Brésil (1986-1987) : Transition difficile
Publié le 12/09/2020
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Brésil 1986-1987
Transition difficile
De mars à novembre 1986, le Brésil a vécu une brève période d'euphorie.
A la
faveur du succès initial du plan de stabilisation des prix et de l'essor de
l'économie, le pays a connu une véritable fièvre de consommation.
Prisonnier de
son succès, le gouvernement du président José Sarney a fait la sourde oreille à
tous les signes annonciateurs de la tempête: pénurie de certaines marchandises,
marché noir, structure irrationnelle des prix.
Jusqu'aux élections du 15
novembre 1986, le blocage des prix a été maintenu, tout au moins formellement.
Échec du plan Cruzado
Il a fallu déchanter tout de suite après et introduire un train de mesures
impopulaires relevant les tarifs publics et augmentant la fiscalité.
L'inflation, réprimée pendant quelques mois, a repris de plus belle, pour
atteindre en mars et avril 1987 des taux dépassant 20% par mois et donc
avoisinant un rythme annuel de 1 000%.
Le confortable excédent des exportations
(12 milliards de dollars en 1985) qui permettait au Brésil d'assurer le service
de la dette extérieure a fondu sous l'effet d'importations accrues par la
surchauffe de l'économie.
Devant le refus des banquiers internationaux d'amorcer
une négociation politique sérieuse sur la réduction de la dette, ou tout au
moins de son service, le Brésil a opté enfin, le 20 février 1987, pour un
moratoire partiel en suspendant le service de sa dette auprès des banques
privées - environ deux tiers de la dette totale, se montant à 108 milliards de
dollars.
Une ponction de 4% du PIB par an ne pouvait plus être tolérée, car elle
réduisait la capacité d'investissement du pays et entraînait de surcroît une
augmentation en boule de neige de la dette intérieure par le biais du rachat par
l'État des devises gagnées par les exportateurs privés.
Depuis, une partie de bras de fer est engagée avec les banques internationales.
Le nouveau ministre des Finances, Luiz Carlos, Bresser Pereira, qui a succédé
fin avril à Dilson Funaro, démissionnaire - auteur du plan avorté de
stabilisation et du moratoire -, a continué de refuser le contrôle du FMI sur la
politique financière et économique du pays, mais n'a pas fermé la porte à un
dialogue avec cette institution dont la position s'est entre-temps quelque peu
assouplie.
Pour reprendre le paiement du service de la dette sans freiner les
importations indispensables à la bonne marche de l'économie, le Brésil doit
obtenir bon an mal an de 3 à 4 milliards de dollars de crédits nouveaux.
En mai
1987, les banques n'étaient pas prêtes à accéder à cette demande.
En tout état de cause, le désarroi de l'économie brésilienne ne laisse pas dans
l'immédiat de grande marge pour une politique de forte croissance (il est
question de ramener le taux annuel de croissance de 8 à 3,5%, à peine un point
au-dessus du taux d'accroissement de la population).
La lutte contre l'inflation
et le rééquilibrage des comptes extérieurs passent avant toute autre priorité.
Il ne peut que s'ensuivre une dégradation du climat social, d'autant que le
retournement de la situation a été très brusque et inattendu, que la spéculation
financière bat de nouveau son plein, que le pouvoir d'achat des salariés se.
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