Boues rouges

« 1 / 2 sa Boues rouges 1 L'affaire des "boues rouges, remonte à 1972; elle n'était pas close à la fin de 1980.

Elle est exemplaire à plus d'un titre : par ses dimensions internationales, ses impli­ cations politiques, ses retombées sociales et aussi pour avoir suscité, comme le soulignent les écologistes corses qui furent au premier rang de ses instigateurs, le premier grand procès contre la pollution gagné avec des argu­ ments juridiques et scientifiques.

2 A la fin du printemps 1972, les pêcheurs de Bastia qui fréquentent les parages poissonneux du " haut-fond des Veuves ..

, au large de la côte corse, s'inquiètent du manège quotidien de deux cargos italiens qui, après déles­ tage, laissent sur la mer des traînées rougeâtres de vingt kilomètres.

Au cours de l'été, plusieurs cachalots péris­ sent dans un rayon de 100 km, la peau rongée par des acides.

Pour répondre aux protestations des pêcheurs, le ministère français de l'Environnement, qu'aucune conven­ tion internationale n'autorise à contrôler la cargaison des citernes, envoie trois experts à la source des boues rou­ ges : l'usine Montedison de Scarlino, au sud de Livourne, en Toscane.

3 L'usine de Scarlino fabrique du bioxyde de titane, poudre blanche destinée à parfaire la blancheur des appareils ménagers comme des crèmes de beauté ou des emballages plastiques.

Une tonne de produit en laisse plusieurs d'effluents bleu-vert (ils rougissent au contact de l'eau de mer) contenant de l'acide sulfurique, du sulfate de fer et divers métaux lourds comme le chrome et le cadmium.

Ces résidus, la Montedison les fait immer­ ger à 70 km des côtes italiennes, mais à 40 km de la Corse, à raison de 3 000 tonnes par jour.

4 A l'action juridique engagée contre elle en mai 1973, la firme Montedison, premier groupe chimique italien, riposte par la contre-attaque : elle n'est pas seule respon- 2 / 2. »