Barthélemy de LaffemasUn pionnier de l'économique.
Publié le 17/05/2020
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Un pionnier de l'économique
Né en 1545 à Beausemblant, dans le
Dauphiné, témoin des guerres de reli
gion, Laffemas se pose en original: alors
que la plupart de ses contemporains
se montrent fanatiques et intéressés, il songe au bien public.
Quand les autres
pensent guerres, massacres et autodafés,
il défend le travail, la prospérité, l'éco
nomie.
On est peu renseigné sur l'éduca
tion qu'il a reçue parmi les troubles où
toute neutralité était interdite.
Il réappa
raît vers 1598 aux côtés du roi de
Navarre, futur Henri IV, dont
il achète
la charge de valet de chambre, c'est-à
dire de commensal familier.
Il va partici
per à l'œuvre commune du souverain et
du ministre Sully.
Si ce dernier songe
surtout, et avec raison, à relever l'agri
culture d'une France aux cinq sixièmes
rurale, Laffemas, pénétré de l'exemple
anglais, compte sur la création indus
trielle pour ranimer ce
«cadavre» qu'est
devenue la France après trente ans de
guerres.
Il diffuse ses idées dans plusieurs ouvra
ges, dont les principaux sont Sources des abus et monopoles glissés sur le peuple de France et Les Trésors et
Richesses pour mettre l'Etat en splen
deur (1598).
Son argumentation est
double: d'une part, il dénonce le tort latent que cause au royaume la diffusion
des marchandises étrangères et attaque
l'abus des justices consulaires, préconi
sant l'établissement dans tout le pays
d'un système uniforme de poids et
mesures, réforme qui ne sera réalisée
qu'à la Révolution; d'autre part, dans
Avertissement aux marchands sur les changes, banquiers et banqueroutiers
1545-1612
(1600) et Comme l'on doit permettre la liberté de transport de l'or et de l'argent
hors du royaume et, par tel moyen, con server le nôtre et attirer celui des étran
gers, il inventorie les richesses multiples
dont dispose la France et relève l'abon
dance et l'habileté de la main-d'œuvre
indigène, capable de fournir à bon
compte les produits alors importés.
La
question est d'importance à ce moment
où les métaux précieux que l'Espagne
tire d'Amérique arrivent en Europe où
ils déclenchent l'inflation généralisée qui
alimentera la fameuse controverse entre
M.
de Malestroit et Jean Bodin.
Avec
l'Ordre et Etablissement des manufactures en France, Laffemas
lâche le mot clef.
Le roi doit susciter la prospérité en accordant monopoles et
privilèges aux créateurs de nouvelles
industries: les manufactures.
En effet,
dans
le domaine des soieries, par exem
ple, la mode pousse à importer d'Italie,
au prix fort, les articles vestimentaires;
pourquoi ne pas les fabriquer en
France?
Suivent d'autres publications traitant
des moyens de
«chasser la gueuserie de France», de «soulager le peuple des tail les», d'assurer «une liberté générale et
vie heureuse pour le peuple».
Précurseur du mercantilisme, Laffemas s'inscrit
dans la lignée que, plus tard, illustrera
Colbert.
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