer ce
canal sécurisé, l’ordinateur de Bob génère d’abord sa paire de clés RSA de la manière suivante :
• Bob choisit aléatoirement deux très grands nombres premiers $p$ et $q$ (chacun faisant
plusieurs centaines de chiffres).
• Il calcule leur produit $N = p \times q$.
Ce nombre $N$ servira de module pour les
opérations de chiffrement et déchiffrement.
À ce stade, seul Bob connaît la valeur de $p$ et
$q$, mais....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La musique se résume-t-elle aux mathématiques ? Grand Oral Mathématiques
- grand oral: mathématiques et évolution de la population
- Femmes et numériques: Quelle histoire? Quelle avenir?
- Grand Oral Mathématiques: l’irrationalité du nombre « Racine carrée de 2 »
- Grand Oral: bourse et mathématiques