Cameroun (1993-1994)
Publié le 13/09/2020
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Gênés par une opposition ayant utilisé, à partir de décem
bre 1990, les voies offertes par le multipartisme,
non sans faire l'objet d'une grande répression, fragilisés par la
dette extérieure comme par de mauvais
résultats de la production intérieure et en proie à la vindicte
des fonctionnaires dont ils ont réduit les
salaires de manières drastique, le président Paul Biya et son gouv
ernement se sont trouvés de plus en
plus dépendants des soutiens externes, recourant à des modalité
s dictatoriales d'exercice du pouvoir,
seules susceptibles de leur conserver le contrôle de l'État à u
n moment où la dévaluation du franc CFA
(12 janvier 1994) attise le mécontentement populaire.
L'Union pour le changement, regroupant dix partis d'opposition, dont le
Front social démocratie (SDF) de
John Fru Ndi et l'Union des forces démocratiques du Cameroun (UFDC)
de Victorin Haméni Biéleu, a
animé une contestation enflammée par les conditions jugées frau
duleuses de la réélection du président
Biya, fin 1992 (l'état d'urgence avait été décrété d'
octobre à décembre 1992 dans la province du Nord-
Ouest), avant d'engager une campagne de désobéissance civile acco
mpagnée d'un boycottage des
produits français en mars 1993, enfin un appel à la grève gé
nérale a été lancé, fin août.
L'opposition est
cependant demeurée divisée.
Ainsi, l'Union nationale pour la dé
mocratie et le progrès (UNDP) de Bello
Bouba Maïgari s'est-elle désolidarisée du mouvement.
La France, principale ancienne puissance coloniale, a continué de sou
tenir le régime à la satisfaction
déclarée de P.
Biya.
Le grand débat national d'avril-mai 1993 s
ur la Constitution n'a pas permis à
l'opposition de faire valoir ses projets, en particulier celui d'une lar
ge décentralisation préconisée par le
SDF.
Le pays a continué de subir une désintégration de son tissu ind
ustriel avec une chute de 50% des
investissements dans ce secteur, tandis que la dette extérieure attei
gnait 67% du PIB, son service
représentant 52% de la valeur des exportations du pays.
Les programme
s lancés avec le FMI, qui avaient
été abandonnés, ont paru susceptibles de reprendre après les
prêts importants consentis par la Caisse
française de développement (CFD) en janvier et en juillet 1993.
La part des investissements de l'ancienne
métropole a pu être estimée à environ 65% du total dans ce p
ays où la compagnie pétrolière française
Elf-Aquitaine a prévu de renouveler ses exploitations et aussi, dans
le cadre d'un consortium avec
l'américaine Exxon et la française Total, de construire un oléo
duc aboutissant au port de Kribi afin
d'évacuer le pétrole tchadien.
La fin du monopole de la commercialisation des produits agricoles annonc
ée le 24 août 1993 s'est inscrite
dans un contexte de baisse de la production du café et du cacao.
Cela
n'a pas empêché le gouvernement
d'être plutôt favorable à la dévaluation du franc CFA, tandi
s que sur les marchés les prix flambaient et
qu'un accord était péniblement trouvé le 15 mars 1994 avec les
syndicats du secteur public après trois
mois de conflits pour raisons salariales.
C'est la Confédération s
yndicale des travailleurs du Cameroun,
ancien syndicat unique et liée au Rassemblement démocratique du pe
uple camerounais (RDPC), au
pouvoir, qui a lancé le mot d'ordre de grève générale et ill
imitée le 28 novembre 1993, après qu'une
troisième diminution de salaires en deux ans a encore fragilisé la
base bureaucratique du pouvoir..
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